L’abstinence, le dernier tabou?
Journaliste, Sophie Fontanel ne fait pas dans la dentelle pour aborder l’abstinence, un tabou dans notre société qui va à contre-courant d’un monde hypersexualisée. Et si cet état était finalement salutaire ?
Petite, vous vouliez…
Faire du cheval. Or mes parents ont annulé mon stage. Je me suis mise à écrire une histoire où je faisais de l’équitation. À 9 ans, j’avais compris que quand on n’a pas quelque chose, on peut le fabriquer avec son imaginaire.
Écrire est-ce une mise à nu ?
Tout mon travail littéraire consiste à montrer mon coeur et non mes entrailles. Point exhibitionnistes, mes livres parlent des autres et de la façon dont je me relie à eux. Ce n’est pas de l’autofiction. Loin d’imposer ma souffrance, je montre le chemin pour arriver à la lumière.
Votre rêve d’hier ?
Je n’ai pas eu le temps de rêver, parce que dès l’âge de 11 ans, j’ai commencé à écrire des chansons. Deux albums ont été enregistrés.
Êtes-vous une rebelle ?
D’une drôle de manière, oui. Être rebelle, c’est oser se montrer tel qu’on est, même si ça ne correspond pas à la norme. On est d’ailleurs une majorité « d’anormaux » !
Que représente le sexe pour vous ?
Malgré tout ce que j’écris, il est le coeur même de l’individu. C’est en nous et ce, qu’on fasse l’amour ou non. Cette pulsion peut nous faire souffrir, mais c’est le seul moment où la tête se vide. Le sexe reste un mystère aussi fantastique qu’insaisissable.
En quoi l’abstinence vous semble-t-elle « salutaire » ?
Quand on se casse une jambe, on se met au repos. L’abstinence permet de se protéger et de se guérir. Par où passe le désir quand on lui fait barrage ? Partout ! Si le sexe nous met en extase, l’abstinence est une façon de prendre son plaisir autrement.
Le plus grand tabou ?
Ce n’est pas tant de dire stop que d’admettre que le sexe peut être décevant. Le plaisir ne coule pas de source, tel est l’ultime tabou. Je préfère renoncer à une relation que d’inventer des choses « ordinaires » pour construire une vie sur elle.
Une caresse irrésistible ?
L’irruption de l’Autre sur votre corps ou un bisou imprévu dans le cou.
L’homme qui incarne le fantasme absolu ?
Le chef d’orchestre, dont la force est assortie à la douceur. Tout l’apprentissage des hommes consiste justement à maîtriser la force contenue.
Comment se faire du bien ?
Ma narratrice prend un bain au lait de lavande car c’est avec ce produit qu’on lave les morts. C’est ma façon de dire qu’elle renaît à la vie.
Le plus beau compliment ?
Merci pour ce livre. Son écriture m’a changée, la fin aborde d’ailleurs une ouverture.
L’amour, un miracle ?
Oui, mais le vrai miracle est celui de la confiance qu’un homme et une femme accordent l’un à l’autre.
« Qu’est-ce que c’est la liberté ? »
Ne pas juger les autres, tout en se moquant de leur jugement. L’important est d’accepter leur regard et de n’en faire qu’à sa tête. Lorsque ce livre est sorti, j’ai appris qu’un écrivain doit faire preuve de courage. S’exposer pour en parler exige un vrai don de soi.
Kerenn Elkaïm
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