Dans Roman nègre, l’auteur de La Séparation campe son intrigue dans le monde des écrivains fantômes. Un univers intrigant que Dan Franck connaît sur le bout de la plume : il s’y aventure régulièrement.
Est-ce que l’on peut mentir pour une bonne cause ?
La fin justifie les moyens quand la fin est héroïque, belle, honorable. On peut mentir pour une cause juste.
Quel talent auriez-vous aimé avoir ?
Je ne joue que du stylo : Tombo, Caran d’Ache ou Pilote à plume rétractable. Mais j’aimerais bien savoir jouer de la musique. Etre compositeur de musique classique.
Votre roman est truffé d’odeur. Quelle est la vôtre ?
Vetiver. Je mettais ça. Mais tout le monde en met alors c’est insupportable. J’ai l’impression de me sentir et comme je peux pas me sentir ça m’emmerde de le sentir chez les autres.
Votre styliste préféré ?
Pour mes enfants : Marion Ridoret. Quelle marque encore ?… Ah oui : Grand Pédalo ( NDLR : attention humour : comprendre Petit Bateauà). Moi, je m’en fous : je m’habille n’importe comment. Je suis toujours habillé pareil. En noir. C’est très commode.
Quel journal lisez-vous le matin ?
Toute la presse sur Internet. Sinon, je suis abonné au Monde. Je suis catastrophé par ce qui se passe dans cette rédaction. C’est le meilleur quotidien français et j’ai peur qu’ils perdent leur indépendance. J’aime leur rigueur.
De quoi êtes-vous le plus fier ?
Mes enfants. Deux garçons de 22 et 18 ans et puis la petite, de 7 ans. Au niveau professionnel, un livre que j’ai écrit avec Bilal qui s’appelle Un siècle d’amour paru en 2000 et hélas épuisé. Et mon dernier livre, forcément.
Est-ce que Danny Boon vous fait rire ?
Ce n’est pas le mot. Je trouve ça sympathique. C’est bien d’être sympathique aujourd’hui. On vit quand même dans un monde de merde. On a vanté le libéralisme pendant des années. Et là on en est au point où, pour se protéger des pays émergents qui deviennent riches, les pays très riches élèvent des barrières douanières et craignent qu’on leur fasse ce qu’ils ont fait aux autres.
De quoi avez-vous peur ?
De vous ( rires). Non. J’ai peur de demain. Quand je vois que dans ce monde riche, il y a des émeutes de la faim, ça me fait peur pour la civilisation en général. Je trouve ça moyenâgeux, dégueulasse. Par chance, je n’ai pas faim. Donc, j’essaie de donner un peu de mon temps et de mon énergie à des fins que j’estime honorables. Je m’occupe des sans-logis, des sans-papiers. J’écris, je donne du fric, je vais les voir.
Roman nègre, par Dan Franck, Grasset, 311 pages ( lire la critique en p. 82).
Propos recueillis par Baudouin Galler