Currywurst, orchestre et bière allemande: l’Oktoberfest débarque en Belgique
Longtemps assimilée à une kermesse au mauvais boudin et à la piètre bière, l’Oktoberfest, nouvelle place to beer, reprend du galon sous l’impulsion des brasseurs craft. Démonstration le 4 octobre prochain à la Brasserie de la Mule.
On aurait tort de penser que l’Oktoberfest est forcément une beuverie d’un autre temps arrosée de bière industrielle. En Belgique, depuis deux-trois années, cette carte postale a du plomb dans l’aile. En cause, son adoption-réinterprétation par une série de brasseries artisanales qui transforment les contours de ces évènements associés, dans l’imagerie populaire, aux tenues traditionnelles – le fameux « Lederhosen », du nom de ce pantalon court en cuir, et le « Dirndl », robe bavaroise composée d’un corsage ajusté, d’une jupe ample et d’un tablier – et aux chopes d’un litre.
Fête pop’
Comment se fait-il que cette ripaille pas forcément subtile ait été adoubé par l’avant-garde brassicole du pays ? Il n’est pas illogique de se poser la question quand on sait que les grands chapiteaux munichois qui font place à l’Oktoberfest sont l’apanage des groupes brassicoles industriels. Pour Joël Galy de la Brasserie de la Mule, une brasserie schaerbeekoise connue pour ses lagers et autres Berliner Weisse, le phénomène s’explique. « L’aura brassicole de l’Allemagne aimante les amateurs, notamment en raison d’un décret vieux de plus de 500 ans qui s’appelle le « Reinheitsgebot ». Là-bas, c’est sacro-saint, même pour les groupes industriels. Qu’est-ce que ça dit ? Que la bière, c’est de l’orge, du houblon et de l’eau… un point c’est tout. Quand on sait qu’en Belgique, il y a 40% de maïs dans la Jupiler, ça remet les choses en perspective. »
Un autre élément invite à reconsidérer le sens de ces grands-messes automnales: l’histoire dont elles émanent. « À l’origine, c’est vraiment une fête populaire à connotation agricole. Elle marque la fin des récoltes à Munich. C’est la « Märzen » qui doit être servie traditionnellement, une bière brassée en mars dont il fallait vider les tonneaux pour faire place à la nouvelle production. C’était aussi dû au fait qu’il était interdit de brasser d’avril à fin septembre en raison des risques d’incendie », explique Joël Galy. Même si le contexte a changé, on comprend l’enthousiasme des brasseurs craft appâtés par l’ancrage saisonnier de l’évènement.
« On pense que l’Oktoberfest se déroule en octobre mais c’est rarement le cas, précise le brasseur schaerbeekois. En réalité, elle commence le premier samedi de la deuxième quinzaine de septembre à midi exactement, et se termine le premier dimanche d’octobre, comme cette année où la fête se clôt le dimanche 6 octobre. »
Ein Prosit !
C’est le vendredi 4 octobre que la Brasserie de la Mule organise son Oktoberfest dont c’est la troisième édition. Pas question d’y boire des mousses sans âme bien entendu. Pour l’occasion, une sélection de bières allemandes artisanales est proposée. Il y aura bien sûr des « Märzen » mais également des lagers et autres « Rauchbier », des bières fumées, en provenance de brasseries telles que Brauerei Spezial, Schlenkerla (brasserie historique de la bière fumée), Knoblach, Rothaus ou Gänstaller…
Pour l’occasion, le lieu schaerbeekois a commandé des « currywurst », cette saucisse grillée servie avec une sauce curry et tomate, à Bjorn Boonen (Spek & Boonen), l’un des meilleurs bouchers de Bruxelles. Ces délices pourront se grignoter dans la brasserie même ou à l’extérieur dans le « biergarten » aménagé pour l’occasion. Bonne nouvelle, personne ne sera obligé de boire des chopes d’un litre dans la mesure où il y aura aussi de plus propices à la dégustation verres de 30 et 50cl.
Le clou du spectacle ? La présence de l’orchestre « Die Tiroler Perlen » pour ambiancer la soirée. « Il s’agit d’une formation hennuyère jouant de la musique bavaroise traditionnelle. C’est un groupe intergénérationnel qui perpétue cet esprit depuis l’Expo de 1958, période à laquelle les premiers membres de l’orchestre ont découvert le pavillon bavarois et ont complètement été fasciné par la musique qui y était jouée. Ils sont huit sur scène et font retentir des appels à boire toutes les quinze minutes. Après leur performance, ils interprètent des standards pop à la demande », se réjouit Galy.
L’Okotberst ailleurs en Belgique
L’Oktoberfest ne gagne pas seulement du terrain à Bruxelles. Pour preuve, direction Pouhon, l’un des lieux-dits qui constituent l’entité d’Aywaille. Ce hameau ardennais abrite un manoir mystérieux, le Manoir d’Harzé, dont le décor hésite entre le château hanté et le saloon de cow-boy. Le lieu fait place à une bande de brasseurs aussi barrés qu’expérimentaux. Ensemble, ils signent un nombre impressionnant de cuvées, dont certaines fortement influencées par le pays de Goethe, que l’on peut venir découvrir à la faveur d’une tap-room festive.
Misery Beer Co., c’est le nom de la brasserie, propose également sa version de l’Oktober Fest le 5 octobre à 13h. Le programme ? « Currywurst, frites maison, bière allemande, costumes délirants et ambiance TeutRocknique », promettent Rémy Pérée et Samia Patsalides.
Dans la foulée, on pointera également l’initiative signée Arnaud Boreux de la Brasserie de Rochehaut, les 28 et 29 septembre et 12 et 13 octobre, avec orchestre bavarois et porcelets rôtis. Enfin, mentionnons encore les Gantois de Dok Brewing Company et leur « Doktoberfest » qui se déroulera le 29 septembre dès 15h à coups de pintes d’un litre et de sets de DJ.
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