Notrecarte blanche à Sandrina Fasoli

Barbara Witkowska Journaliste

Derrière la griffe Sandrina Fasoli ouvrent… Sandrina Fasoli et son fidèle complice Michaël Marson. Le tandem – qui vient de remporter le concours international Mango – séduit par son style néonostalgique. En exclusivité pour Weekend, il signe une production de mode élégamment sensuelle qui met à l’honneur l’éternel féminin.

Leur shooting.  » Nous sommes très attirés par la photo et l’image de mode, souligne Sandrina. Il nous a semblé particulièrement intéressant de montrer à travers cette carte blanche un univers qui nous ressemble esthétiquement, mis en scène avec des silhouettes des autres créateurs.  » Le concept ? Prolonger le  » look book  » des collections, en le transposant dans un lieu riche en histoire, travailler avec les mêmes mannequins et le même photographe et essayer de développer davantage les idées. L’Académie de dessin et des arts visuels de Molenbeek, avec ses marbres et ses sculptures classiques, est un endroit chargé de passages, d’idées et d’émotions. Bref, le cadre idéal pour présenter des silhouettes sur lesquelles flotte un élégant et subtil parfum néonostalgique.

Sandrina et Michaël ont fait appel à une foule de créateurs belges, jeunes et confirmés, qu’ils aiment bien : Cathy Pill, Olivier Theyskens, Natalia Brilli, Annemie Verbeke, Haider Ackermann, Ann Demeulemeester, Martin Margiela et Christian Wijnants. L’abondante  » moisson  » a permis d’opérer un choix pointu. Il met en évidence des ambiances colorées particulièrement réussies, ainsi que les trois valeurs que le tandem défend dans ses créations : la féminité, la légèreté et la sensualité.

Le casting a réuni quatre tops, dont deux, Helen et Ellen, ont été mises en avant.  » Elles sont les ambassadrices de nos look books depuis le début, souffle Sandrina. Leurs visages, gestuelles et manières d’être expriment parfaitement ce que nous avons envie d’exprimer avec nos vêtements.  » Le photographe Emmanuel Laurent est un autre collaborateur fidèle.  » Nos univers sont en symbiose parfaite, s’enthousiasme Michaël. Notre image, immédiatement reconnaissable, a été construite avec lui. « 

Leurs photos préférées. Leurs coups de c£ur figurent en doubles pages. Leur carte blanche (voir pages 66 à 73) s’ouvre sur un portrait d’Ellen et Helen. La composition très nette de la photo, les visages purs empreints d’innocence, les regards expressifs des mannequins et un décor abstrait mais visiblement chargé d’histoire, font penser aux plus beaux portraits des maîtres des xvie ou xviie siècles. A épingler aussi : cette photo qui pourrait s’intituler  » Quatre jeunes filles et une échelle « . L’ambiance générale évoque des visuels des années 1940 et 1950 et invite à imaginer une belle histoire. Quatre jeunes filles pénètrent dans une pièce abandonnée où il y a, peut-être, plein de secrets et de surprises à explorer. Ni anciennes, ni vintage, leurs robes sont excessivement féminines, avec juste une légère empreinte du passé. Elles forment un superbe contraste avec les murs gris patinés et l’ambiance poussiéreuse (dans le bon sens du terme) du  » grenier « .

Leur collection printemps-été 08. Une fois de plus, la robe est en vedette. Le thème de l’ombre en est son fil conducteur. Des voiles et des doublures en mousseline transparente dépassent de la robe et dessinent comme une trace sur le corps et dans le décolleté. Robes doubles prolongées de doubles manches se présentent comme des vêtements  » fantômes  » et jouent subtilement, une fois de plus, sur l’ombre du vêtement. Les matières fluides et très douces au toucher déclinent des coloris préférés de Sandrina et Michaël : le noir, des faux blancs et une ravissante palette de gris doux et poudrés.

Leur avenir. Sandrina et Michaël, tous deux diplômés de La Cambre, à Bruxelles (respectivement en 2003 et 2004), ont déjà remporté plusieurs prix. Leur créativité vient encore d’être couronnée par les Mango Fashion Awards. En février 2007, la marque espagnole a lancé un concours international ouvert aux jeunes créateurs professionnels qui ont une marque commercialisée. Parmi les 250 dossiers sur papier rentrés, provenant du monde entier, 10 créateurs sont sélectionnés, dont trois Belges : Sandrina Fasoli, Cathy Pill et Christian Wijnants. Les candidats sont invités à présenter une collection de 10 silhouettes, reflétant leur propre style, sans aucune référence à Mango. Le jury, réuni à Barcelone en novembre dernier, présidé par Valentino, a été particulièrement séduit par l’univers cohérent, clair et fluide de Sandrina et Michaël et par leur  » force dans la simplicité « . Un travail généreusement récompensé par un prix de 300 000 euros.

Cette belle histoire s’ouvre aujourd’hui sur un second chapitre. Mango vient de solliciter nos jeunes créateurs pour dessiner quatre collections (printemps, été, automne et hiver 2009) de 12 à 15 silhouettes chacune. Là aussi, ils ont carte blanche. Les collections seront vendues dans un petit corner, au sein des 400 magasins dans le monde, sous le label  » Sandrina Fasoli pour Mango « . Toutes ces bonnes nouvelles permettront au jeune couple de déployer davantage leurs ailes.  » Nous organisons notre premier défilé au mois d’octobre prochain (printemps-été 09) à Paris, annonce fièrement Michaël. On va amplifier notre travail à l’international. Nous avons plein de contacts positifs. Nous sentons que la marque se développe bien. « 

Barbara Witkowska

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