Entraîneur, (père d’)athlète(s) et entrepreneur: Jacques Borlée multiplie les projets et vient d’inaugurer son nouveau centre Boost by Borlée à Liège. Le principe: un accompagnement à la performance et au bien-être fondé sur des technologies de pointe et les décennies d’expérience de celui qui a accumulé les médailles avant que ses enfants ne courent dans ses traces.
Durant près de deux heures, ce passionné qu’on pourrait décrire comme un « entrepreneur de haut niveau » pour résumer tous ses projets a accepté de répondre à nos questions avec la franchise qui le caractérise. Et tant pis si parfois, ça vexe: Jacques Borlée en a vu d’autres.
« Le sport était une religion dans ma famille »
À la maison, on était sept garçons et une fille, et pour nous calmer, notre mère nous faisait faire du sport non-stop. Elle chronométrait nos courses dans le quartier, que ce soit à vélo ou à pied, et je jouais au football avec mes frères dans le jardin. Notre père était passionné de jardinage, donc on rafistolait au papier collant les fleurs qu’on cassait ou les fruits qui tombaient pour qu’il ne se rende compte de rien en rentrant du travail.
« Pour avancer, il faut pouvoir simplifier le rationnel en une sensation »
Le rationnel fait penser lentement, tandis que la sensation, elle, est instantanée. Il suffit de voir les champions de tennis, qui savent instinctivement quand et où frapper la balle sans devoir y réfléchir. Aujourd’hui, on parle beaucoup de data, mais ça ne suffit pas, et c’est d’ailleurs là que se trouve la différence entre un entraîneur et un coach. L’entraîneur va prendre des mesures, tandis que le coach est là pour simplifier l’information et apporter confiance et amour.
« L’être humain a besoin d’être considéré »
À l’école, je faisais les quatre cents coups, des trucs terribles, jusqu’à une course relais à laquelle j’ai dû participer. J’avais 17 ans, je n’en avais aucune envie, mais j’ai couru, on a gagné et tout le monde s’est précipité vers moi pour me dire à quel point j’avais été rapide. J’ai eu la chance de tomber sur un entraîneur qui m’a pris en considération et qui m’a motivé. Le sport m’a remis sur le droit chemin.
« Le stress est le mal du siècle »
Rien n’est prévu dans notre éducation pour y faire face, or on ne peut clairement pas continuer comme ça. Il faut diminuer le nombre d’heures allouées à certaines matières et travailler à harmoniser le cerveau et le corps, sinon, on le payera cher en tant que société. Quand des chefs d’entreprise hyper stressés arrivent dans mes centres Boost, ils sont souvent dans un état de délabrement pas possible. Ensemble, on travaille la respiration, le relâchement, et ils retrouvent progressivement le sommeil et le self-contrôle. Pour parvenir à créer de la sérénité, il faut muscler son cerveau, mais aussi apprendre à relativiser.
« Bien vieillir implique de concrétiser des projets »
J’ai 68 ans, et mes proches sont effarés par mon niveau d’énergie: j’ai ça en moi, et j’essaie de vieillir le mieux possible. Je fais attention à ce que je mange, je ne bois jamais plus d’un verre d’alcool en société, je vais dormir tôt… Jeune, j’étais hyper excité, et j’ai vite réalisé que je ne pourrais pas réussir dans la vie si je ne canalisais pas tout ça. Mourir fait partie de la vie, et je ne m’en inquiète pas, mais je veux rester en forme, et surtout, continuer à me projeter. Je suis vraiment un enfant de Jacques Brel: je rêve tous les jours, et si les gens savaient la quantité de projets sur lesquels je travaille, ils en tomberaient à la renverse.
« Avoir raison trop tôt n’est pas confortable »
Ce que Nafissatou Thiam vit aujourd’hui, nous y avons fait face il y a dix ans. Comme je m’intéressais déjà à la gestion du stress, mes enfants ont su l’affronter sans que cela ait trop d’impact sur leurs performances. Qu’il s’agisse des manquements de ma fédération sportive ou de mes proches, j’ose dire aux gens ce qui ne va pas, et ça dérange. Pourtant, je le fais par amour, parce que quand on aime, il faut être capable de parler des sujets qui fâchent.
« L’intelligence émotionnelle est essentielle pour réussir »
Tout le monde peut être sportif, mais pour être athlète, il faut avoir du talent. Cela demande un travail colossal: derrière 20% de talent, se cachent 80% de travail, physique et mental. Pour être un champion, il faut se concentrer sur sa discipline 24h sur 24. Pas seulement être à fond sur le sport mais aussi sur l’émotionnel: le plus grand «dopage», c’est l’amour dont sont entourés les athlètes.
« Les mots ont une puissance phénoménale »
Il n’y a qu’à lire le plaidoyer de Robert Badinter contre la peine de mort, ça suscite des frissons inouïs… Je me passionne pour la lecture d’ouvrages sur trois périodes: celle de Napoléon qui me fascine, la guerre 40-45 et la manière dont De Gaulle ou Churchill ont tenu bon, ainsi que la période Kennedy, pour sa façon dont il a sublimé la nation américaine et fait rêver le monde. Je suis fasciné par l’écrit et ceux qui savent le manier.
Le nouveau Boost by Borlée est situé au LegiaPark, sur les hauteurs de Liège. boostbyborlee.com