Nom de déesses
(*) » Nous sommes toutes des déesses « , éd. Les Editions de L’Homme.
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Héra est ambitieuse. Elle ne posera donc pas les yeux sur un jeune homme modeste à l’avenir incertain. Non, l’élu est prometteur, il lui offrira l’ascenseur qui la conduira tout droit en haut de l’échelle sociale. Stratège, opportuniste, elle sait que garder un homme, c’est du travail, un vrai métier. » Mon mari, mon héros « , telle est sa devise. On la devine sous les traits de Bernadette Chirac ou de Jackie Kennedy. Des stars de l’ombre éclairées par la lumière de l’autre.
Déméter, c’est la bonne mère, celle qui donne et nourrit et que l’on retrouve le plus souvent exerçant un métier à caractère social ou thérapeutique. Elle entretient des relations fusionnelles avec sa fille Perséphone qui peut revêtir, au xxie siècle, les traits et les jeans éternels de Jane Birkin. Perséphone s’excuse sans cesse de ne pas être à la hauteur de celle qui lui a donné le jour. Elle déteste les conflits et cherche désespérément un sauveur narcissique. Déméter et Perséphone forment ainsi un duo infernal sur lequel on peut coller aussi les noms de Maman Dion et Céline, ou de Romy Schneider et sa mère.
Héra, Déméter et Perséphone sont trois déesses de la mythologie grecque dites vulnérables : elles vivent, en effet, essentiellement à travers la relation à l’autre. Mais sur l’Olympe, elles ont de la concurrence. Trois déesses dites vierges, Hestia, Artémis, Athéna, et une déesse solaire, Aphrodite, leur disputent le territoire sacré.
Aphrodite, aux multiples visages, c’est l’amour, bien sûr, la beauté, la vie. La liberté aussi. Tout comme Madonna ou Monica Bellucci, elle aime séduire, relever des défis. Rien à voir avec les déesses vierges, peu affectées par l’émotion et toutes tournées vers leur propre réalisation. Profondément autonomes, elles n’obéissent qu’à leurs propres lois. Elles veulent étudier, s’émanciper, bousculer les valeurs établies. Ainsi Hestia, la sage, à la vraie quête spirituelle, surtout en deuxième partie de vie comme l’a prouvé Audrey Hepburn, par exemple. Ou bien Artémis, la guerrière, qui, à l’image de Carole Bouquet ou Condoleezza Rice, clament haut et fort leur droit à l’indépendance. Ou bien enfin Athéna, fière de ses qualités masculines, remarquable organisatrice, disponible et indispensable, soucieuse de grimper toute seule dans la hiérarchie, loin du cocooning et du maternage.
On l’aura compris : pas moins de sept déesses pour sept archétypes féminins chers au psychiatre suisse Carl Jung. Et qui, aujourd’hui encore, dominent notre inconscient. Reste à découvrir celle qui se tapit dans l’ombre de chacune d’entre nous, comme le propose Sophie d’Oriona (*), une passionnée de mythologie. Un drôle de chemin vers le » connais-toi toi-même » certes, mais une voie originale pour une vraie découverte de soi. Madonesque, baroudeuse, froufroutante, on sait la femme plurielle. Grâce à cette petite escapade initiatrice, la voilà accédant aussi à la divinité. Sacré nom de déesses !
Christine Laurent
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