Angèle, la fille qui doute et qui avance
« Il y a plus de doute qu’avant », mais « le doute fait avancer »: Angèle, princesse belge de la pop, admet « la pression » d’un deuxième album qu’elle défend actuellement sur scène, portée par l’ »euphorie » des festivals.
Après le succès de son premier opus Brol (1,5 million d’exemplaires vendus), on pouvait penser que la chanteuse se voyait à 26 ans comme établie. Mais la pochette de son second disque, Nonante-Cinq (1995, sa date de naissance) où elle est dans un grand-huit, livre déjà un indice sur un vécu plus complexe.
« Il y a plus de doute qu’avant », confie-t-elle à l’AFP. À ses débuts, elle fonçait « un peu tête baissée, quoi qu’il arrive ». « Mon retour avec Nonante-Cinq a été vu comme celui d’une grande artiste confirmée: c’est très flatteur, mais très flippant ». « Comme si je n’avais pas le droit à l’erreur, alors qu’en fait c’est seulement mon deuxième album, ma deuxième tournée ».
« Le premier album a placé la barre super haut, les ventes, c’était indécent. Mais je n’avais pas forcément la recette, des choses m’ont échappé », déroule cette enfant de la balle (pour rappel, une mère comédienne, Laurence Bibot; une père chanteur, Marka; un frère rappeur, Roméo Elvis).
Le doute est donc « toujours là, bien installé ». Mais elle apprend « à travailler autour de la confiance, de la légitimité, à essayer de comprendre pourquoi le doute a sa place ». « Le doute fait avancer », souffle-t-elle.
Elle questionne aussi « la place trop importante » des réseaux sociaux dans sa vie, alors même que c’est l’endroit où elle est née pour le public, postant des reprises au tout début.
L’exposition sur les réseaux sociaux, j’y ai mis des limites, mais je n’ai pas encore la force mentale de m’en extirper
Sa notoriété s’est nourrie d’une exposition exponentielle. Mais l’autrice-compositrice en paye ensuite le prix, adulée ou détestée par vagues dans ce « vortex de plus en plus puissant ».
« J’ai appris à me protéger, avant je n’avais aucune conscience de ce que je montrais, notamment pour ma vie privée. Maintenant, j’ai mis des limites, mais je n’ai pas encore la force mentale de m’en extirper ». Elle se décrit « addict »: « parfois ce n’est pas moi qui commande, c’est mon corps qui prend le téléphone. Je dois m’astreindre à une discipline face à ça ».
L’interprète du tube Balance ton quoi est ravie de replonger dans les festivals d’été et cette « euphorie que tu ressens dans le public et sur scène ». Elle y avait goûté comme simple festivalière à 17 ans, avec sa meilleure copine au festival belge Pukkelpop, en mode « nuits sous la tente, sur place autant pour la musique que pour la fête ».
Devenue artiste, son premier grand festival fut We Love Green en 2018 à Paris. Elle s’attendait tout au mieux à 1.000 personnes. « Je tourne la tête, c’était rempli ! » (plus de 30.000 personnes). « C’était catastrophique, rien n’allait, mon pantalon tombait, mon boîtier (micro) ne tenait pas (rires) ». Vue du public, elle convainc à l’époque, sans album encore sorti.
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