Et si, pour notre bien-être, la mer était encore plus puissante que la forêt?

Et si la mer était la clé de votre bien-être? Canva
Et si la mer était la clé de votre bien-être? Canva

D’après le prof de yoga belge Joachim Meire, la mer ferait de nous des personnes meilleures, à la fois plus équilibrées, plus sereines, plus fortes et plus heureuses. Il suffit de l’écouter, puis de se jeter à l’eau.

Enfant, Joachim Meire (53 ans) s’était faufilé en douce dans le delphinarium de Bruges, par la porte de service. Il y a découvert un bassin où se reposaient des phoques rescapés et, fasciné, il les a observés durant de longues minutes, sans remarquer qu’un dresseur agacé s’approchait. Pour sa défense, le garçon a affirmé qu’il venait proposer son aide après l’école et pendant les vacances pour s’occuper des animaux. Après avoir rendu des petits services, il a fini par nager avec les dauphins – un rêve de gosse réalisé à un âge précoce.

Depuis, l’appel de l’eau ne l’a jamais quitté. Adolescent, il a vendu des tee-shirts Greenpeace pour sauver les baleines et il a travaillé comme sauveteur à Blankenberge. Etudiant en soins infirmiers, il a ensuite gagné la mer Rouge, en Egypte, pour devenir instructeur de plongée sous-marine pendant trois ans. Aujourd’hui professeur de yoga reconnu internationalement, il vient de publier un livre sur les nombreux bienfaits de la mer sur notre santé et notre bien-être. Nous l’avons rencontré.

«La mer a toujours été un fil conducteur dans ma vie», confie-t-il d’emblée en dévoilant, sur son bras bronzé, le tatouage de La grande vague de Kanagawa, célèbre estampe de l’artiste japonais Hokusai.

Les vagues, elles, ne l’ont jamais quitté : «J’ai passé toute mon enfance au bord de la mer. Mes grands-parents avaient une cabine à Blankenberge. Je pouvais y rester des jours entiers. Je rêvais de devenir explorateur marin, inspiré par les documentaires du commandant Cousteau. Mais je suis heureux du chemin que j’ai suivi», sourit-il.

Une connexion instinctive avec l’eau

«Je ressens profondément ce lien, cet appel de la mer. Cousteau rêvait autrefois de faire vivre l’homme sous l’eau. Il avait même construit un village sous-marin au Soudan. Il croyait que les générations futures vivraient dans les océans. Heureusement, il a changé d’avis. Le plongeur en apnée Jacques Mayol, lui, voyait en nous un «homo delphinus», et je partage sa conviction: une mémoire aquatique sommeille en nous. Le corps humain est composé à 70% d’eau, notre plasma sanguin est très similaire à l’eau de mer, et notre cerveau baigne dans une «mer intérieure» synchronisée avec notre respiration. Quand nous plongeons notre tête sous l’eau, notre corps active un réflexe de plongée: le rythme cardiaque ralentit, les vaisseaux se contractent, et l’oxygène est redirigé vers les organes vitaux. Voilà pourquoi nous sommes tant attirés par l’eau. Même inconsciemment, nous cherchons toujours à nous en rapprocher.»

Le pouvoir apaisant de la mer

«Observez les gens à l’hôtel: ils se lèvent tôt pour avoir une place près de la piscine. Nous préférons toujours une chambre avec vue sur la mer.

Même sans entrer dans l’eau, regarder l’océan apaise.

Cela active notre système nerveux parasympathique, celui du repos, qui est souvent perturbé par notre quotidien hyperconnecté. Une étude de l’Institut flamand de la mer a été réalisée pendant la pandémie et révèle que les habitants du littoral ont vu leur anxiété augmenter de 35%, contre 49% pour ceux de l’intérieur du pays. Regarder un aquarium suffit déjà à apaiser. Alors imaginez l’effet d’un océan. On étudie même les embruns libérés par les vagues, qui pourraient avoir un effet anti-inflammatoire, voire ralentir certains cancers.»

Au service de l’immunité

«Nager dans la mer, surtout froide, est incroyablement bénéfique pour l’immunité. Le shinrin-yoku – les bains de forêt -, c’est formidable aussi, mais les sons de la mer sont encore plus apaisants que ceux des bois.

L’océan, bien qu’en mouvement constant, offre une stabilité visuelle qui retient notre attention sans effort, contrairement à la concentration requise au travail ou au volant.

La thalassothérapie? Rien de neuf. Dès le XIXe siècle, on en faisait à Blankenberge et à Ostende. Même si on recommandait aussi de boire l’eau de mer, ce qui n’était pas l’idée du siècle! Ma thalasso personnelle? Surfer. Je regarde l’humeur des vagues via une application et je fonce à la côte.»

Mieux comprendre pour agir

«Mieux comprendre les océans, c’est mieux les protéger. L’océan influence le climat et il rend la Terre habitable… Pourtant, il est en détresse. Les humains, comme les océans, ont des problèmes de respiration. Beaucoup respirent mal, trop vite. Or, une grande partie de notre oxygène provient de la mer. Les océans absorbent aussi le CO₂, mais leur capacité tampon a ses limites. Je pense que les océans sont un peu « les oubliés» de la lutte climatique. La jeunesse ignore à quel point ils souffrent. Sous l’eau, on ne voit pas les dégâts. Pourtant, la pêche industrielle dévaste des zones entières. Si cela se passait sur terre, on serait déjà dans la rue.»

La respiration des dauphins comme modèle

«Notre respiration reflète notre état. En cas de stress, elle s’accélère, déclenchant une alerte permanente dans le corps. Les techniques de respiration peuvent rétablir le calme. Les dauphins pratiquent ce qu’on appelle des «breath holds» (des apnées), une technique aussi utilisée en yoga. Elle augmente la tolérance au CO₂, améliore la circulation et donne plus de contrôle sur le souffle.»

Une mer du Nord sous-estimée

«On pense souvent aux eaux turquoises, mais notre mer du Nord a un vrai potentiel. Certes, l’architecture côtière est laide, mais certains coins restent bien préservés, comme à Surfers Paradise, du côté de Knokke. J’y ai vécu des moments magiques: en surfant, en nageant… Parfois, je croise des phoques ou des marsouins. En fait, la mer du Nord est un territoire imprévisible. Un jour calme, le lendemain déchaîné. C’est ce que j’aime.»

La meilleure cure de rajeunissement possible

«Ma montre connectée dit que j’ai 45 ans, alors que j’en ai 53. La preuve que la mer conserve, même si c’est aussi lié à mon mode de vie très actif. A Wenduine, je vois chaque jour des dames âgées se baigner, peu importe la météo. Elles restent dans l’eau autant de minutes que le nombre de degrés. L’une d’elles m’a un jour confié que cela l’aidait beaucoup mentalement. Et leur énergie est incroyable. La mer rajeunit, j’en suis convaincu.»

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