L’Orient-Express renaît de ses cendres
Remises sur les rails après avoir été retrouvées à la frontière biélorusse, les somptueuses voitures art déco de l’Orient-Express devraient reprendre du service pour des croisières ferroviaires de luxe à travers l’Europe en 2025. D’autres itinéraires sont aussi sur le point d’être lancés.
« Le rêve se réalise! » Remises sur les rails après avoir été retrouvées à la frontière biélorusse, les somptueuses voitures art déco de l’Orient-Express doivent être complètement rénovées avant de reprendre des croisières ferroviaires de luxe à travers l’Europe, en 2025.
C’est maintenant le groupe hôtelier Accor qui est à la manœuvre. Il vient de prendre le contrôle total d’Orient Express, la société chargée de faire fructifier l’héritage du mythique train de luxe qui emmenait à la Belle époque les voyageurs aisés jusqu’à Constantinople (Istanbul). « La légende est de retour », s’enthousiasme le vice-président de la société Guillaume de Saint Lager.
Il veut d’abord rénover « 17 voitures historiques de l’Orient-Express, dans une version totalement fantasmée de ce qu’a été ce train, à la fois contemporaine et art déco ». Un peu d’histoire: à la disparition de l’Orient-Express historique (Paris-Istanbul) en 1977, le voyagiste suisse Albert Glatt a voulu continuer l’aventure avec un Nostalgie-Istanbul-Orient-Express, qui sombrera en tentant d’aller jusqu’à Tokyo par les voies du Transsibérien. Ce train était tombé dans l’oubli, jusqu’à ce que l’historien Arthur Mettetal le localise en 2015 en Pologne, à la frontière biélorusse.
Jardin d’hiver
Ses 13 voitures art déco étaient dans un état étonnamment bon. « Aucun tag, très peu de dégradations. Il y a eu des vols de cuivre, mais les panneaux de verre Lalique, qui sont pourtant facilement démontables, étaient intacts », avait raconté M. Mettetal à l’AFP en 2019. La SNCF était alors propriétaire d’Orient Express, dont elle avait racheté la marque à la Compagnie internationale des wagons-lits en 1977. Après de longues négociations, elle a fini par racheter le « train Glatt ». Entretemps, la compagnie avait cédé 50% de la société Orient Express à Accor en 2017. Et elle vient de lui vendre le reste. « Une cession logique à un moment où SNCF Voyageurs doit dégager des ressources pour affronter les conséquences de la crise sanitaire », explique un porte-parole du groupe public. Or, l’activité d’Orient Express est plus hôtelière et touristique que ferroviaire.
Le « train Glatt » a été complété avec d’autres voitures authentiques de l’entre-deux-guerres, ce qui permettra à M. de Saint Lager d’aligner 12 « voitures suites » – dont une suite présidentielle avec une baignoire -, une voiture restaurant, une voiture bar, une « voiture jardin d’hiver » et 2 voitures de service.
Concilier Lalique et wifi
Il s’agit maintenant de les retaper. Et plus que ça, puisqu’il veut « créer un décor qui soit impossible à dater, complétement à la confluence entre l’art déco et le contemporain ». Un projet confié à l’architecte Maxime d’Angeac, qui doit concilier Lalique et wifi. « Il faut que le passager se demande, en montant à bord, si ça a été fait en 1930 ou aujourd’hui », insiste-t-il. « Toute la technologie sera dissimulée, vous n’aurez pas d’écran de télévision trônant dans votre chambre! » Les premières voitures, confiées à des artisans français, seront dévoilées en marge des jeux Olympiques de 2024, dit-il, préférant ne pas parler d’argent. Quant au lancement commercial, M. de Saint Lager l’envisage « début 2025 ». « Ce qui est certain, c’est que le départ sera à Paris. Et Istanbul fera partie du voyage! »
D’ici là, il compte lancer « Orient Express La Dolce Vita », un autre train de luxe qui doit se balader en Italie à partir de « début 2024 », avec des voitures des années 1970 de Trenitalia relookées par le studio de design Dimorestudio.
Et deux très beaux hôtels doivent rouvrir avec le label Orient Express, à Rome et Venise. Sur le même créneau, Le Puy du Fou veut lancer « Le Grand Tour » à l’été 2023, un train racheté à la Deutsche Bahn et transformé en hôtel roulant belle époque, qui se promènera en France.
Et bien sûr, il reste le Venice-Simplon-Orient-Express, autre héritier – sans en posséder la marque – du célèbre train. Exploité par le groupe Belmond (LVMH), il multiplie désormais les escapades en Europe. Pour aller de Paris à Istanbul en cinq jours, il faut compter 35.000 livres (41.600 euros) pour une cabine double, départ le 25 août à 15H53.
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