Shopping : addict

Christine Laurent
Christine Laurent Rédactrice en chef du Vif/L'Express

Intense, sensuelle ou raffinée ? Les trois peut-être ? Vous arrive-t-il régulièrement de céder voluptueusement à l’excès, de vous jeter avec frénésie non pas sur les petits luxes abordables, mais bien les produits dont le prix donne le vertige ? Au risque de mettre sérieusement en péril votre compte en banque ? Alors, pas de doute possible, vous appartenez bien à l’un des trois groupes d’acheteuses précitées. Pis, vous aimez vous laisser griser par ce supplément d’émotion que seule apporte l’overdose de shopping.

Fatale attraction. On craque, on craque. Résultat, on dépense trop d’argent, trop souvent, trop longtemps. L’achat crée des tensions personnelles négatives pour devenir compulsif. Un mal qui touche environ 1 % de la population féminine. Les sensuelles consomment pour tromper leur ennui, les raffinées par insatisfaction, les intenses par insécurité. Mais chacune d’elles cache une femme de passion, authentique, engagée, affirme le psy Claude Boutin qui les a examinées sous toutes les coutures (*). Toutes, apparemment, sentent monter une impulsion irrépressible, ce petit ressort qui met du piment dans leur vie, cette drogue à durée limitée qui fait de vrais dégâts, juste avant de basculer. Mais impossible de résister. Car derrière le besoin urgent de faire vibrer leur carte de crédit se niche un profond mal vivre, une forme de désarroi, un perfectionnisme exigeant et destructeur. C’est leur manière à elles d’y répondre, de gommer provisoirement les souffrances du c£ur, les manques profonds. Certes, passé le moment d’ivresse, très court d’ailleurs, la chute n’en sera que plus brutale. Mais la spirale implacable est lancée, il sera bien difficile d’y échapper.

Un guerrier assagi avant le prochain assaut. La fièvre retombe en attendant la nouvelle situation à risques. Les soldes, par exemple, véritable piège, ou bien encore les fêtes. Autant de prétextes qui permettent de légitimer l’acte. A ses propres yeux et face à ses proches. Le petit tailleur  » indémodable  » à moitié prix, les chaussures un peu excentriques, certes, mais  » données « , bref, que des bonnes affaires ! Pis ! Il arrive d’acquérir des choses que l’on ne désire même pas. Pour garnir peut-être une garde-robe, c’est vrai, mais censées, surtout, soigner les blessures intérieures.

A toutes ces addicts du shopping, Claude Boutin recommande de préférer le répit au crédit. Avec des arguments frappés au coin du bon sens, (mais par les temps qui courent, c’est encore mieux quand c’est un psy qui le dit), il rappelle que l’on combat la dépendance en effectuant un profond retour sur soi et sur ses vrais besoins. Qu’il est indispensable d’apprendre à se connaître, à se recentrer, à se ressourcer. De renouer avec l’estime de soi, la joie de vivre, la paix intérieure, seule voie possible pour neutraliser la mauvaise dopamine qui brouille les pensées et fait perdre la tête. Et faire disparaître les sentiments douloureux cachés au fond des sacs.

(*)  » J’achète (trop) et j’aime ça ! « , éd. Les Editions de L’Homme.

Christine Laurent

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