1, 2, 3, 4… Ces parents racontent comment ils ont su combien ils voulaient d’enfants
Décider d’avoir un bébé, ou bien d’agrandir encore la famille, est tout sauf un jeu d’enfants. D’ailleurs, comment fait on ce choix? Quatre familles racontent comment elles ont su qu’elles étaient « complètes ».
Car si, pour certains parents, cela s’arrête à un enfant, pour d’autres, cela implique d’investir dans un monospace pour transformer toute leur joyeuse progéniture. Mais comment sait-on à combien d’enfants s’arrêter? Quatre familles racontent.
‘C’est très pénible pour nous quand des gens nous disent: “Oula, quatre?”’
Shelly De Buyst (33 ans) et Yannick Vekens (36 ans) ont 4 enfants.
Shelly: « Avec Yannick, on est ensemble depuis qu’on est ados, et on avait toujours été persuadés que plus tard, on aurait deux enfants… Jusqu’à ce qu’on devienne parents. Après notre aînée, un petit deuxième est vite arrivé, et à chaque nouveau-né que je voyais dans mon entourage, je ressentais une envie très forte d’en avoir encore un moi aussi. C’est comme ça qu’aujourd’hui, nous sommes les heureux parents de quatre enfants âgés de 4 à 9 ans, sans jamais en avoir vraiment parlé ensemble: avec mon mari, il suffit d’un regard pour qu’on comprenne ce que l’autre pense ».
Yannick: « On a fonctionné à l’instinct. On est du genre à se laisser porter, plutôt qu’à s’imposer des routines strictes, et il en va aussi ainsi de notre rapport à la parentalité. Et puis bon, en cas de problème, mes parents habitent de toute façon juste à côté (rires). Enfin, pour le moment, parce qu’on va bientôt déménager dans une maison plus grande, où chaque enfant aura sa propre chambre. Jusqu’ici, on n’avait que trois chambres à coucher, mais cela ne nous a pas empêchés d’avoir une grande famille, même si quand notre troisième est né, j’ai acheté une voiture plus grande, histoire de pouvoir parfois transporter leurs copains de classe aussi ».
Shelly: « Récemment, la soeur de Yannick est venue à la maison avec son bébé, et c’est la première fois que je me suis sentie pleinement heureuse pour une jeune maman, sans avoir envie de donner à nouveau la vie moi aussi. On entend souvent que la parentalité se simplifie quand les enfants grandissent, mais au contraire, avec tous les devoirs et activités extrascolaires à gérer, je trouve que cela demande plus d’organisation ».
Yannick: « Notre famille suscite des réactions mitigées du monde extérieur. Cela nous fait plaisir, en avion, quand des gens viennent nous dire à quel point nos enfants sont sages, ou comme notre famille est belle. Mais il y en a d’autres qui se permettent aussi un « Oula, quatre, vous n’avez pas été assez prudents? ». Quelqu’un a même déjà cru qu’on formait une famille recomposée ».
Shelly: « On a déjà dû faire face à ce genre de remarques dès ma troisième grossesse, ce qui était extrêmement pénible, parce qu’on voulait juste pouvoir se réjouir de l’arrivée de cet enfant voulu et attendu. On aime chacun de nos enfants tout autant que ses frères et soeurs, et comme je suis enfant unique, ce qui ne m’a jamais pesé, j’ai toujours rêvé d’une table remplie d’enfants, de rires et de conversations qui fusent, ce qui est devenu réalité aujourd’hui pour notre famille ».
Yannick: « Le plus compliqué, avec quatre enfants, c’est de trouver quelqu’un qui veut bien parfois s’en occuper. On entend souvent « amène les deux filles », alors que nos fils sont adorables aussi ».
‘C’était un ou aucun’
Gerlinde De Bruycker (39 ans) et Ken Smets (42 ans) ont un enfant.
Gerlinde: « Pour nous, c’était un ou aucun. On a d’ailleurs longtemps hésité avant de devenir parents, parce qu’on avait peur de perdre notre liberté. Rien que le terme « avoir des enfants » implique forcément d’en avoir plusieurs, et il m’a fallu un bon moment avant de réaliser qu’en fait, c’était tout à fait permis aussi de n’en avoir qu’un. J’ai grandi avec trois soeurs, et quand j’ai eu cette illumination, j’ai directement téléphoné à ma mère, à qui j’avais déjà parlé de mes doutes… Et elle m’a d’emblée répondu qu’en effet, avoir un enfant unique lui semblait parfait pour nous ».
Ken: « La norme est d’avoir deux enfants, mais pour nous, mettre au monde un bébé heureux et en bonne santé relevait déjà un peu du miracle, et rien ne dit que tout se passera aussi bien une seconde fois. On dit souvent que l’amour grandit au gré du nombre d’enfants, mais je ne peux pas m’empêcher de penser que les parents doivent plutôt diviser leur amour. Pareil pour leur temps disponible ».
Gerlinde: « Comme notre fille n’a ni frères ni soeurs, notre cercle familial prend une toute autre importance. On veut qu’elle grandisse entourée d’autres enfants, raison pour laquelle le week-end, on organise régulièrement des sorties avec des amis qui sont parents aussi. À nous trois, on forme une équipe solide mais souple, et n’avoir qu’un enfant permet de beaucoup plus facilement l’emmener partout avec soi. Je me sens privilégiée de pouvoir accorder toute mon attention à ma fille, ce qui ne serait pas possible si elle faisait partie d’une fratrie. En n’ayant qu’un seul enfant, c’est aussi beaucoup plus simple de demander à son partenaire de gérer seul la maison le temps d’aller voir une copine ou de faire quelques heures supplémentaires ».
Ken: « Être père a transcendé toutes mes attentes, mais il faut avoir une bonne connaissance de soi-même avant de devenir parent. Avec Gerlinde, on se voit plus comme un « couple avec un enfant » que comme une « tribu », et ça nous convient très bien ainsi.
Gerlinde: « Bien sûr que ça m’arrive de m’inquiéter du futur et de me demander si elle ne se sentira pas seule parfois, mais on choisit de vivre dans le présent. Je suis ravie d’avoir fait le choix de la maternité, parce qu’elle enrichit incroyablement ma vie, et avec un seul enfant à charge, on n’a pas dû compromettre notre liberté ».
‘Après mon premier, je n’avais pas l’impression d’avoir « terminé »’
Hannelore Vanhoudt (42 ans) a 2 enfants.
« À trente-cinq ans, j’ai fait congeler mes ovocytes. Même si j’étais célibataire à l’époque, je voulais avoir des enfants, de préférence avec un partenaire, et je me disais que cette procédure m’apporterait un peu de sérénité. Dans ma tête, mais aussi dans mes relations amoureuses, sauf qu’il s’est avéré que ce n’était pas le cas. Chaque fois que je rencontrais un homme qui me plaisait, je me demandais s’il serait potentiellement un bon père. Jusqu’au jour où une amie m’a demandé : « Et s’il s’avérait que tu étais déjà trop âgée pour tomber enceinte ? ». J’ai immédiatement pensé que je le regretterais vraiment si cela arrivait, et c’est à ce moment-là que j’ai sauté le pas en solo. J’ai dû affronter un processus de deuil et d’acceptation, mais lorsque je vois mon fils et ma fille jouer ensemble aujourd’hui, je suis confortée dans mon choix.
Mon fils était un enfant heureux qui s’endormait rapidement, mais lorsqu’il a eu un an et demi, il s’est révélé être aussi un petit bonhomme très intrépide. Il grimpait aux arbres sans crainte, roulait en trottinette dans la rue sans regarder si une voiture approchait… Ce n’est que lorsqu’il est entré à l’école maternelle que j’ai pu un peu souffler et me rendre compte que je n’en avais pas encore fini avec un seul enfant. Ce n’est pas que je rêvais particulièrement d’une voiture dont la banquette arrière serait remplie de sièges auto, mais simplement que je ne sentais pas notre famille complète. Chez moi, j’ai accroché un panneau avec la phrase : Wish it, dream it, do it (Souhaitez-le, rêvez-le, faites-le). Et c’est ainsi que j’ai décidé d’avoir un deuxième enfant.
Je m’attendais à ce que ce soit un peu plus sportif à trois. Avant ma deuxième grossesse, j’ai demandé à ma gynécologue si elle connaissait d’autres mamans solos qui avaient aussi choisi consciemment d’avoir deux enfants. Pour me préparer mentalement, et parce que mes parents n’habitent pas à proximité, je voulais surtout savoir comment elles s’y prenaient concrètement. Si vous devez emmener un enfant chez le médecin ou à la piscine, prenez-vous toujours l’autre avec vous ? Il s’est avéré que les mères avec lesquelles je me suis entretenue le faisaient en effet. De ces conversations, j’ai surtout retenu que la planification est essentielle. J’ai toujours une miche de pain dans le congélateur, et lorsque je rentre d’une sortie, je remplis immédiatement ma machine avec les vêtements de rechange et les couches lavables que j’ai utilisés.
Le plus grand avantage d’être un parent célibataire, c’est que je peux tout décider seule. En même temps, c’est aussi le plus grand inconvénient de ma situation. Mes enfants ont maintenant un et quatre ans, et il y a quelques semaines, j’étais assise avec eux aux urgences à quatre heures et demie du matin parce que l’un d’eux avait une forte fièvre. Si je partageais ma vie (et leur éducation) avec quelqu’un, peut-être qu’il m’aurait dit que je m’inquiétais pour rien, et qu’il suffisait de lui donner un autre Perdolan, mais dans ces cas-là, je ne peux que me fier à ma propre intuition.
J’aime être mère, ce qui ne veut pas dire que mes enfants sont la seule chose qui me définit. Mais je suis extrêmement reconnaissante d’avoir pu les mettre au monde, c’est pourquoi avant même la naissance de ma cadette, j’avais décidé de faire don du reste de mes ovocytes congelés à de futurs parents qui en auraient besoin pour réaliser leur rêve de parentalité. Comme ça, ils pourront connaître la même joie que moi ».
‘On ne ferme pas la porte à un 5e enfant si c’est ce que la vie nous réserve’
Sana Sellami (36 ans) et Mohamed Sellami (43 ans) ont 4 enfants.
Sana: « Je viens d’une famille de trois enfants et j’ai toujours eu envie d’en avoir plus. Avec mon mari, on n’avait pas de nombre précis en tête, mais c’était toujours certain pour nous qu’on aurait une famille nombreuse.
Nous avons eu notre premier fils alors que j’avais 20 ans et que je passais ma deuxième licence de sociologie. Ce n’était pas prévu, mais pas non plus une grossesse indésirable. Je me souviens d’avoir dû accoucher après ma session de juin et de m’être demandé si j’allais pouvoir continuer à étudier après ça. Mais grâce au soutien de Mohamed, de mes beaux-parents qui vivaient à côté à l’époque, et au fait que notre fils était un enfant facile, j’ai obtenu mon Master. Mohamed et moi sommes croyants et je suis persuadée qu’Allah vous donne ce que vous pouvez supporter dans la vie. Cette pensée me procure beaucoup de paix, même si mon quotidien est parfois trépidant. (rires)
J’étais enceinte de notre deuxième fils quand j’ai postulé pour un projet de doctorat en économie. Heureusement, mes patrons ont très bien réagi, mais peu après la naissance, mon mari est tombé gravement malade. Il a lutté pour sa vie pendant un certain temps et lorsqu’il s’est enfin rétabli, nous décidé de vivre pleinement et d’avoir un troisième enfant, une fille. J’étais contente, mais le plus important est évidemment que vos enfants soient en bonne santé. Après avoir moi-même souffert d’une paralysie nerveuse temporaire suite à mon quatrième accouchement, un autre fils, je n’ai que trop bien compris qu’une bonne santé est vraiment la seule chose qui compte. Mais je suis néanmoins très heureuse d’avoir eu une fille.
On a donc actuellement quatre enfants, âgés de 8 à 16 ans, dont les deux aînés ne veulent plus être pris en photo. (rires) Ils ont tous des devoirs à faire, et au moins deux activités extra-scolaires. « Mais comment faites-vous ? » nous demandent parfois les gens. Nous n’avons pas de formule magique, mais bien un emploi du temps hebdomadaire clair. Mon mari et moi nous répartissons les tâches et mes enfants nous aident. Avec quatre enfants, il faut savoir lâcher prise, mais le fait qu’ils soient déjà un peu plus âgés nous aide aussi. J’aime travailler, mais ma famille passe avant tout et, en tant qu’indépendante, je peux facilement adapter mes horaires en cas d’imprévu à gérer à la maison.
Nous n’excluons pas un cinquième enfant, si c’est ce que la vie nous réserve. Ils apportent tellement de joie et d’amour dans un foyer ».
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