Comment faire de sa terrasse un véritable jardin?
Près d’un Belge sur quatre vit en appartement. Parmi eux, beaucoup rêvent de transformer leur terrasse en coin de verdure. Nos experts livrent ici leurs meilleurs conseils pour un éden suspendu.
Un endroit sympa pour prendre l’apéro, bouquiner, manger ou recevoir des invités: le balcon est souvent multifonctionnel. Mais pourquoi ne pas joindre l’utile à l’agréable, en le rendant également verdoyant, pour offrir une vue agréable depuis l’intérieur? Même quelques mètres carrés peuvent être ornés de jolis pots. Il suffit d’un brin d’imagination… et aussi de motivation! Histoire de ne pas perdre de temps et d’argent, nos spécialistes aux mains vertes nous livrent leurs bonnes idées pour planter, sans se planter.
1. Evaluer la situation
Il faut réfléchir avant de passer à l’action, conseille Kim Nelissen, mieux connue sur Instagram sous le pseudo @moesmeisje, spécialiste des petits jardins de ville durables. « Superficie, situation, ensoleillement, tout est important. Des plantes qui ont besoin de beaucoup de soleil, ou au contraire d’ombre, ça tombe sous le sens, mais certains balcons prennent beaucoup le vent, ce qui ne convient pas à certaines espèces.
Un balcon venteux à la mer, où le sel est aussi présent, exige donc une autre approche qu’un havre citadin protégé. La balustrade joue aussi un rôle : en pierre ou en béton, elle projettera une ombre sur la terrasse, alors qu’une rambarde en métal laisse vent et soleil passer et qu’un garde-corps en verre crée un effet de serre. Dans de nombreux appartements, la terrasse se situe aussi sous une autre plate-forme et reçoit donc peu de pluie. Chaque plante prospère dans des conditions particulières, il faut y être attentif. »
Point crucial avant de se lancer : savoir quel poids par mètre carré peut supporter le balcon ou la terrasse, grâce aux plans par exemple, comme le souligne Marguerite Ferry, jardinière paysagiste bruxelloise: « Lorsqu’on aménage une terrasse, il ne faut pas seulement prendre en compte le poids du bac mais aussi celui de la terre sèche et mouillée. Les architectes calculent la portance en imaginant les pires conditions météorologiques, telles que la pluie, la neige ou encore la glace… »
2. Décider d’un parti
Sur une petite surface, il faut faire des choix, indique Kim Nelissen. « Préfère-t-on un lieu où se poser ou surtout un décor? Des teintes apaisées ou des tons francs? Un style minimaliste à la japonaise, un jardinet méditerranéen, luxuriant et bigarré, ou encore un potager ? Un lieu qui traverse les saisons ou surtout animé aux beaux jours? Certains appartements disposent de deux balcons et souvent le moins ensoleillé devient un endroit un peu triste où l’on stocke les poubelles. C’est dommage parce que là justement, on pourrait créer un joli tableau verdoyant avec des plantes (d’ombre). »
Les plantations en terrasse permettent aussi de réguler l’intimité. On peut vouloir garder la vue sur un bel arbre voisin ou au contraire occulter avec des végétaux un mur ou une vue disgracieuse juste en face. Et bien sûr limiter les regards des voisins ou des passants. Pour Marguerite Ferry, on peut aussi juste simplement « détourner l’attention »: « Il ne faut pas automatiquement mettre un paravent qui va créer un effet écran. Parfois, il suffit de placer un banc qui tourne le dos à ce que l’on veut cacher, afin d’orienter la vue. »
Tout est en tous cas une question d’optimisation de l’espace. « J’ai un petit banc de jardin avec des bacs à plantes sur ma terrasse, explique Kim Nelissen. Il y a donc des fraises qui pendent au-dessus de ma tête quand je m’y assois. On oublie souvent qu’on peut travailler en hauteur; c’est utile sur une petite surface. » Quelques variétés de plantes qui poussent haut sans s’étendre: les graminées, les roses trémières et les molènes… On peut aussi placer des plantes grimpantes contre la façade.
Il est aussi crucial, sur un espace restreint de penser aux odeurs… Le jasmin et le chèvrefeuille dégagent un doux parfum en soirée, par exemple, et la lavande prospère bien sur un balcon ensoleillé où il pleut peu. « Si l’on désire des fleurs mais aussi des plantes comestibles, on peut miser sur des herbes aromatiques, conseille Kim Nelissen. Elles sont multi-fonctions: belles, souvent avec un feuillage persistant en hiver et robustes, délicieuses, elles sentent bons et elles attirent les abeilles. »
3. Réfléchir au mobilier
Concernant les meubles, c’est une question de goût et de budget. Marguerite Ferry préfère laisser son mobilier dehors même en hiver car cela lui rappelle l’été: « J’essaie de trouver des modèles résistant aux intempéries, voilà pourquoi je privilégie le métal plutôt que le bois, qui s’use assez facilement. Le métal est plus durable mais aussi plus fin, plus léger et donc s’adapte très bien aux petits espaces. Pourquoi ne pas chiner des vieilles tables de café qui ajouteraient un charme fou et qui seraient très résistantes ? »
Si l’on souhaite ajouter de la couleur, elle conseille d’opter pour des touches dans le mobilier et d’avoir des bacs à plantes dans des tons plus neutres. « Ce type de contenants mettra bien plus en valeur les végétaux que des bacs colorés qui pourraient vite perturber l’effet apaisant recherché. »
4. Choisir ses plantes
Le plus important est de bien choisir ses espèces insiste Kim Nelissen. « Les gens achètent souvent des plantes parce qu’ils les trouvent belles et puis ils s’étonnent qu’elles ne se portent pas bien. Il est nécessaire de s’informer. Cette plante a-t-elle une chance de survivre dans les conditions qui l’attendent ? Sur un balcon où il fait étouffant en été, il vaut mieux opter pour des plantés méditerranéennes qui vont résister à la chaleur et la sécheresse et ne pas brûler. Une terrasse au nord est l’endroit parfait pour des hostas, par exemple.
Il faut aussi voir l’ambiance souhaitée en termes de teintes, mais aussi d’occupation de l’espace, épuré ou plus sauvage. « On peut utiliser plusieurs fois une plante que l’on trouve belle. En plaçant des variétés différentes dans un seul bac, l’effet sera plus animé et sauvage. Avec un bloc d’une seule espèce, le résultat sera plus apaisant », résume l’influenceuse, qui se veut néanmoins rassurante. « Jardiner, que ce soit sur un balcon ou ailleurs, permet d’apprendre à gérer ses échecs, dit-elle. Il faudra voir ce qui marche ou pas. La déception fait partie du processus, mais heureusement il y a aussi de bonnes surprises. »
« Il y a aussi la question du feuillage, persistant ou caduc, avertit Marguerite Ferry. J’essaie de faire un mix des deux : 60% de persistant et 40% de caduc. Voire même 80% – 20% parce qu’avoir des bacs vides, c’est vraiment triste. Toutefois, on ne peut pas se passer totalement des plantes au feuillage caduc, car sans elles, on ne ressentirait pas le passage des saisons. Observer les bourgeons apparaître fait partie du plaisir d’être entouré de verdure et apporte beaucoup de détente. »
5. Ne pas négliger l’entretien
Le jardinage, ça prend du temps et de l’énergie, souligne Bart Haverkamp du studio d’architecture de jardin Bart&Pieter: «Si vous n’avez pas beaucoup de temps, choisissez des plantes vivaces, qui se renouvellent chaque année seules. Des herbes aromatiques ou des plantes comme des iris, des euphorbes ou la verveine ne demandent pas beaucoup de travail. Ainsi aussi des roses trémières et du sumac de Virginie.»
Kim Nelissen complète la liste des plantes faciles à gérer: «Le géranium fleurit pendant plusieurs mois, et les arbres qui restent petits sont moins exigeants en entretien et peuvent très bien pousser en bacs.»
Un balcon non exposé à la pluie nécessite davantage d’entretien. Le vent peut assécher les plantes, tout comme le soleil. Pour une exposition plein nord, arroser deux fois par semaine suffit. En revanche, pour un balcon plein sud, il est nécessaire d’arroser quotidiennement par temps chaud. Marguerite Ferry estime que la meilleure approche est l’observation.
«Il vaut mieux arroser avec parcimonie. A moins qu’elle ne soit grillée, votre plante ne succombera pas au premier excès de chaleur. Un bon indicateur est de vérifier l’humidité de la terre en enfonçant son doigt: si elle est sèche, il est temps d’y mettre de l’eau. L’arrosage automatique est une option pratique et écologique. Par contre, il faut bannir les coupelles placées sous les pots, car les racines trainent dans l’eau et finissent par pourrir.»
6. Faire des choix durables
Les micro-oasis gardent nos villes respirables: une idée que défend l’architecte-paysagiste Bas Smets, auteur de nombreux projets urbains d’envergure. Même ces quelques mètres carrés de balcon sont importants. ça peut rafraîchir l’appartement et c’est un endroit que les insectes et les oiseaux aimeront visiter. Néanmoins, en matière de durabilité, le jardinage en bacs est un défi à bien des niveaux.
Il est important d’opter pour un terreau sans tourbe et des plantes bio, conseille Kim Nelissen: «Pas de tourbe, c’est essentiel pour qu’on arrête de détruire les tourbières. Et non, toutes les plantes ne sont pas bio. Dans les pépinières, on utilise encore souvent des pesticides. Jardiner en bacs exige aussi beaucoup d’eau, parce que le terre des pots sèche plus vite qu’en pleine terre.»
Marguerite Ferry recommande donc des plantes à faible consommation d’eau et conseille de prêter attention à la qualité de son terreau. «Choisissez-en un enrichi en perlite ou en argile, cela favorisera la rétention des nutriments et de l’eau.»
Pour Kim Nelissen, il est crucial d’arroser ses plantes le soir, afin d’éviter que le soleil ne fasse s’évaporer l’eau. «Une petite couche de mulch, de copeaux de bois ou de feuilles aide aussi», complète-t-elle. A noter que si un pot reçoit trop d’eau, seule la couche supérieure s’humidifie, pas les racines. Le fameux jardinier anglais Monty Don conseille d’arroser les plantes en pot jusqu’à ce que l’eau ressorte par-dessous pour s’assurer que toute la hauteur est immergée.
Pour s’inspirer davantage
Claus Dalby est un jardinier et présentateur télé danois, auteur de Containers in the Garden, un livre rempli de photos inspirantes et de bons conseils. Il a plus de 560.000 followers sur Instagram et a même une tulipe qui porte son nom. @clausdalby
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Marion Erlick, alias @marion.botanical, est une créatrice de contenu comptant plus de 40.000 followers sur Instagram et sur YouTube. Enseignante, elle partage régulièrement des conseils de jardinage avec sa communauté. Elle a également écrit trois livres, dont un publié en 2023: Mon balcon toute l’année (Rustica éditions).
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