Le voyage qui a changé leur vie
Partir, cela n’a rien d’extraordinaire. Mais s’émerveiller, ressentir, rencontrer et vibrer au point de revenir avec de nouvelles envies, c’est la preuve d’une escapade qui fut essentielle. Voici les mots de cinq personnalités qui, un jour, en s’envolant, ne savaient pas que leur parenthèse allait influencer la suite de leur parcours ou de leur existence…
CHARLINE VANHOENACKER, journaliste et chroniqueuse belge, à la tête de l’émission de France Inter, Par Jupiter!
» Je m’étais juré que si, un jour, j’allais en Afrique, ce ne serait pas pour voir les animaux et me dorer la pilule, mais pour rencontrer des gens. Ma meilleure amie est hôtesse de l’air et, à l’époque, j’avais droit à quelques billets de complaisance à tarif réduit. Hélas, j’étais alors journaliste pigiste et je n’avais pas les moyens d’assumer les frais sur place d’un tel périple. C’est elle qui m’a parlé de l’association Aviation Sans Frontières qui proposait une mission de soutien à l’alphabétisation au Burkina Faso. J’avais 30 ans et je suis partie. Ma première impression fut double : j’avais le sentiment d’arriver sur une autre planète – c’est l’une des nations les plus pauvres au monde – et en même temps, je percevais une grande fraternité car nous partagions le français et une forme de culture et d’humanisme communs. Je me suis rapidement sentie proche des Burkinabés, tout en observant ce miroir inversé de la société occidentale. Quand il pleut en France ou en Belgique, nous râlons parce qu’il fait » dégueulasse « . Eux, ils estiment qu’il fait beau car c’est bon pour les récoltes. Idem pour l’éducation. Chez nous, l’enfant est au centre et tient le crachoir à table ; en Afrique, il reste à sa place…
Aujourd’hui, mon travail de chroniqueuse est fortement imprégné du Burkina. Cela m’a enlevé des oeillères et m’aide à relativiser l’actu. Je ne réfléchis plus dans le cadre de mes frontières mais plus globalement, au travers du prisme des relations Nord-Sud. Voir des gamins crever de faim et faire cinq kilomètres à pied, sous 45 °C, pour aller à l’école, ça transforme forcément.
Après cette expérience, j’ai pris la tête du projet d’alphabétisation et j’y suis retournée plusieurs fois chaque année. Depuis que je suis à temps plein chez France Inter, ce n’est malheureusement plus possible mais cela reste un objectif… Même si le contexte est plus compliqué, avec la proximité du Mali et le risque d’attentat djihadiste. En attendant, j’ai un peu compensé en engageant une chroniqueuse burkinabé dans mon émission. Et puis, avec les nouvelles technologies, même dans la brousse, je garde le contact. L’endroit qui est vraiment dans mon coeur, c’est la toute petite ville de Manga, à mi-chemin entre Ouagadougou et le Ghana. J’y ai passé beaucoup de temps et j’y ai des amis… L’un d’eux, Firmin, était instituteur. Il est maintenant maire d’une ville voisine. On a le même âge et on grandit un peu ensemble… Comment découvrir cette destination ? Il suffit de s’asseoir dans un maquis, une sorte de bar avec trois chaises en plastique et de la bière fraîche, et la conversation va se lier avec les locaux… Se laisser porter par l’invitation de la population, c’est le meilleur moyen d’appréhender le pays. »
JEAN-PAUL LESPAGNARD, créateur belge de mode, dont l’exposition Reflection est à découvrir au Musée Mode & Dentelle, à Bruxelles, jusqu’au 15 avril prochain.
» C’était mon premier voyage loin et seul, il y a seize ans. Je n’avais jamais quitté l’Europe, j’avais 22 ans. Un copain m’avait annoncé qu’il partait en Inde et qu’il y avait encore des billets d’avion disponibles, je suis allé à l’agence de voyage et j’en ai pris un, pour Goa. Beaucoup de gens me disaient que ce n’était pas vraiment l’Inde, mais là-bas, j’ai loué un scooter et j’ai bougé dans toute la région – à quarante kilomètres de la ville, quand on s’enfonce dans les terres, c’est l’Inde, indubitablement.
J’ai immédiatement été impressionné par le contact physique et visuel que l’on peut avoir avec les Indiens, ce n’est pas un pays où les gens sont réservés. Ils se touchent beaucoup et vous touchent aussi, mes tatouages surtout. Il y a du monde partout, qui se frôle, se bouscule, on n’est jamais seul. Même en plein milieu de la jungle, il y a toujours quelqu’un, c’est assez particulier. Mais surtout, c’était la première fois que je me confrontais à une culture complètement différente de la mienne – c’est cela que j’ai aimé, cette réalisation que ma petite vie dans ma petite Belgique, ce n’était pas le résumé du monde, qu’il était plus grand. Et cela m’a plu tout de suite de rencontrer des gens différents de moi, de parler avec eux de leur vie, de leur quotidien, de leur savoir-faire… Je me suis rendu compte qu’ils travaillaient d’une autre manière, qu’ils avaient des bases culturelles opposées aux miennes mais qu’il m’intéressait de connaître. C’est le point central de mon travail.
Bien sûr, j’ai mes influences, mais elles ne sont pas hyperdéfinies, elles sont ouvertes. Du coup, j’arrive comme un bleu partout, de manière naïve. D’ailleurs, je ne me renseigne pas trop avant de voyager, parce que je n’ai pas envie de me mettre des barrières, je n’ai absolument aucun préjugé sur rien.
TANGUY DUMORTIER, journaliste reporter d’images et présentateur du Jardin extraordinaire, le dimanche sur La Une.
» Ces sept dernières années, j’ai vécu avec ma famille à New York d’abord, puis à Hongkong ensuite, pour développer l’entreprise en Asie. Ce séjour qui vient de se terminer a totalement modifié mon approche du métier, d’un point de vue scientifique bien sûr – j’ai été bluffée par la créativité des Coréens – mais j’ai aussi pris la mesure de la complexité de ce continent. Hongkong s’était très vite imposé comme le spot idéal pour rayonner dans toute la région. Nous avons alors choisi de visiter la Thaïlande en premier car nous avions des amis qui vivaient là-bas. Nous sommes restés quatre jours dans la ferme d’agroforesterie de Tristan Lecomte, le fondateur de PUR Projet, une des associations que soutient Caudalie. Il est installé dans le nord, à Chiang Mai. Il y plante des arbres, pas seulement là d’ailleurs, avec l’aide des communautés locales, et il aide aussi les entreprises à mieux intégrer la problématique du climat dans leur business model.
Nous dormions sur des nattes de paille, nous pouvions découvrir la cuisine locale. Nous avons fait avec lui le parcours complet de la plante, depuis la collecte des graines en forêt jusqu’à la mise en terre des jeunes pousses après les semis. C’était fantastique. A ce jour, nous avons déjà financé plus de 4 millions d’arbres et nous avons signé des contrats pour 20 millions de plus. Nous avons également profité de ce voyage pour rencontrer les enfants des bidonvilles que Magali du Parc, une Française dont nous avions fait la connaissance lorsque nous habitions New York, aide à scolariser. Mon mari et mes enfants, qui sont musiciens, avaient alors donné un concert à Brooklyn pour lever des fonds pour la Baan Dek Foundation qu’a créée Magali. A Chiang Mai, ils avaient emmené leurs guitares afin de pouvoir chanter pour les gamins de l’école que nous avions cofinancée. Mon fils et mes filles ont vécu là une expérience inoubliable qui leur a ouvert les yeux. L’occasion de mesurer à quel point ils étaient privilégiés. Mais aussi de réaliser qu’ils pouvaient agir en faveur des plus démunis. On n’est jamais le même après une rencontre comme celle-là. »
MYRIAM LEROY vient de sortir son premier roman, Ariane. Une consécration pour cette plume belge qui aime se promener entre chroniques, articles ou même pièce de théâtre.
» C’était il y a une dizaine d’années. Pour le boulot, on me propose d’aller couvrir un festival de musique à Stockholm. Mais à l’époque, je suis agoraphobe à un stade extrême : c’est tout juste si je ne dois pas demander à ma mère d’aller chercher du pain à ma place à l’épicerie, tellement je supporte mal les petits espaces et la foule. Mais voilà : je suis alors une jeune journaliste, et l’opportunité est difficile à refuser. Surtout qu’avant cela, j’avais très peu voyagé. J’étais terrorisée à l’idée de prendre un avion toute seule, d’atterrir dans un pays glacial – je déteste le froid et l’hiver – et de m’aventurer en terre inhospitalière. Et puis, en arrivant à Stockholm, je ne sais pas pourquoi, mais je sens immédiatement que tout va bien se passer, que je n’aurai pas le moindre souci. Mon angoisse disparaît comme par magie. C’est difficile à expliquer, mais il y avait quelque chose qui respirait et qui rassurait. Il y a plusieurs petites villes dans la ville, toutes reliées entre elles par de l’eau. Et puis, ces éclairages de nuit, magnifiques, dégageaient une sorte de féerie, comme si des lucioles volaient dans l’air. A côté de cela, c’est un mélange de beaux bâtiments, d’excellents restos et d’adresses mode ou design remarquables. En fait, j’avais l’impression que les Suédois avaient tout inventé. Je me souviens notamment de leurs supermarchés, dont les pâtés en tube mériteraient à eux seuls une expo d’art contemporain ! Bref, ce fut comme une renaissance. Certes, je n’ai toujours pas guéri mon agoraphobie, mais cette expérience a été un déclic, le début d’une passion pour les destinations qui offrent des configurations touristiques peu banales. Je suis partie en Birmanie, alors ultrafermée au tourisme, puis en Albanie, qui n’intéresse pas grand-monde, ou encore en Israël et en Palestine. J’ai aussi fait la Malaisie ou le Cambodge en sac à dos… Et aujourd’hui, je suis devenue assez friande des contrées peu prisées. Grâce à Stockholm, j’ai développé un intérêt pour les choses qui, dans les villes, échappent aux yeux des visiteurs, comme les bâtiments à l’abandon où la nature reprend ses droits. Les trucs » infra-ordinaires « . D’ailleurs, dans mon roman Ariane (éditions Don Quichotte), j’ai planté le décor dans le Brabant wallon qui, l’air de rien, possède aussi son esthétisme et, si on le regarde bien, son exotisme… »
Et puis, ces éclairages de nuit, magnifiques, dégageaient une sorte de féerie, comme si des lucioles volaient dans l’air. A côté de cela, c’est un mélange de beaux bâtiments, d’excellents restos et d’adresses mode ou design remarquables. En fait, j’avais l’impression que les Suédois avaient tout inventé. Je me souviens notamment de leurs supermarchés, dont les pâtés en tube mériteraient à eux seuls une expo d’art contemporain ! Bref, ce fut comme une renaissance. Certes, je n’ai toujours pas guéri mon agoraphobie, mais cette expérience a été un déclic, le début d’une passion pour les destinations qui offrent des configurations touristiques peu banales. Je suis partie en Birmanie, alors ultrafermée au tourisme, puis en Albanie, qui n’intéresse pas grand-monde, ou encore en Israël et en Palestine. J’ai aussi fait la Malaisie ou le Cambodge en sac à dos… Et aujourd’hui, je suis devenue assez friande des contrées peu prisées. Grâce à Stockholm, j’ai développé un intérêt pour les choses qui, dans les villes, échappent aux yeux des visiteurs, comme les bâtiments à l’abandon où la nature reprend ses droits. Les trucs » infra-ordinaires « . D’ailleurs, dans mon roman Ariane (éditions Don Quichotte), j’ai planté le décor dans le Brabant wallon qui, l’air de rien, possède aussi son esthétisme et, si on le regarde bien, son exotisme… »
» Quand j’ai quitté le J.T., je suis allé rejoindre mon ex-femme au Rwanda, où elle travaillait. J’ai toujours aimé faire des photos et on m’avait prêté un peu de matos. Donc, comme je n’avais ni obligation, ni gamins, je suis parti là-bas pour faire quelques sujets nature pour la RTBF. Coup de bol, un collègue m’a alors dit : » Moi, je vais dans l’est du Congo, c’est à peine à deux ou trois heures de route, viens avec moi ! » J’étais censé partir une année, mais finalement, j’ai voyagé pendant presque quatre ans, beaucoup au Congo, mais aussi en Ouganda, au Tchad, au Niger, au Burkina. J’ai pu tourner dans des endroits hallucinants.
Du côté de Goma, la région sortait juste d’une guerre et plus personne ne voulait y aller, ça puait la mort partout. Je ne croisais une autre équipe que tous les six mois, alors que j’étais dans une région objectivement exceptionnelle, en plein Parc national des Virunga : un truc de fou furieux de 800 000 hectares, avec des volcans en activité, des glaciers, des gorilles de plaine et de montagne, des chimpanzés. Aujourd’hui, ça m’aurait coûté 150 000 dollars, là il n’y avait personne. Mais à côté de ça, il y avait des moments chauds, le temps du tournage d’un reportage sur les gardes du parc, quinze mecs se sont fait tuer. Le pire, c’est qu’on s’y habitue. J’ai passé deux ans à leurs côtés. A la fin, je faisais partie du décor. J’étais seul avec eux, on remontait la piste, on allait dans les nids où les grands singes avaient dormi la nuit… Tu te retrouves au coeur de l’Afrique, en train de filmer un animal sauvage, c’est une montée d’adrénaline géniale. Le contraste entre cette nature incroyable et le chaos qui règne à Goma, la richesse des régions et la pauvreté des gens, c’est vraiment saisissant.
Ce pays est tellement grand, tu rebondis de porte en porte, on t’envoie d’un bout à l’autre pour voir et filmer des tas de choses. On a vu des endroits fabuleux, je suis allé dans la neige congolaise, j’ai dormi plusieurs nuits au sommet d’un volcan, j’ai vu des troupeaux de 500 éléphants, peu de gens sur la planète peuvent en dire autant. Et après quatre ans, on a fini sur les plages du fleuve Congo, on avait traversé le pays d’est en ouest. J’ai adoré descendre ce fle
MATHILDE THOMAS, cofondatrice de la marque de cosmétiques Caudalie, membre de l’association 1 % for the Planet, impliquée dans la protection de l’environnement.
» Ces sept dernières années, j’ai vécu avec ma famille à New York d’abord, puis à Hongkong ensuite, pour développer l’entreprise en Asie. Ce séjour qui vient de se terminer a totalement modifié mon approche du métier, d’un point de vue scientifique bien sûr – j’ai été bluffée par la créativité des Coréens – mais j’ai aussi pris la mesure de la complexité de ce continent. Hongkong s’était très vite imposé comme le spot idéal pour rayonner dans toute la région. Nous avons alors choisi de visiter la Thaïlande en premier car nous avions des amis qui vivaient là-bas. Nous sommes restés quatre jours dans la ferme d’agroforesterie de Tristan Lecomte, le fondateur de PUR Projet, une des associations que soutient Caudalie. Il est installé dans le nord, à Chiang Mai. Il y plante des arbres, pas seulement là d’ailleurs, avec l’aide des communautés locales, et il aide aussi les entreprises à mieux intégrer la problématique du climat dans leur business model.
Nous dormions sur des nattes de paille, nous pouvions découvrir la cuisine locale. Nous avons fait avec lui le parcours complet de la plante, depuis la collecte des graines en forêt jusqu’à la mise en terre des jeunes pousses après les semis. C’était fantastique. A ce jour, nous avons déjà financé plus de 4 millions d’arbres et nous avons signé des contrats pour 20 millions de plus. Nous avons également profité de ce voyage pour rencontrer les enfants des bidonvilles que Magali du Parc, une Française dont nous avions fait la connaissance lorsque nous habitions New York, aide à scolariser. Mon mari et mes enfants, qui sont musiciens, avaient alors donné un concert à Brooklyn pour lever des fonds pour la Baan Dek Foundation qu’a créée Magali. A Chiang Mai, ils avaient emmené leurs guitares afin de pouvoir chanter pour les gamins de l’école que nous avions cofinancée. Mon fils et mes filles ont vécu là une expérience inoubliable qui leur a ouvert les yeux. L’occasion de mesurer à quel point ils étaient privilégiés. Mais aussi de réaliser qu’ils pouvaient agir en faveur des plus démunis. On n’est jamais le même après une rencontre comme celle-là. »
MYRIAM LEROY vient de sortir son premier roman, Ariane. Une consécration pour cette plume belge qui aime se promener entre chroniques, articles ou même pièce de théâtre.
» C’était il y a une dizaine d’années. Pour le boulot, on me propose d’aller couvrir un festival de musique à Stockholm. Mais à l’époque, je suis agoraphobe à un stade extrême : c’est tout juste si je ne dois pas demander à ma mère d’aller chercher du pain à ma place à l’épicerie, tellement je supporte mal les petits espaces et la foule. Mais voilà : je suis alors une jeune journaliste, et l’opportunité est difficile à refuser. Surtout qu’avant cela, j’avais très peu voyagé. J’étais terrorisée à l’idée de prendre un avion toute seule, d’atterrir dans un pays glacial – je déteste le froid et l’hiver – et de m’aventurer en terre inhospitalière. Et puis, en arrivant à Stockholm, je ne sais pas pourquoi, mais je sens immédiatement que tout va bien se passer, que je n’aurai pas le moindre souci. Mon angoisse disparaît comme par magie. C’est difficile à expliquer, mais il y avait quelque chose qui respirait et qui rassurait. Il y a plusieurs petites villes dans la ville, toutes reliées entre elles par de l’eau. Et puis, ces éclairages de nuit, magnifiques, dégageaient une sorte de féerie, comme si des lucioles volaient dans l’air. A côté de cela, c’est un mélange de beaux bâtiments, d’excellents restos et d’adresses mode ou design remarquables. En fait, j’avais l’impression que les Suédois avaient tout inventé. Je me souviens notamment de leurs supermarchés, dont les pâtés en tube mériteraient à eux seuls une expo d’art contemporain ! Bref, ce fut comme une renaissance. Certes, je n’ai toujours pas guéri mon agoraphobie, mais cette expérience a été un déclic, le début d’une passion pour les destinations qui offrent des configurations touristiques peu banales. Je suis partie en Birmanie, alors ultrafermée au tourisme, puis en Albanie, qui n’intéresse pas grand-monde, ou encore en Israël et en Palestine. J’ai aussi fait la Malaisie ou le Cambodge en sac à dos… Et aujourd’hui, je suis devenue assez friande des contrées peu prisées. Grâce à Stockholm, j’ai développé un intérêt pour les choses qui, dans les villes, échappent aux yeux des visiteurs, comme les bâtiments à l’abandon où la nature reprend ses droits. Les trucs » infra-ordinaires « . D’ailleurs, dans mon roman Ariane (éditions Don Quichotte), j’ai planté le décor dans le Brabant wallon qui, l’air de rien, possède aussi son esthétisme et, si on le regarde bien, son exotisme… »
Et puis, ces éclairages de nuit, magnifiques, dégageaient une sorte de féerie, comme si des lucioles volaient dans l’air. A côté de cela, c’est un mélange de beaux bâtiments, d’excellents restos et d’adresses mode ou design remarquables. En fait, j’avais l’impression que les Suédois avaient tout inventé. Je me souviens notamment de leurs supermarchés, dont les pâtés en tube mériteraient à eux seuls une expo d’art contemporain ! Bref, ce fut comme une renaissance. Certes, je n’ai toujours pas guéri mon agoraphobie, mais cette expérience a été un déclic, le début d’une passion pour les destinations qui offrent des configurations touristiques peu banales. Je suis partie en Birmanie, alors ultrafermée au tourisme, puis en Albanie, qui n’intéresse pas grand-monde, ou encore en Israël et en Palestine. J’ai aussi fait la Malaisie ou le Cambodge en sac à dos… Et aujourd’hui, je suis devenue assez friande des contrées peu prisées. Grâce à Stockholm, j’ai développé un intérêt pour les choses qui, dans les villes, échappent aux yeux des visiteurs, comme les bâtiments à l’abandon où la nature reprend ses droits. Les trucs » infra-ordinaires « . D’ailleurs, dans mon roman Ariane (éditions Don Quichotte), j’ai planté le décor dans le Brabant wallon qui, l’air de rien, possède aussi son esthétisme et, si on le regarde bien, son exotisme… »
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