Décès du photographe américain William Klein, capteur iconoclaste de l’effervescence urbaine

Le photographe américain William Klein
Le photographe américain William Klein © Getty Images

Le photographe américain William Klein, décédé samedi à l’âge de 96 ans à Paris, a révolutionné la photographie de mode et la photographie urbaine, avec des images « coup de poing » traduisant la fébrilité et la violence des villes, au cours d’une longue carrière consacrée aussi au cinéma.

Le photographe américain William Klein, décédé samedi à l’âge de 96 ans à Paris, a révolutionné la photographie de mode et la photographie urbaine, avec des images « coup de poing » traduisant la fébrilité et la violence des villes, au cours d’une longue carrière consacrée aussi au cinéma.

Photographe mais aussi peintre, documentariste et graphiste, William Klein est considéré comme l’un des artistes les plus influents du XXe siècle. Il s’est éteint alors que s’achève une exposition rétrospective de son œuvre à l’International Center of Photography de New York.  

S’inspirant de l’esthétique brute du reportage et du style sensationnaliste des tabloïds, William Klein a bousculé les codes de la photographie de rue, mais aussi de mode, en étant l’un des premiers à faire sortir les mannequins des studios.

Décadrages, contraste exacerbé sont au rendez-vous dans son oeuvre, essentiellement en noir et blanc, où de jeunes garçons brandissent des armes à bout portant et où des visages renfrognés s’affichent en très gros plan, parfois flous.

« William Klein photographiait comme un boxeur », pour Alain Génestar, directeur de la revue spécialisée et de la galerie Polka.

Né le 19 avril 1926 à New York au sein d’une famille juive orthodoxe, le jeune Américain découvre l’Europe en faisant son service militaire et s’installe en France après sa rencontre avec le modèle et artiste Jeanne Florin, avec qui il partagera sa vie jusqu’à sa disparition en 2005.

New York underground

A l’époque, il se consacre à la peinture, après avoir étudié auprès de Fernand Léger, et s’imagine un temps architecte. 

Le déclic se produit quand il gagne au poker un Rolleiflex, son premier appareil photo: il se met à mitrailler les monuments parisiens. Ses premières photos, plutôt abstraites, tapent dans l’oeil d’Alexander Liberman, directeur artistique de Vogue qui lui propose une collaboration. William Klein a 26 ans.

De ce retour au pays natal, huit ans après, naîtra un livre culte, le décapant « Life is good and good for you in New York », sorti en France en 1956, mais longtemps dédaigné par les éditeurs américains, hostiles à l’idée de voir New York comme « un taudis ».

Grâce à ce livre, Federico Fellini le remarque et lui propose d’être un de ses assistants sur « Les Nuits de Cabiria ».

Cinéma et politique

Il en profite pour réaliser un ouvrage sur la Ville éternelle. Suivront Moscou et Tokyo pour une longue parenthèse cinéma, amorcée avec « Qui êtes-vous, Polly Maggoo ? » en 1966. Le film est une satire grinçante sur l’univers de la mode, que Klein fréquente sporadiquement, et toujours avec dérision.

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William Klein a également réalisé plus de 250 films publicitaires qui ont marqué leur époque, notamment pour Citroën, Dim, Saupiquet, Renault, Ricqlès…

Puis l’heure sera aux combats politiques avec des documentaires comme « Loin du Vietnam » (1967) et des portraits dont le plus célèbre est « Muhammad Ali the greatest » (1974). « Ce boxeur noir, converti à l’islam, avait une vraie dimension politique », disait le photographe.

Dans l’avion qui l’emmène à Miami pour rencontrer le boxeur, au début du projet, William Klein croise le leader noir Malcolm X (assassiné en 1965). 

« C’était le seul siège de libre, parce que personne ne voulait être près de lui. On s’est très bien entendus », racontait celui qui s’est beaucoup intéressé à la condition des noirs américains, aux Black Panthers et aux mouvements contestataires.

A partir des années 80, il délaisse la caméra pour le viseur, réalise plusieurs livres (« Close up », 1989, « Torino ’90 », 1990 et « In & Out of Fashion », 1994), et signe la pochette d’un album de Serge Gainsbourg, où le chanteur apparait en travesti, une cigarette à la main.

« Ma devise », rappelait le photographe, « en faisant le (livre sur) New York était: « Anything goes ». Elle me va toujours. Pas de règles, pas d’interdits, pas de limites ». 

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