Décès de Régine, célèbre reine de la nuit parisienne
La chanteuse et comédienne française Régine, qui a longtemps régné sur le monde de la nuit avec des Surnommée la « Reine de la Nuit », Régine est décédée le dimanche 1er mai à 11h00, en région parisienne. Elle était âgée de 92 ans. La chanteuse et femme d’affaires française, native d’Anderlecht, aura régné pendant près d’un demi-siècle sur le monde de la nuit. À Paris ou à New York, elle a reçu dans ses clubs les plus grands artistes du XXe siècle, entre splendeur et décadence.
« Régine nous a quittés paisiblement ce 1er mai à 11h00 » en région parisienne, a précisé sa petite-fille, Daphné Rotcajg.
Née de parents juifs argentin et polonais le 26 décembre 1929 à Anderlecht, Régine, de son vrai nom Régina Zylberberg, émigre en France avec sa famille dans les années ’30.
Délaissée par sa mère, elle est placée dans un couvent à Aix-en-Provence, où elle se découvre une passion pour le chant et le spectacle. Le week-end, son père, adepte des jeux de hasard, l’emmène au casino. « Je dormais sur les banquettes en attendant qu’il sorte des salles de jeux. C’était des soirées interminables où il perdait tous ses sous », expliquait-elle dans un entretien au magazine L’Express.
Après la Seconde Guerre mondiale, son père ouvre un bistrot dans le quartier pauvre de Belleville à Paris. Régine s’enivre des légèretés de la vie nocturne. C’est le temps de la liberté, du jazz et des premières notes de bebop qui déferlent sur les nuits parisiennes en provenance d’Amérique.
À l’âge de 16 ans, elle rencontre son premier mari, Paul Rotcage. Ensemble, ils auront un fils, Lionel. Mais le quotidien de femme au foyer l’ennuie, elle qui rêve de strass et de paillettes. Le couple décide de divorcer.
Régine n’a que 19 ans. Sa réputation de « Reine de la nuit », elle la forge au sein du club « Whisky à Gogo », où elle est à la fois première DJ de France, barmaid et dame pipi. C’est là aussi qu’elle étoffe son carnet d’adresses avant d’ouvrir « Chez Régine », la toute première discothèque de l’Hexagone, en 1956.
Situé rue du Four à Paris, son établissement attire la haute société: les vedettes de cinéma, les hommes politiques et les têtes couronnées se bousculent au portillon. On y croise notamment Françoise Sagan, Brigitte Bardot, Georges Pompidou, John Wayne ou encore Charlie Chaplin. Dans les années ’60, Régine initie la France au twist. Grande admiratrice de la comédie musicale West side story, elle fait venir la troupe dans son club et fait découvrir aux mondains les disques de Chubby Checker, dont l’imparable titre Let’s twist again enflammera chaque soir la piste de danse.
Dans la foulée, elle ouvre le « New Jimmy’s », son deuxième club installé boulevard Montparnasse à Paris. Le succès est fulgurant, au point que la propriétaire des lieux doit servir le champagne sur le trottoir. Pour Régine, c’est le début d’ un empire qui s’étendra de Paris à New York avec, à son paroxysme, une vingtaine d’établissements à travers le monde dans les années ’80.
En parallèle, la Française à la chevelure rouge s’essaye à la chanson. En 1963, épaulée par Renée Lebas et Charles Aznavour, elle sort son premier 45 tours. Deux ans plus tard, son ami Serge Gainsbourg lui écrit Les Petits papiers, qui deviendra l’un de ses titres phares. Elle interprétera notamment des textes de Barbara et Henri Salvador.
En 1969, Régine se remarie, cette fois avec l’homme d’affaires Roger Choukroun, avec qui elle partagera sa vie durant plus de 30 ans.
Les années ’90 amorcent le déclin des affaires. Elle essuie un premier revers financier avec le « Cheval Blanc Régine’s Hôtel » à Nîmes, un hôtel quatre étoiles où se presse le tout-Paris: Pablo Picasso, Louis de Funès, Eddie Barclay, Jean-Paul Gaultier, Inès de la Fressange,… La Française y organise des fêtes mémorables, mais les dépenses plongent l’établissement dans un gouffre sans fond. Le Palace, qu’elle reprend à Paris en 1992, connaîtra le même sort et finira par fermer en raison d’un trafic d’ecstasy.
Régine se sépare de tous ses clubs au début des années 2000, mais continue d’égrener les soirées mondaines. « J’ai ouvert le grand livre de la nuit en 1954. Aujourd’hui, je l’ai refermé… », écrit-elle alors sur son site web. Elle veut se consacrer à la chanson et revenir à la scène.
Elle fera également quelques apparitions au cinéma. En 2004, Régine dévoile l’album Made in Paname. Un an plus tard, elle apparaît sur le petit écran dans l’émission de télé-réalité « La Ferme Célébrités », grâce à laquelle elle récolte 80.000 euros au profit de son association « SOS Habitat et Soins ».
Son fils Lionel Rotcage mourra d’un cancer l’année suivante, une disparition dont Régine ne se remettra jamais. « Il était terriblement exclusif et ne supportait pas que j’appartienne à tout le monde. Aujourd’hui, je regrette de ne pas lui avoir dit suffisamment que je l’aimais », s’est-elle confiée quelques années plus tard au magazine Paris Match.
En 2009, celle qui se qualifiait de « monstre de travail » revient avec Régine’s Duets, son dernier album composé de nombreux duos avec entre autres Jane Birkin, Boy George, Maurane, Pierre Palmade ou encore Fanny Ardant. Ses amitiés avec les célébrités – de Johnny à Simone Veil, en passant par Gainsbourg, Andy Warhol ou encore Mick Jagger -, elle les a racontées dans une autobiographie parue fin 2018 et intitulée Gueule de nuit, une savoureuse galerie de portraits et d’anecdotes d’un temps désormais révolu. À 89 ans, l’extravagante Régine avait fait un retour inattendu dans les nuits parisiennes avec un club éphémère du 24 novembre 2018 au 6 janvier 2019, cinq ans après un premier come-back dans le monde de la nuit avec ses soirées « guinguette » au Balajo, le légendaire dancing parisien du quartier de la Bastille.
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