Une mode (presque) belge
Dirk Bikkembergs est né en Allemagne et Marina Yee avait un grand-père chinois. A part ça, les Six d’Anvers vivent sous nos lattitudes, et leurs aïeux aussi. Désormais, ceux qui font notre fierté nationale viennent parfois des quatre coins du globe… mais ont tous étudié à Bruxelles ou Anvers. La preuve par six.
Marine Serre
Elle a étudié à BRUXELLES, est basée à PARIS et originaire de FRANCE.
Ancienne championne de tennis, Marine Serre est diplômée de La Cambre mode(s). La Française de 28 ans, originaire de Brive-la-Gaillarde dans le Sud-Ouest, a ensuite travaillé comme stagiaire ou assistante pour Annemie Verbeke, Martin Margiela, Alexander McQueen et Dior – où elle a participé à la dernière collection de Raf Simons. La jeune femme a lancé sa propre marque tout en bossant pour Demna Gvasalia chez Balenciaga. En 2017, avant d’avoir réalisé son premier défilé, elle a remporté le LVMH Prize, le plus grand prix des talents de la mode en devenir. Depuis, ses vêtements sont vendus dans les meilleurs magasins du globe et sont portés par les stars, de Beyoncé à Kylie Jenner. En février 2019, à l’occasion de la Fashion Week, le New York Times titrait » A Designer You Should Know « , racontant ce show aux accents d’apocalypse dans des tunnels souterrains à l’extérieur de Paris. Il y a deux ans à peine, ils étaient trois à gérer la marque, dont elle et son petit ami. Désormais, elle emploie trente personnes et met un point d’honneur à utiliser en majeure partie des matières et des tissus recyclés. » Je ne pense pas avoir nécessairement plus de talent que les autres. C’est justement la raison pour laquelle il était important pour moi de réagir, avec ma collection, à ce que je voyais autour de moi. »
marineserre.com
Botter
Ils ont étudié à ANVERS, sont basés à PARIS et originaires des PAYS-BAS, de CURAÇAO et de RÉPUBLIQUE DOMINICAINE.
Rushemy Botter et Lisi Herrebrugh, le couple derrière Botter, ont fait leur entrée à Paris par la grande porte en prenant la direction artistique de la maison Nina Ricci, où leurs débuts sur les podiums, en février 2019, ont connu un franc succès. Le premier show de leur propre marque, lui, n’a eu lieu qu’en janvier dernier, pendant la semaine de la mode masculine. Le tandem y a dévoilé une ligne streetwear dans l’air du temps à mille lieues du vestiaire féminin et romantique de Nina Ricci. Rushemy est né à Curaçao, mais a grandi à Amsterdam. Il s’est initié à la mode à Arnhem, à La Haye et à l’Académie d’Anvers, où il a eu comme mentors Walter Van Beirendonck, puis Dirk van Saene pendant son master. Lisi, elle, a vu le jour à Amsterdam d’un père néerlandais et d’une mère dominicaine, et a passé du temps entre ces deux pays. Elle a ensuite rejoint l’école de mode d’Amsterdam, fait un stage chez Viktor & Rolf, et aidé Botter – ils sont en couple depuis onze ans – sur sa collection de fin d’études… Le résultat, Fish or Fight, a reçu toute une série de prix, dont le Most promising graduate, lors de nos Belgian Fashion Awards 2017. En 2018, le couple a également remporté le prix du Festival de mode d’Hyères et une nomination pour le prix LVMH. Pour leur dressing, ils s’inspirent des Caraïbes – où les hommes sont aussi vaniteux qu’élégants – mais aussi, par exemple, de l’Arte Povera. Entre leurs mains, un sac en plastique peut devenir une pièce fashion.
botter.shop
Kwaidan Editions
Ils ont étudié à ANVERS, sont basés à LONDRES et originaires de FRANCE et des ETATS-UNIS.
Derrière Kwaidan Editions se cache un duo : Léa Dickely (1983) est française, Hung La (1978), américain d’origine vietnamienne. Ils se sont rencontrés à l’Académie d’Anvers, où ils ont obtenu leur diplôme il y a onze ans. Léa est spécialisée dans les imprimés et les textiles et a travaillé pour Rick Owens et Alexander McQueen. Hung a été créateur pour Balenciaga et Céline. Le tandem, qui est resté à Paris pendant cinq ans et est désormais installé à Londres, a lancé Kwaidan Editions en 2016. Le nom fait référence aux Histoires et études de choses étranges de l’auteur irlandais Lafcadio Hearn (1850-1904), qui déménagea au Japon, et plus spécifiquement à leur adaptation dans Kwaïdan, le film de Masaki Kobayashi, sorti en 1965. La marque réinterprète ces » esprits du passé pour exprimer l’étrange époque dans laquelle nous vivons aujourd’hui « . Le label a fait ses débuts en octobre 2018 dans le club underground parisien Silencio, conçu par David Lynch, et s’est retrouvé la même année en finale du prix LVMH. La collection estivale actuelle s’inspire de la palette de couleurs poudrées du peintre Luc Tuymans, avec des blousons en denim et des jeans qu’on a plongés dans du caoutchouc naturel, du Latex aux teintes sorbet et des motifs camouflage.
kwaidaneditions.com
Ester Manas
Ils ont étudié à BRUXELLES et y sont basés. Ils sont originaires de FRANCE et de BELGIQUE.
Encore un duo : Ester Manas et Balthazar Delepierre qui forment à deux Ester Manas. Elle est française, lui belge. Elle a travaillé pour Balenciaga, Paco Rabanne et Acne Studios et sort de La Cambre, département mode. Lui y était dans la section graphisme. Ensemble, ils conçoivent des vêtements dans une taille unique, qui conviennent autant aux femmes qui font un 34 qu’à celles qui portent un 50. La continuité de la collection de fin d’études d’Ester qui avait imaginé alors des tenues pour toutes les morphologies en récoltant les conseils d’un panel de douze femmes de gabarits variés. Elle mesure 1,60 m, lui presque 2 m : si un projet, une chemise par exemple, fonctionne sur eux deux, alors c’est un bon début. A l’heure actuelle, seuls les pantalons sont encore déclinés en plusieurs tailles, car l’équipe n’a pas trouvé de bonne solution pour uniformiser leurs modèles. La production se fait dans un atelier protégé à Bruxelles et la plupart de leurs tissus proviennent de stocks d’invendus. La marque a été demi-finaliste du H&M Design Awards en 2019 et a remporté, la même année, au Festival de la mode d’Hyères, le Prix Galeries Lafayette.
estermanas.com
Atlein
Il a étudié à ANVERS, est basé à PARIS et originaire de FRANCE.
Le Parisien Antonin Tron, 35 ans, est arrivé à l’Académie des beaux-arts d’Anvers un peu par hasard. Cet étudiant en littérature en avait entendu parler pour la première fois lors d’un week-end en Belgique, à une époque où il n’avait même jamais envisagé l’idée d’une carrière dans la mode. Après sa formation, il a acquis de l’expérience auprès de Raf Simons et du styliste Olivier Rizzo avant de collaborer avec une série de maisons françaises de luxe : Louis Vuitton, Givenchy et Balenciaga. En 2016, il a lancé Atlein, dont le nom fait référence à ses initiales, mais aussi à l’océan Atlantique. Surfeur passionné, il dessine ses looks en se focalisant sur le corps, l’énergie et le mouvement, dans une approche durable. Il entame chaque saison en recherchant les matières de récup’ provenant d’usines de l’Hexagone et de la Botte. Les textiles et les couleurs qu’il trouve contribuent à déterminer sa collection. Atlein travaille principalement avec des manufactures et ateliers de son pays d’origine, même si l’Italie et le Portugal contribuent également à sa production. En 2018, sa marque a gagné le Grand Prix de l’Andam, une association française qui soutient les jeunes talents.
atlein.com
Shuting Qiu
Elle a étudié à ANVERS, est basée à SHANGHAI et originaire de CHINE.
Shuting Qiu, 24 ans, est passée par l’Académie des beaux-arts d’Anvers. Sa collection de fin d’études, She Lives in a Wonderland, s’inspirait d’un road trip à travers le désert marocain. En 2017, elle lançait sa marque, proposant une ligne pour une fille moderne et romantique, » une femme forte et indépendante, mais qui garde en même temps une identité douce « . Elle combine ainsi des couleurs vives et gaies avec des imprimés floraux, et affectionne la soie et la broderie. Ses tissus, elle les glane en Inde, en France et en Italie et considère son style extravagant comme une sorte de néo-couture. Après ses débuts lors de la Fashion Week de New York, elle a arpenté les catwalks de Milan à Shanghai. Cette saison-ci, elle se limite à un showroom parisien. » A cause du coronavirus, j’ai dû annuler le défilé italien, dit-elle. Logistiquement, c’était devenu mission impossible. J’espère réussir à aller à Paris. »
shutingqiu.com
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