Courir avec son chien, bonne idée ou danger? Les réponses à toutes vos questions sur le sujet
Faire du sport est bon pour la santé, on le sait, et pour joindre l’utile à l’agréable, rien de tel que d’aller courir avec son chien. Mais attention, pas n’importe comment, et surtout, pas avec tous les compagnons à quatre pattes.
C’est que tous les canidés n’ont pas les mêmes capacités, et ce qui ne sera qu’une petite mise en pattes pour certains pourra être trop fatigant, voire même dangereux pour d’autres. Distance, pauses, matériel… Petit guide pour courir avec son chien en toute sécurité.
Est-ce que toutes les races de chien sont faites pour courir?
« Les races de chiens les plus énergiques ont tendance à inclure les chiens sportifs et les chiens de troupeau » pointe-t-on du côté de chez Royal Canin, où on épingle notamment les labradors, mais aussi les border collies, comme étant particulièrement susceptibles de prendre plaisir à un footing en compagnie de leurs maîtres.
Attention, toutefois, « en règle générale, les races brachycéphales et la course à pied ne font pas bon ménage. Parmi les exemples de chiens brachycéphales, on peut citer les carlins, les boxers, les bouledogues français et anglais et les terriers de Boston. En raison de la forme de leur tête, de leur museau et de leur gorge, ils sont plus sujets aux difficultés respiratoires et aux problèmes cardiaques ». Et Fabrice Renard, inspecteur au sein de la SRPA de Liège, de relater ainsi la triste histoire d’une mordue de jogging venue adopter un bouledogue en refuge… Avant que ce dernier, à peine installé dans sa nouvelle famille, ne perde la vie lors d’une course avec sa nouvelle maîtresse, l’effort physique ayant eu raison de lui.
En outre, certains chiens qui font partie des grandes races telles que dogue allemand, terre neuve ou encore leonberg sont fragiles au niveau des articulations, même à l’âge adulte. Cela peut donc leur être déconseillé de courir sur de longues distances, avance l’assureur pour animaux SantéVet.
Si tous les chiens, sans exception, ont besoin d’exercice physique pour être en bonne santé, certaines races vont plus aimer courir que d’autres. Parmi celles-ci, on retrouve le Labrador et le Border Collie, donc, mais aussi le teckel, le Weimaramer, le jack russel, le dalmatien, le berger australien, le berger allemand, le husky ou encore le braque.
À quoi faut-il faire attention?
Avant tout, à l’âge. En effet, trop jeune, le chien ne peut pas venir courir avec vous, sous peine de provoquer des dommages qui pourraient lui causer de douloureux soucis de santé. Chez un chiot en plein développement, ni les muscles, ni l’ossature, ni même les articulations, ne peuvent supporter l’effort, même sur de courtes distances. Si certains recommandent d’attendre 18 mois, voire même 2 ans pour les chiens de grandes races, dont le développement est un peu plus long, tous les vétérinaires s’accordent pour dire qu’il ne faut pas faire de courses avec un chien âgé de moins d’un an. Et cela vaut dans l’autre sens aussi: si les chiots sont interdits de jogging afin d’éviter les lésions orthopédiques, les chiens, loyaux et enthousiastes de nature, ne sont pas toujours conscients de leurs limites, ou choisissent volontairement de les dépasser pour suivre leurs maîtres. Si votre chien est plus âgé, c’est donc à vous de déterminer le rythme et la distance raisonnables afin de ne pas le blesser ou le surmener.
Ensuite, les conditions météorologiques sont également importantes pour faire du jogging avec votre chien. En effet, ainsi que le soulignent les experts de la plateforme Maxizoo, le chien ne supporte ni les fortes chaleurs ni le froid glacial. « Ne l’emmenez donc que lorsque les températures sont modérées. Le terrain joue également un rôle : les chiens préfèrent courir sur des chemins de forêt ou de campagne. L’asphalte est très dur et devient désagréablement chaud pendant les mois d’été ». Afin d’éviter le spectacle désolant (et douloureux) de coussinets brûlés et sanglants, on préférera donc les parcours passant par des chemins de terre, à emprunter lors de journées tempérées. « S’il fait plus de 20°c il vaut mieux reporter votre sortie et attendre des températures inférieures car un coup de chaud peut être fatal pour votre compagnon. La température idéale est en dessous de 15 ° degrés voire encore moins » affirme-t-on chez Decathlon, aux premières loges pour assister à la popularité des joggings maître-chien, mais aussi et surtout, du canicross, discipline tout droit venue du Canada et alliant course à pied et traction grâce à une laisse reliée à une ceinture à la taille.
Enfin, comme pour les humains, il s’agit d’y aller de manière graduelle, plutôt que de démarrer d’emblée avec un effort soutenu. Il ne vous viendrait pas à l’idée de passer du canapé à la course d’un marathon, et pour Médor, c’est pareil. « Lorsque votre compagnon canin et vous serez prêts à aller courir, n’oubliez pas de commencer doucement, incitent les experts de chez Royal Canin. Courez ou faites du jogging à un rythme qui permettra à votre chien de communiquer avec vous, et vice versa. Gardez un peu d’énergie au cas où il serait surexcité et aurait besoin de se calmer. Augmentez la distance et la vitesse semaine après semaine, en fonction des besoins de votre chien, et n’oubliez pas les jours de repos ».
Attention également au timing de votre jogging: les vétérinaires déconseillent vivement l’effort juste après la prise du repas ou de boissons, afin d’éviter les risques de torsions d’estomac.
Comment déterminer la distance à parcourir ensemble?
« La notion de temps et de distance est variable. En moyenne, avec un chien entraîné, endurant et en bonne santé, il est possible de courir 7 à 8 kilomètres. La durée approximative des courses peut aller jusqu’à 2 heures. Tout cela dépend de la météo extérieure, de la condition du chien (fatigue, âge…), du terrain… De nombreux paramètres entrent en jeu » conseille-t-on du côté de la plateforme en expertise vétérinaire Bulle Bleue.
Quel matériel choisir?
« Les colliers sont fortement déconseillés pour la course à pied. Généralement, un harnais traditionnel peut suffire: de bonne qualité, il doit pouvoir assurer au chien un confort optimal. Mais pour de longues distances comme les semi-marathons, il est conseillé d’utiliser un harnais anti-traction » recommande encore Bulle Bleue. Où l’on souligne que « les laisses spéciales cani-rando sont généralement plus souples et leur longueur est adaptée. Ni trop longue, ni trop courte, elle doit convenir parfaitement pour une course agréable et ne pas entraver les mouvements ».
Envie de vous lancer dans le canicross, plutôt que dans de « simples » jogging accompagnés? Chez Decathlon, on vous recommande le matériel suivant: un harnais parfaitement adapté à la morphologie de votre animal de compagnie afin d’éviter qu’il ne se blesse, une ceinture spéciale qui va protéger votre dos et vous permettre d’avoir les mains libres durant la course, et une laisse de traction, qui se présente sous la forme d’une longe élastiquée généralement dotée d’un amortisseur intégré, avec un mousqueton à chaque extrémité. Bon à savoir: « investissez de préférence dans une laisse munie d’une poignée de maintien : elle vous servira à maîtriser plus facilement votre chien au départ et à l’arrêt ».
Et si pour vous (et Médor, vous pourriez le jurer) il n’y a rien de plus agréable que de courir « en liberté », sans laisse? « Si vous souhaitez que votre chien puisse courir sans laisse, vous devrez vous demander s’il a un fort instinct de chasse ou non » préconise-t-on du côté de chez Royal Canin. Et de prendre en exemple le husky de Sibérie, le lévrier et le vizsla, trois races actives, qui font d’excellents partenaires de course à pied, mais qui ont aussi un fort instinct de chasse. Autrement dit: mieux vaut les tenir en laisse, surtout dans un espace extérieur inconnu, fourmillant d’odeurs excitantes et de bestioles en tout genre, sous peine de voir votre chien chéri s’enfuir sans pouvoir le rattraper.
Quand faut-il accorder une pause à Médor?
« Votre entraînement de course doit toujours être adapté à votre compagnon à quatre pattes » rappelle-t-on du côté de chez Maxizoo, où on enjoint les passionnés de jogging à adapter leur rythme et leur parcours à leur chien, et non l’inverse. Et surtout, à être particulièrement attentifs aux signes de surmenage chez ce dernier, soit un halètement fort, rapide et persistant, un animal qui traîne la patte et prend du retard, des lèvres rétractées, un refus d’avancer ou un boitillement, même léger. Si vous constatez la présence d’un ou plusieurs de ces signes, une pause s’impose. À court terme, pour permettre à Médor de reprendre son souffle, et lui éviter une blessure ou pire, et sur le long terme, pour que ces sorties restent un plaisir: « un chien qui est régulièrement surmené ne sera plus aussi heureux de faire votre ronde avec vous » mettent encore en garde les experts de la plateforme.
Cela en fait, des recommandations à prendre en compte, et encore, c’est sans compter sur la pléthore d’informations, parfois conflictuelles, diffusées sur les réseaux sociaux ou partagées par votre cercle de connaissances, à commencer par ce collègue d’open space qui assure courir « 20 kilomètres facile » avec son chien, ou votre Tante Jacqueline, qui « connaît quelqu’un qui » et qui jure que c’est dangereux pour eux, quelle que soit leur race ou leur âge.
L’avis du véterinaire
Pour en avoir le coeur net, on a contacté Bernard Lucas, deuxième génération de sa famille à exercer le métier de vétérinaire en région liégeoise, et actif depuis 30 ans maintenant auprès des patients à quatre pattes. Une longue carrière au cours de laquelle il a été aux premières loges pour assister à la popularisation des disciplines chien admis, et particulièrement du running.
Pour celles et ceux qui voudraient s’y mettre, il prévient lui aussi que « tout dépend de la race. Certains chiens sont très performants, d’autres moins, et certaines races sont plus adaptées à l’endurance là où d’autres le sont plus au sprint. On ne courra pas avec un chihuahua: la prudence veut qu’on aille courir avec un chien qui pèse minimum 10 kilos, et maximum 30 kilos, avec une ossature fine et une musculature développée. Quoi qu’il en soit, cela reste un sport, donc pour les chiens comme pour les humains, il faut faire attention à l’alimentation et à la récupération ».
Et à la mise en condition: « On ne court pas 15 kilomètres d’un coup, qu’on courre à deux ou quatre pattes ». La bonne mise en jambes, ou en pattes? « On y va progressivement, en commençant par une distance de 2 kilomètres, qu’on tient pendant une dizaine de jours, avant de passer à 2.5 kilomètres durant quelques jours et ainsi de suite. En règle générale, on recommande de ne pas dépasser les 10 kilomètres, mais tout va dépendre de la race du chien, de son âge, de sa condition et de son endurance ».
Bien au fait de la propension de ces derniers à suivre leurs humains quoi qu’il en soit, même s’ils sont à bout, Bernard Lucas recommande encore de faire très attention à la fréquence respiratoire (« si elle est discordante, c’est qu’il y a un souci ») ainsi qu’au regard: « un chien qui a l’oeil vif est au top, mais si son regard est trouble, ça veut dire qu’il faut s’arrêter ». Et de pointer que, parce qu’ils ne savent transpirer que par leur langue et leur coussinets, les chiens régulent moins bien leur température que les humains, et sont plus susceptibles aux coups de chaleur. « Si on voit que le chien halète et semble avoir chaud, il faut immédiatement s’arrêter, le mettre à l’ombre et non seulement l’hydrater mais aussi le rafraîchir. Par exemple, en l’aspergeant d’eau fraîche, surtout au niveau ventral et dans la nuque, pour le refroidir au niveau des carotides ».
Du reste, « aller courir avec son chien est une très bonne idée, car cela permet de développer une complicité totale avec l’animal », assure celui qui, non content du lien qu’il tisse avec chacun de ses petits patients, est aussi très proche de son teckel. « Plus que de l’exercice, c’est un moment de partage, qui permet au chien de se dépenser, certes, mais qui va aussi potentialiser son confort et son bien-être ». En avant!
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