Les hôtels recherchent personnel, à la veille de la saison estivale

Vue sur le palace le Gstaad

La saison estivale en Suisse se présente sous un meilleur jour après deux années de pandémie, mais les hôteliers sont confrontés à une pénurie de personnel pour accueillir les touristes qui vont revenir visiter les Alpes.

Selon le baromètre de l’emploi publié lundi par l’office fédéral de la statistique, l’hôtellerie et la restauration sont, avec les métiers de l’informatique, les secteurs qui peinent le plus à pourvoir les postes proposés.

Dans un marché du travail tendu, les hôteliers suisses peinent à recruter aussi bien des cuisiniers que des serveurs, réceptionnistes ou personnel pour les spas dans les hôtels de luxe.

« Nous avons à nouveau les hôtes », a souligné Claude Meier, le directeur d’HotellerieSuisse, la fédération hôtelière, qui se félicite de la reprise de l’envie de voyager. « Mais maintenant nous manquons de personnel », a-t-il regretté auprès de l’AFP lors d’un salon hôtelier à Zurich.

En dix ans, le nombre d’apprentis-cuisiniers a baissé de plus de 30%, a précisé M. Meier. Selon lui, cette pénurie de personnel est un problème structurel lié au vieillissement de la population et au manque de recrues pour prendre la relève que la pandémie a accentué. 

« Le secteur du tourisme a été très touché », retrace M. Meier, en expliquant qu’une partie du personnel, à force de chômage partiel et d’incertitudes, a fini par se tourner vers d’autres métiers, perçus comme plus sûrs. « Mais il y a aussi les parents qui s’inquiètent et préfèrent voir leurs enfants s’orienter vers d’autres apprentissages », constate-t-il.

Si les salaires plus élevés en Suisse peuvent donner un coup de pouce pour trouver des candidats dans les pays voisins, cette solution a toutefois ses limites, reconnaît-il, le vivier étant maigre dans la mesure où les autres pays européens sont eux-mêmes confrontés à une pénurie de cuisiniers et de serveurs.

Spa avec vue sur les montagnes suisses

Aide à la reconversion

Cette pénurie de personnel force les hôteliers à trouver des remèdes à court terme, comme faire tourner la conciergerie avec moins de personnel ou revoir les menus pour faciliter les tâches en cuisine, cite-t-il en exemple.

Mais la fédération hôtelière multiplie les pistes pour trouver des solutions à long terme. Elle réfléchit notamment à une semaine de quatre jours pour permettre un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle dans ce secteur où les contraintes horaires rebutent souvent les candidats.

Elle a également lancé un projet d’aide à la reconversion, y compris des plus de 50 ans, pour encourager les salariés d’autres secteurs à rejoindre l’hôtellerie.

Malgré la pression sur les salaires, investir dans le personnel reste indispensable pour maintenir la qualité des prestations, insiste M. Meier. « La Suisse est une destination où les prix sont élevés. La conséquence est que cela doit être compensé par la qualité », explique-t-il.

Sur les stands du salon hôtelier de Zurich, les grossistes et fournisseurs qui venaient présenter aussi bien du mobilier de jardin pour les terrasses que de la vaisselle ou des confitures pour les petits déjeuners constatent tous une reprise de la demande à l’approche de l’été.

« La demande repart dans l’hôtellerie de vacances, mais plus lentement dans l’hôtellerie d’affaires », note cependant Joel Striegel, responsable commercial chez Ada Cosmetics, un fabricant de savon et shampoing qui propose une large gamme de produits bio et vegans. Comme de nombreux professionnels du secteur, il s’attend à ce que l’hôtellerie d’affaires prenne plus de temps à se redresser avec la réduction des déplacements professionnels de courte durée pour les rendez-vous, qui se font désormais plutôt en visioconférence.

Selon Martin Nydegger, directeur de Suisse Tourisme, l’agence nationale de promotion du tourisme, la saison estivale devrait être marquée par un retour des touristes européens mais aussi des américains.

« Avec l’invasion de l’Ukraine le 24 février, le réflexe a été de penser que cela allait peser négativement. Mais c’est la grande surprise. Les Américains sont de retour, d’après ce que nous disent les hôteliers », se félicite-t-il.

Selon une étude de l’institut BAK Economics pour le ministère suisse de l’Economie, le nombre de nuitées hôtelières durant l’été devrait se redresser de 13% par rapport à 2021, mais le secteur ne retrouvera ses niveaux d’avant-pandémie qu’à l’hiver 2023/2024, d’après ses projections.

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