Parfumerie new wave
Gros plans sur 3 nouveaux créateurs de parfum.
DAPHNÉ BUGEY (FIRMENICH) LA FASHIONISTA GOURMANDE
Epinglons tout d’abord sa nouvelle version, plus riche et plus texturée, de KenzoAmour (4.) : elle a toujours » l’âme » du premier (également son £uvre) – un accord très sensuel de riz, de fleur de frangipanier et de vanille – mais s’enrichit d’ambre et de benjoin. Elle est aussi dopée en encens et en patchouli. Daphné Bugey (1.) a également composé Wood, un duo boisé (masculin et féminin) pour Dsquared2. . Ces fragrances jouent avec un accord cèdre-vétiver et des notes de violette. Le bois est plus présent dans le masculin (2.), les fleurs sont en avant-plan dans le féminin (3.).
Née à Grenoble, cette fille d’architecte est obsédée par le parfum depuis l’enfance. Plus tard, elle entre à l’ISIPCA (Institut supérieur international des parfums, cosmétiques et arômes alimentaires, à Versailles) et suit » un cursus scientifique, rassurant pour les parents « . Une longue expérience à Genève et aux Etats-Unis lui permet de se familiariser avec tous les segments du métier. Il y a six ans, elle a rejoint Firmenich à Paris où elle s’occupe uniquement de la parfumerie fine.
BRUNO JOVANOVIC (IFF) LE CYBER-SENSUEL
Onde Extase de Giorgio Armani (6.) vient de sortir. » J’avais en tête l’image d’une geisha qui se maquille et se prépare pour la soirée. L’idée m’est venue d’évoquer cet univers » cosmétique » et asiatique, en évitant le cliché de la poudre de riz. Je l’ai remplacée par celle de sésame, entourée de fleurs blanches capiteuses et de bois de cèdre. » Bruno Jovanovic (5.) est également l’auteur de ckIN2U him (7.). Créé à la demande expresse de Calvin Klein, ce jus s’adresse à la nouvelle génération Internet. Dans cette fragrance » cyber-sensuelle » le départ vert et high-tech contraste avec un fond enveloppant de chocolat noir.
Enfant, Bruno Jovanovic transforme sa famille en fleurs : il voit le père en camomille, la mère en violette et la grand-mère en rose. Le diplôme de l’ISIPCA en poche, il travaille à Munich chez Drom puis, pendant six ans, à New York avant d’atterrir chez IFF à Paris, capitale mythique de la parfumerie française.
DELPHINE LEBEAU-KROWIAK (TAKASAGO) L’ADEPTE DES SENSATIONS FORTES
Le célèbre flacon galet de Comme des Garçons est régulièrement interprété et habillé de façon particulière. La version 888 (9.) opte pour le total look or. Il a fallu imaginer une odeur » brillante « . En collaboration avec Christian Astuguevieille, responsable du développement des parfums Comme des Garçons, Delphine Lebeau-Krowiak (8.) a imaginé un accord safran et un sillage ambré. Une composition abstraite qui joue sur les sensations et les impressions plutôt que sur les matières premières précises et spécifiques. Rykiel Man (10.), lui, composé avec la complicité d’Antoine Lie, a une tête classique et aromatique qui permet d’introduire un accord cuir-truffe, singulier et un peu brut.
La Parisienne, Delphine Lebeau-Krowiak se familiarise avec l’univers olfactif à l’école de parfumerie de Givaudan, à Grasse. En toute logique, elle fait ses premières armes au sein de cette importante société, à Paris et à New York. Elle vient de rejoindre Takasago, une structure plus petite qui commence à faire beaucoup parler d’elle.
Barbara Witkowska
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