Du #MeToo aux troubles du sommeil : voici ce qui nous a touchés au cours de la dernière décennie
Dormir est à nouveau tendance, les problèmes mentaux ne sont plus tabous, à l’instar des abus sexuels. La dernière décennie a été marquée par un bouleversement de l’ordre établi.
« C’est la vie »
C’est sans doute l’expression ultime de ces dix dernières années. Trump, le Brexit et autres mouvements populistes, l’État islamique, l’ingérence russe dans les élections, le débat sur le climat, la question de la pauvreté des enfants et les inégalités croissantes de revenus : les années 2010 ont été mouvementées. Si un extraterrestre avait débarqué l’année dernière, il aurait pensé que le chaos et la peur qui l’accompagne sont notre état normal. On lui aurait alors rétorqué « C’est la vie », une réponse empreinte de résignation. Une sorte de « Keep Calm et continue » efficace dans un monde turbulent. Une affirmation qui n’est presque jamais contredite car peu d’entre nous s’insurgent et se demandent si c’est vraiment la vie.
Dodo l’enfant do
Des dépressifs aux insomniaques en passant par les parents en mode survie après une nuit blanche, le Belge est accro aux somnifères. La recherche scientifique a progressé à pas de géant au cours de la dernière décennie, et les scientifiques de l’université de l’Utah ont récemment mis en lumière le rôle de certains facteurs génétiques. Le nombre de personnes qui passent par une clinique du sommeil a augmenté au cours de la dernière décennie. Nous avons été inondés de livres, d’articles, d’applications et même d’émissions de radio et de télévision sur le sujet, et les coachs en sommeil nous ont fait travailler sur une bonne hygiène du sommeil. Reste à bannir smartphones et tablettes de la chambre.
Le corps et l’esprit
Dépression, burn-out, anxiété et autres problèmes psychologiques existent depuis la nuit des temps, mais ils ne sont toujours pas traités sur un pied d’égalité avec les troubles physiques. Néanmoins, une première impulsion a été donnée dans les années 2010. De Bruce Springsteen à Billie Eilish en passant par Selah Sue et Sven Gatz, tous ont témoigné ouvertement à propos de leurs problèmes mentaux. La fondation Heads Together, initiée par les princes William et Harry, a également brisé le tabou autour de la santé mentale. Même les décideurs politiques annulent les économies annoncées dans le secteur face à de nombreuses protestations. On progresse donc, mais très lentement.
La pleine conscience
En matière de bien-être mental, nous avons vu la pleine conscience et d’autres formes de méditation exploser en popularité ces dix dernières années. À grand renfort d’ateliers, de conférences, de livres et de sites web, nous sommes guidés pour faire à peu près tout ce que nous avons à faire dans notre vie en étant pleinement conscients. La méditation bouddhiste traditionnelle a été dépouillée de ses racines spirituelles et est aujourd’hui utilisée par les médecins, psychologues et thérapeutes pour aider les personnes souffrant de douleurs, de stress ou de problèmes mentaux.
#MeToo
Le producteur de cinéma Harvey Weinstein a assuré qu’il avait surtout aidé les femmes à Hollywood. Bien essayé, mais nous nous souviendrons de lui comme de l’arbre le plus haut qui s’est effondré pendant la tempête MeToo. Depuis des millénaires, les femmes sont sifflées, pelotées, harcelées, agressées et violées ; elles considéraient l’affront à leur dignité comme une croix qu’elles devaient porter. C’est la militante Tamara Burke qui a utilisé pour la première fois le terme MeToo sur MySpace en 2006, en soutien aux victimes d’agressions sexuelles. En 2017, l’actrice Alyssa Milano a appelé sur Twitter les femmes à partager leurs expériences avec le hashtag MeToo, qui s’est diffusé dans 85 pays. Des hommes ont également témoigné et aucun secteur – de Hollywood au monde universitaire ou spirituel en passant par l’horeca – n’y a échappé. La prochaine décennie nous dira si MeToo restera un acte d’accusation superficiel ou s’il permettra d’apporter des changements radicaux.
LGBTQIAPPK+
Nous avons démarré la décennie avec le mouvement Lesbien, Gay, Bisexuel, Transgenre. Mais au cours des dix dernières années, nous y avons ajouté une longue série de lettres. Le terme Queer fait référence aux personnes dont l’orientation ou l’identité sexuelle ne correspond pas aux modèles hétéros dominants. Les Asexuels n’éprouvent pas de désirs sexuels, alors que les Pansexuels sont attirés par des personnes indépendamment de leur genre. Les Polyamoureux entretiennent plusieurs relations amoureuses et Kink est un terme qui désigne des préférences sexuelles non conventionnelles. Résultat : LGBTQIAPPK+, le plus indiquant que le genre et notre façon de l’appréhender sont fluides et le resteront pendant un certain temps.
En termes de mariages gays, de procédures d’adoption ou encore de Gay Prides, la Belgique est plutôt pionnière. Aujourd’hui, 28 pays autorisent les couples de même sexe à se marier, il y a des premiers ministres homosexuels et des personnages de série transsexuels. Même la police défile à la Gay Pride. Mais tout n’est pas rose. Dans une grande partie du continent africain, du Moyen-Orient et de l’Asie, les relations homosexuelles sont encore un crime et dans certains pays européens comme la Russie et la Pologne, on dénombre encore des cas de discrimination ouverte et souvent violente.
Traduction : virginie·dupont·sprl
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici