Psycho | La gratitude, ça fait du bien (sauf à la charge mentale)

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La gratitude serait l’arme ultime pour se sentir mieux. Elle nous permettrait de mieux résister au stress et d’avoir des relations plus épanouissantes. Mais elle serait aussi un piège au sein du foyer et aurait un effet retors sur la charge mentale.

Un merci sincère aurait le pouvoir de changer nos vies, selon le professeur de psychologie Robert Emmons, de l’université de Californie, dans Psychologies.com. Mais pour se faire, la gratitude (qui se cache derrière un merci sincère) doit passer par deux étapes. On doit prendre conscience du cadeau (il peut être matériel ou immatériel comme un geste ou une présence) et de ce qu’il a couté (soit l’effort qu’il a demandé). On doit, ensuite, reconnaître que cette chose qui nous fait du bien ne vient pas de soi. Elle peut venir d’une autre personne, mais aussi de la vie. La gratitude que l’on ressent va avant tout dépendre du fait qu’on ait besoin de la chose offerte et à quel point on l’apprécie. Il est donc plus question ici de taper juste, que de taper fort.

La gratitude pour se sentir mieux

La gratitude a de multiples avantages pour la personne qui la vit et pour la personne qui la reçoit. Elle est le signe qu’une autre personne se soucie de nous et fait un effort pour nous comprendre. La bonne nouvelle, c’est que pour tirer un maximum de la gratitude, on peut tout à fait l’entraîner. Par exemple en listant le plus souvent possible les raisons d’être reconnaissant et en l’exprimant aux autres. En faisant cela, on entretient et on nourrit ce sentiment qui aide « à diriger son attention vers les choses heureuses de sa vie et à la détourner de ce qui lui manque », explique encore Robert Emmons. En étant heureux avec ce qu’on a, on s’épargne l’aigreur de vouloir ce que l’on n’a pas. En se décentrant, on se met aussi moins la pression. Par ailleurs, la gratitude induit humilité et gentillesse, deux sentiments bon pour le moral et capables d’éteindre colère et ressentiment. D’ailleurs ceux qui pratiqueraient régulièrement la gratitude dorment mieux et son moins souvent malades.

Quelle place pour la gratitude à la maison (et ce que cela implique pour la charge mentale ) ?

Si les bienfaits de la gratitude sont globalement admis, ne fût-ce que parce qu’elle permet de maintenir des relations positives, il n’en va pas de même au sein du foyer. Malgré des progrès certains, dans la plupart des foyers, on ne peut que constater que la fameuse charge mentale fait que les tâches incombent encore de manière disproportionnée aux femmes dans les relations hétérosexuelles. Pourquoi, dès lors, certaines femmes se sentent-elles presque parfois obligées de féliciter leur partenaire lorsqu’il l’aide ou effectue des tâches qui devraient être partagées plus justement ? Il n’est en effet pas rare que la femme ressente de la gratitude envers son conjoint alors qu’il ne fait, après tout, que quelque chose de « normal », si les tâches étaient réparties de façon équitable.

Si elle encourage d’une certaine manière et entretient une bonne ambiance, cette gratitude spontanée est parfois mal vécue par les femmes, d’autant plus, l’inverse n’est pas toujours le cas. Cette dichotomie entre les genres dans le remerciement pourrait s’expliquer, selon certaines études, que les femmes expriment plus de gratitude que les hommes et de façon plus intense et durable. D’autres recherches suggèrent que ce serait une question de revenus, puisque ce sont ceux qui ont plus de pouvoir (et souvent les revenus les plus élevés) qui expriment moins leur gratitude.

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On notera encore que si exprimer de la gratitude peut encourager l’autre à le faire davantage, puisque cela « rappelle au partenaire sous-performant que la division du travail n’est pas juste », selon les résultats des chercheurs Jess Alberts et Angela Trethewey, de l’Université de Californie dans Berkley’s Greater Good Magazine, cela peut aussi créer des rancoeurs. En effet si, suite à des stéréotypes encore trop ancrés, certaines tâches sont considérées comme féminines, il se peut que le partenaire finisse par trouver normal de ne pas les faire, voire de s’attendre à être remercié pour ses tâches. Si la femme est systématiquement considérée comme la personne qui s’en occupe par défaut, qu’on ne la remercie jamais pour le travail effectué et que la répartition du travail est perçue comme injuste, le risque de ressentiment est grand.

La charge mentale encore trop souvent laissée aux femmes

Rappelons que la charge mentale, c’est tout ce qui concerne la planification, l’organisation, le simple fait de penser à réaliser des choses avant de les réaliser ainsi que leur suivi « , explique Géraldine Hennixdal, psychologue spécialisée en psychologie positive et coaching. Cela peut sembler élémentaire, mais la vie familiale et domestique n’est pas organisée, ou très rarement, comme une entreprise où les rôles sont attribués « , poursuit la psychologue. Résultat : c’est souvent une seule personne qui se charge de prévoir et organiser l’essentiel des tâches.  » Il s’agit le plus souvent des femmes, car les tâches domestiques sont le plus souvent encore dans leur giron. Mais cela peut être aussi le cas du parent célibataire qui doit tout prendre en charge, soit à temps plein, soit une semaine sur deux. « 

Par ailleurs, des profils de personnalité sont aussi plus prompts à prendre tout sur elles. Il s’agit, selon Géraldine Hennixdal, des personnes qui ont besoin de garder le contrôle, qui sont perfectionnistes, qui sont rigides dans les manières de faire les choses ou dans le timing, qui ont besoin de reconnaissance et/ou de valorisation par le fait d’être toujours actives, qui veulent se sentir indispensables. Et puis il ne faut surtout pas sous-estimer le rôle de l’éducation. En effet, « les hommes ressentent beaucoup d’injustice lorsqu’ils sont accusés de ne presque rien faire. ‘Je fais toujours ce que tu me demandes ! ‘. Et le problème il est là : il faut leur demander. C’est donc la femme qui doit voir et penser à ce qu’il faut faire, même si elle en délègue la réalisation pratique. Tous deux parlent de charges différentes : la réalisation et la planification, et c’est là qu’ils ne se comprennent pas et ne se sentent pas reconnus dans ce qu’ils font. « 

Pour Géraldine Hennixdal, la base d’un couple, d’une famille, est la discussion, la communication. Par exemple, alors que le mari regarde le journal télévisé au salon, alors que son épouse prépare le repas dans la cuisine, il n’est pas utile de s’énerver toute seule en tapant les casseroles et les couverts. Il faut, oui, parfois demander. Sans se fâcher ni accuser, et le faire explicitement.  » Réorganiser les habitudes familiales est tout à fait possible, mais il est souvent plus efficace d’instaurer des changements petit à petit.

Quatre conseils pour bien répartir le travail invisible à la maison

Acheter un cadeau d’anniversaire, nettoyer rapidement les toilettes ou vider le lave-vaisselle. Ce sont de petites tâches, souvent invisibles, qui consomment encore beaucoup de ce qu’on appelle la charge mentale.

Quatre conseils pour répartir la charge mentale à la maison de façon équilibrée:

N’en faites pas trop

Au début de toute relation – que ce soit avec votre partenaire, vos enfants, vos collègues ou vos beaux-parents – mesurez bien les règles tacites que vous mettez en place. Car si, au début, il peut être amusant de s’en charger cela peut sur la durée devenir pesant dit Rika Ponnet, thérapeute de couple. Par exemple, cuisiner pour l’autre, faire les courses, donner le bain à son nouveau-né peut être particulièrement plaisant. Mais si cela devient une habitude, cela se transforme en routine particulièrement difficile à changer. Il est donc important d’être prévoyant et d’y réfléchir en amont.

Donner deux adresses de contact

« Je reçois des WhatsApp’s du professeur quand Titus est malade. C’est donc moi qui vais le chercher », dit Lieselot. Et c’est la même chose pour les obligations scolaires, les invitations d’anniversaires et toutes sortes de rendez-vous qui arrivent dans une seule boîte aux lettres. Or rien ne vous empêche de donner deux adresses e-mail. Faites-le et ça peut déjà changer pas mal de choses », dit Nele Wouters, porte-parole de Child and Family. Vous recevrez ainsi aussi tous les deux un rappel pour le rendez-vous de l’enfant. »

N’intervenez pas tout de suite

« Permettez aux autres d’aider et laissez-leur le temps de le faire d’eux-mêmes. Ne surgissez pas toujours tel un djinn pour tout résoudre dit Miet Timmers, chercheuse en sciences de la famille. « Il ne trouve pas les torchons alors que vous savez parfaitement où se trouve la clé jaune de son cadenas de vélo ? He bien laissez-le chercher. »

Faites une planification

Retranscrire toutes les tâches à faire par écrit est une excellente chose, dit la psychologue Annick Van den Nest. Seulement, ne le faites pas sous forme de liste. Les listes deviennent en effet rapidement des projets sans fin. Si vous barrez deux taches, deux nouvelles seront ajoutées. C’est plus intelligent d’élaborer ensemble un planning avec ce qui est à faire aujourd’hui, demain, la semaine prochaine, voire sur le plus long terme. Cela permet une répartition claire et plus précise de la charge mentale.

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