Marrakech, Mecque en devenir pour les amateurs d’art
Après le Festival International du Film, Marrakech accueille désormais aussi une foire d’art contemporain de prestige, qui contribue à asseoir la réputation de la ville ocre en tant que destination artistique.
Le rendez-vous est « incontournable », s’exclame un exposant. En plus de stimuler la scène artistique à Marrakech, la foire d’art contemporain africain 1-54 mise sur la renommée de la ville touristique marocaine pour faire connaître les artistes d’Afrique. Trente galeries de 14 pays africains et européens ont présenté du 30 janvier au 2 février les oeuvres de leurs protégés dans l’espoir d’attirer l’oeil des collectionneurs ou institutions muséales internationales.
Ce qui distingue la 1-54 d’autres manifestations, explique la galeriste sénégalaise Aïssa Dione, c’est le fait qu’il s’agisse d' »un espace restreint, très exclusif », qui « donne donc plus de visibilité ».
« Nous avons eu un excellent retour sur nos artistes, c’est important car une foire ce ne sont pas uniquement les ventes mais également le développement du relationnel avec de futurs clients », explique à l’AFP la fondatrice de la galerie Atiss Dakar.
A l’issue de la foire, elle a vendu trois oeuvres pour 30.000 euros. L’édition a également été « un succès » pour la directrice de la Galerie 38, Canelle Hamon-Gillet.
« On est très contents car il y a eu une très bonne synergie autour de nos artistes et on a vendu six oeuvres », confie-t-elle, sans vouloir communiquer le montant des ventes réalisées.
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La 1-54, ainsi nommée en référence aux 54 pays de l’Afrique, a été créée à Londres en 2013 dans une volonté de donner « une plus grande visibilité aux artistes africains dans le monde de l’art contemporain », dit à l’AFP sa fondatrice Touria El Glaoui. Après le succès à Londres, la foire part à la conquête de l’Est américain avec l’édition new-yorkaise dès 2015 puis Marrakech en 2018.
« Il y a une diversité qui est offerte par le Maroc, par sa situation géographique, mais aussi par son offre (touristique) qui nous permet d’avoir des collectionneurs qui viennent du monde entier », explique l’entrepreneure franco-marocaine, précisant que l’édition de Marrakech vend en moyenne « quelques millions de dollars ».
« Une forme d’intimité »
Aux antipodes des grandes foires comme la Fiac à Paris ou Art Basel et ses éditions à Bâle, Miami et Hong Kong, la petite échelle de la 1-54 Marrakech – qui attire en moyenne 10.000 visiteurs dont 3.000 étrangers – semble séduire.
« Dans les grandes foires, les galeristes ont une telle pression financière, on se sent un peu harcelé lorsqu’on est collectionneur comme moi », confie Claude Grunitzky, un entrepreneur togolais venu spécialement de New York pour la 1-54.
« Ce que j’aime à Marrakech, c’est qu’il y a une forme de convivialité et d’intimité qui permet aussi de découvrir des artistes qu’on ne connaît pas », ajoute cet habitué de la foire, membre du conseil d’administration du prestigieux musée américain MoMa PS1 à New York.
Si des noms connus sont présents comme l’artiste ghanéen Amoako Boafo (dont un portrait a été acquis par l’institution muséale britannique Tate), la foire offre surtout à voir des artistes émergents.
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Il y a de la photographie expérimentale avec l’artiste éthiopienne Maheder Haileselassie Tadese, de la sculpture avec la céramiste sudano-somalienne Dina Nur Satti et énormément de peintures figuratives avec notamment les peintres nigériane Chigozie Obi ou ghanéen Adjei Tawiah.
Des « bonds gigantesques » à Marrakech
« Je trouve exceptionnel le dynamisme que cette foire apporte sur toute la scène africaine », s’enthousiasme l’artiste franco-marocaine Margaux Derhy, qui présente des portraits sur toiles brodées à la main avec la galerie marocaine Atelier 21.
La scène artistique marocaine profite également de l’attractivité de la foire (et ses clients étrangers) en organisant parallèlement des expositions ou des visites d’ateliers.
« Si nos visiteurs ne faisaient que la 1-54, ils y passeraient une heure et il n’y aurait plus rien à voir », plaisante Touria El Glaoui.
Quelques galeries, basées à Casablanca, ont même décidé d’ouvrir des espaces à Marrakech comme la Galerie 38.
Pour son fondateur Fihr Kettani, « la foire est désormais un rendez-vous incontournable ». « Elle a été un des facteurs qui nous ont poussés à nous installer à Marrakech, qui a réalisé ces dernières années des bonds gigantesques en termes d’attractivité artistique ».
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