Pourquoi les gourmets n’ont que cette soupe à la bouche
Aussi indissociable de la diète italienne que l’espresso ou l’huile d’olive, la Pastina, nom donné à la soupe préparée à base des pâtes éponymes, voit désormais tous les regards braqués sur elle. Un rebondissement surprenant pour ce plat réconfortant sans prétention au succès soudain.
Au commencement était une fin. En l’occurence, celle de la commercialisation des paquets de Pastina No. 155 de Ronzoni, de minuscules pâtes en forme d’étoiles tellement indissociables de la préparation de la soupe fétiche des Italiens pour combattre le froid que le plat porte le nom de ces pâtes. À l’origine de leur déclin, l’élément même qui leur a valu leur popularité : leur forme unique, suffisamment délicate à obtenir pour pousser Ronzoni à délocaliser leur production – jusqu’à ce qu’ils décident de faire des économies d’échelles et annoncent l’arrêt de la commercialisation des Pastina No. 155 pour janvier 2023.
Lire aussi: Cette région italienne vous paie pour la visiter
Une nouvelle qui a fait grand bruit en Italie, tellement, même, qu’elle a trouvé écho dans la planète culinaire toute entière, les gourmets découvrant avec émerveillement un croisement réconfortant entre la soupe et le gruau.
Basta, la Pastina ?
C’est que dans la Botte, la Pastina n’est pas qu’un plat, il est élevé au rang de médicament, un antidote à slurper sans se priver au moindre coup de froid dont les inconditionnels vantent les mérites avec tellement d’enthousiasme qu’il est également connu sous le nom de « pénicilline italienne ». Et ce, en quatre ingrédients seulement : les Pastina, donc, mais aussi du beurre, du parmesan, du bouillon de volaille et basta. Une humble préparation qui rassemble pourtant près de 100 millions de vues sur TikTok.
Un engouement transformé en plaidoyer gourmand par certains gourmets, instigateurs de pétitions contre la disparition des Pastina des rayons. Une démarche appuyée par des milliers de signatures, tandis que d’autres profitent de la situation pour mettre du beurre, non pas dans leurs épinards, mais bien dans leur soupière : sur eBay, on trouve désormais des boîtes de pâtes étoilées vendues près de 200 euros pièce. De quoi avaler de travers? Pas forcément, car malgré ce que la virulence des réactions suscités par l’annonce de Ronzoni pourrait laisser penser, il n’est pas le seul à produire la forme de pâte nécessaire à la préparation de la recette. Barilla en propose également, tandis que Mellin, Armando, Colavita ou encore Garofalo ont eux aussi des « stelline » dans leur gamme de pâtes.
La course aux étoiles
Voilà pour les dealers de l’ingrédient crucial pour la préparation de ce que Barilla décrit comme la « soupe italienne traditionnelle parfaite », rien de moins. Et si l’existence de la perfection reste à démontrer, une chose est certaine: la Pastina est populaire aux quatre coins de l’Italie, où elle fait office de Madeleine universelle pour toutes celles et ceux qui ont grandi en en avalant de généreuses assiettes.
« Petite, à chaque fois qu’elle nous servait de la Pastina, ma Nonna nous disait que c’était impossible d’en manger sans retrouver au moins une étoile sur soi » sourit la cheffe Cara Di Falco. Qui, rétrospectivement, imagine qu’il s’agissait-là d’une manière de les encourager à manger proprement, « même si elle avait raison! Sur la joue, le menton, la chemise, la main… Ces petites étoiles se faufilent partout ». Vous voilà prévenus…
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici