Le prince en » mode majeure «
Timide, effacé, de beaux yeux pervenche derrière de gros hublots, YSL était un souverain, un prince magnifique doublé d’un révolutionnaire. Un être exceptionnel pour lequel la création d’une robe touchait au sacré. Tout le contraire de bien des faiseurs de froufrous d’aujourd’hui dont la seule source d’inspiration est un digest de marketing. Le monde du business l’effrayait, il aurait pu y perdre son âme. YSL était un génie, passionné de peinture, de musique, de littérature, de cinéma sur lesquels il posait un regard intense d’admiration et de curiosité et dont il réinterprétait avec une finesse inouïe les traits les plus délicats dans des tissus aux couleurs solaires. Quelle émotion, pour les femmes, ce premier smoking extraordinairement féminin ? Cette légendaire saharienne, toujours aussi indispensable et mille fois réinterprétée ! Oui, Pierre Bergé, son compagnon de toujours, a mille fois raison quand il rappelle que si » Chanel a libéré les femmes, Saint Laurent leur a donné le pouvoir « . Un prince en » mode majeure « . Rébellion et tradition, liberté et rigueur, créativité et pérennité… YSL nous a offert de nouveaux codes pour être plus belles, toujours plus belles. Aujourd’hui, il a quitté sa solitude dorée, ses fantômes esthétiques pour d’autres cieux qu’on lui souhaite lumineux.
Elle en rêvait. Elle l’a fait. Avec l’innocence de la petite fille et le professionnalisme de la journaliste, un modeste sac en toile et la valisette plastifiée des initiés pour tout bagage, Isabelle Willot s’est faufilée dans les coulisses du Festival de Cannes, là où se mêlent étroitement business, mode et cinéma. Une véritable jungle avec ses codes, ses tensions, ses enjeux sur fond de paillettes et de strass. Un monde à part dans lequel on ne mélange pas les stars et » les autres « , où l’on jette aussi sec que l’on se fait jeter, où seul le culot permet de survivre. Isabelle a croisé Diego Maradona, Dany Boon, Naomi Campbell et les autres. Mais c’est avec les acteurs invisibles du Festival qu’elle a mené son enquête. Oui, les cadeaux, les boîtes enrubannées délicatement posées sur les lits, les housses et sacs frappés des logos des plus grands noms de la mode, pleuvent sur la Croisette. Sans oublier les pièces uniques tant convoitées. Pour autant que l’on soit une star, une vraie. Pas une animatrice télé, si populaire soit-elle. Ici, elle dégringole au rang de simple » travailleuse ordinaire « . Dur, dur pour l’ego.
Christine Laurent
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