On a testé: un voyage en montgolfière en Turquie

Classique, mais mémorable: un vol en ballon au-dessus de la Cappadoce, en Turquie, procure une régénérante sensation de calme absolu. Récit d’une expérience exceptionnelle agrémenté de quelques conseils, si le cœur vous en dit…

Des passagers assoupis et zéro énergie: le réveil matinal se fait ressentir dans le minibus qui vient nous chercher à Ürgüp à 5h30 du matin. La sieste n’est pas une option: un rêve s’apprête à se réaliser sur les hauts plateaux anatoliens de la Cappadoce, au centre de la Turquie, où les éruptions volcaniques survenues il y a des millions d’années et l’érosion par le vent et la pluie ont créé des vallées déchiquetées, des crêtes massives et des formations rocheuses uniques. Un monde presque extraterrestre qui attire depuis longtemps les passionnés de montgolfière au lever du soleil.

La route sinueuse à travers l’obscurité est une expérience en soi. Nous sommes arrivés la veille, et nous n’avons encore rien vu de notre destination. Pourtant, le tour-opérateur ne veut pas attendre: le temps menace de tourner et il vaut mieux arriver avant que l’autorité locale de l’aviation n’interdise les vols à cause de la météo.

Comme une plume

Après 45 minutes de route, nous atteignons le point de départ près de Göreme: une prairie herbeuse au milieu de nulle part où cinq membres de l’équipage ont déjà déplié notre ballon et le remplissent d’air chaud à l’aide d’un grand ventilateur et de brûleurs à gaz. Alors que le lever du soleil dissipe l’obscurité, le colosse se redresse gracieusement. La nacelle paraît de plus en plus fragile, ce qui n’échappe à personne. «Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas notre premier voyage», rassure le capitaine.

Après un briefing de sécurité succinct, nous sommes vingt à grimper dans la nacelle: trois à quatre personnes par compartiment, certains se retrouvant dans un coin avec juste assez d’espace pour bouger. Puis les cordes sont lâchées, le pilote ouvre les brûleurs à fond et notre géant des airs se met à planer comme une plume, grimpant à des dizaines de mètres d’altitude en seulement quelques secondes. La tension est palpable.

Un panorama incroyable

Au début, impossible de choisir où regarder. Le paysage lunaire qui se déploie autour de nous met tous les sens en éveil. En altitude, les profondes rainures de la croûte terrestre ressemblent à des rides, les vallées à des cratères, et les falaises de craie blanche à de la mousse de bain. Nous sommes entourés d’environ cent vingt autres montgolfières – un véritable spectacle – et nous flottons parfois à proximité des étranges formations rocheuses en tuf érodé dont la Cappadoce est parsemée: des cônes d’un mètre de haut, des cylindres et des pyramides de terre ou «cheminées de fées». Le panorama, pittoresque et surréaliste, nous submerge, tandis que les superlatifs fusent dans toutes les langues.

Quarante minutes plus tard, alors que nous tournons lentement en rond à 600 mètres d’altitude, l’excitation et le bruit de nos compagnons de voyage cèdent peu à peu la place au calme et, hormis les détonations de propane et les contacts radio avec l’équipe au sol, au silence. Beaucoup semblent perdus dans leurs pensées. En bas, d’anciennes habitations rupestres, des villes souterraines, des champs agricoles et des vignobles témoignent de l’activité humaine. Dans les airs, nous partageons un sentiment de liberté et d’humilité face à la puissance de la nature.

Après plus d’une heure de vol, il est temps de redescendre. Le calme est profond. Nous passons de longues minutes à admirer l’ombre allongée de notre ballon sur les collines dorées. Un amas de buissons provoque brièvement la panique, mais le pilote manœuvre habilement l’engin et guide l’équipe au sol jusqu’à une clairière. Là, il nous dépose délicatement sur la remorque d’une jeep et nous trinquons avec enthousiasme au vin mousseux. Inoubliable…