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Sophie, maman pour la 3e fois à 43 ans - Pierre -Yves Jortay

Jeune maman à 50 ans: pourquoi la maternité tardive séduit toujours plus de femmes

Kathleen Wuyard
Kathleen Wuyard Journaliste

Faisant fi du schéma sociétal établi et des limites médicales qui leur étaient encore imposées il y a quelques années, toujours plus de Belges font le pari de la maternité tardive, donnant parfois la vie pour la première fois à l’aube de la cinquantaine.

Sabine a réalisé son désir de maternité à 45 ans grâce à un don d’ovocytes, tout comme Hermine, 45 ans aussi, qui vient de donner naissance à sa deuxième fille. Laurence, 49 ans, elle, est devenue maman il y a sept ans grâce à une PMA en Espagne. Ce sont elles, et toutes les autres femmes qu’elle reçoit dans son cabinet parisien, qui ont donné envie à la psychiatre Muriel Flis-Trèves de rédiger Pourquoi viens-tu si tard?, son exploration de l’intimité des maternités tardives. Un terme qu’elle préfère de loin à celui de «grossesses gériatriques», qu’elle qualifie de « catastrophique » et qu’il s’agirait selon elle de bannir.

Parce qu’aujourd’hui, « on n’est plus du tout la même à 40 ou 50 ans qu’on ne l’était il y a quelques années de ça », assure la psychanalyste, pour qui celles qui viennent lui faire part de leur désir de maternité ne sont rien de moins que des pionnières.

« Mes patientes sont tout sauf de vieilles femmes. Elles font du sport, elles prennent soin d’elles, et elles me disent avoir l’impression d’être des petites jeunes. Je les admire beaucoup, parce qu’elles nous ouvrent des portes sur la vie et sur un autre horizon des possibles ».

Muriel Flis-Trèves

Signe des temps: selon Statbel, une femme belge a en moyenne 31 ans à la naissance de son enfant, contre 26 ans et demi en 1998, et s’il faut en croire la patientèle du Dr Christian Moulart, ce vieillissement est appelé à se renforcer. Spécialiste des grossesses à risque, le gynécologue bruxellois confie accoucher chaque mois au moins une femme de 45 à 50 ans. Avec tout ce que ça implique: « Au début de ma carrière il y a vingt-cinq ans, on parlait de grossesse tardive dès le cap des 35 ans. Aujourd’hui, ce sera plutôt si la patiente a 49, 50 voire même 51 ans ». Un âge où la maternité est plus risquée? « C’est sûr qu’on est plus attentifs à tout ce qui est hypertension, prématurité et diabète, mais la médecine a évolué. Et de toutes façons, tomber enceinte est d’office un risque, peu importe l’âge qu’on a ». Et l’accouchement, dans tout ça?

Choisir le bon moment

Spécialiste de l’accompagnement pré- et post-natal, l’ostéopathe bruxelloise Barbara Deronchene suit toujours plus de mamans ayant passé le cap de la quarantaine, et constate que ces dernières sont plus nombreuses à devoir subir une césarienne. « Le corps prend aussi plus de temps à s’en remettre: passé 45 ans, si on ne dort pas de la nuit, c’est plus difficile qu’à 30 ans. Mais ces femmes ont fait le choix conscient de la maternité tardive, et elles ne s’en plaignent pas », assure celle qui a ouvert son cabinet en l’an 2000, et traitait alors principalement des patientes primipares âgées de 25 à 35 ans.

« Aujourd’hui, elles vont plutôt avoir entre 35 et 45 ans, parce que la société a changé, les femmes étudient plus longtemps, veulent s’épanouir dans leur carrière, et elles postposent leur désir d’enfant ».

Barbara Deronchene

Une approche que d’aucuns qualifient d’égoïste, ce que réfute Muriel Flis-Trèves: « En quoi serait-ce plus égoïste de faire un enfant à 45 ans qu’à 25 ans? Les femmes que je vois en consultation sont très informées, elles ont mûrement réfléchi leur choix, et même si ce n’est pas ça qui le motive, en décidant de se concentrer sur elles-mêmes et leurs carrières avant de passer le cap de la parentalité, elles deviennent les égales des hommes ».

Changer la temporalité

Ainsi que d’un nombre croissant de célébrités devenues visages de la maternité tardive, de Hilary Swank, maman pour la première fois de jumeaux à 48 ans, à Virginie Efira, enceinte pour la deuxième fois à 46 ans. « Ces modèles sont importants, salue la psychiatre, parce qu’ils permettent aux femmes enceintes tardivement de les prendre en exemple pour se défendre des agressions extérieures. Mes patientes me font part de critiques venues parfois de leur cercle très proche, où on ne comprend pas leur décision ».

Pas simple, d’être pionnières: « Les femmes évoluent plus vite que les mentalités », assure encore Muriel Flis-Trèves. Pour qui ces maternités au mitan de la quarantaine, voire même à l’aube de la cinquantaine, sont appelées à se généraliser: « Je ne dis pas qu’il faut absolument faire des enfants tardivement, mais je pense que la temporalité est en train de changer pour les femmes ». Que la médecine aide enfin à s’affranchir d’une horloge biologique dont le tic-tac est désormais rendu (presque) stérile par la multiplicité des possibles.

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