Les créations culinaires de la Bruxelloise Aline Gerard dans un livre intimiste (+recettes)

aline gerard livre recettes
© Aline Gerard
Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Avec Alinepourquellerevienne, son deuxième livre de cuisine publié chez Hachette, Aline Gerard poursuit son œuvre singulière aux frontières du carnet intime, du journal de bord culinaire et du manifeste sensible. Après avoir vendu 5000 exemplaires de son premier ouvrage en autoédition, l’autrice bruxelloise parvient à conserver sa liberté de ton et d’esthétique, épaulée par la même équipe. Dans un paysage éditorial saturé, elle fait figure d’hapax: ni cheffe médiatique, ni influenceuse, plutôt une voix singulière… qui livre deux recettes de poulet « crapuleux » en bonus.

Tout sauf banal : le nouvel opus s’ouvre sur les paroles des Mots bleus de Christophe. Figure libre dans un univers très formaté, Aline Gerard (45 ans) détonne. Alors que les rayons de librairie croulent sous les livres de cuisine opportunistes sans propos véritable, la Bruxelloise a su tracer sa voie autrement. Son premier ouvrage, publié en autoédition en 2020, s’est vendu à 5000 exemplaires, porté par le bouche-à-oreille et une communauté fidèle. Pour ce second volume, publié chez Hachette (10 000 exemplaires), l’auteure a tenu à conserver son indépendance artistique. Même graphiste (Cécile Van Caillie), même post-production (son compagnon, Serge Giotti), même exigence home made : c’est elle qui signe toutes les photos.

Le résultat? Un livre qui n’a rien d’un manuel, mais tout d’un objet poétique. De loin, on pourrait le confondre avec un recueil du photographe italien Guido Guidi. De près, c’est un territoire, mot qu’elle affectionne, mêlant recettes, souvenirs d’enfance, références, révérences végétales (sur 60 recettes, seulement 20 explorent le pré carré des protéines animales) et autres prises de position. Aline Gerard y poursuit une cuisine du lien, intime, méditerranéenne, ancrée dans la réalité. Entretien.

Vous décrivez ce livre comme une suite. En quoi prolonge-t-il le précédent?

C’est vraiment pensé comme un duo. Le premier était rouge et rose, celui-ci est bleu. J’ai gardé la même matière de couverture, le même format, la même volonté de faire un objet. Mais toutes les recettes sont nouvelles. Et surtout, j’approfondis certains territoires : Palerme notamment, où j’ai passé du temps. Ce sont mes lieux, mes couleurs.

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La tonalité est résolument intimiste. Avez-vous mis beaucoup de vous-même dans ce projet?

Oui, c’est énorme. Je l’ai écrit avec mes tripes. J’ai mis des photos de mes amis, des clins d’œil à des gens que j’écoute, même à la radio. J’ai tout fait moi-même : les textes, les images… J’ai voulu rester libre, même si cette fois, j’ai publié chez un grand éditeur.

Vous dites que vous ne pourriez plus travailler en restaurant. Pourquoi?

Parce que je n’y trouve plus ma place. C’est un milieu devenu trop violent, pas seulement physiquement ou en raison du machisme, mais structurellement : c’est épuisant, instable, économiquement intenable. Je vois autour de moi des gens formidables abandonner. Aujourd’hui, je veux rester à côté des cuisines, pas dedans. J’écris, je transmets, j’accompagne. Mais je ne retournerai plus dans un restaurant. Sur ma carte de visite, on peut lire « créative culinaire » et pas « cheffe ».

Votre style est à l’opposé de la cuisine spectacle qui domine aujourd’hui…  

Je ne vois pas la cuisine comme une compétition. Je n’ai pas envie d’épater. Je veux juste que les gens cuisinent à la maison, qu’ils s’en sentent capables. Mon combat, c’est la simplicité. C’est pour ça que je parle à la première personne, que je tutoie. Je veux que ce soit accessible.

Attachez-vous une grande importance à la faisabilité? Comment travaillez-vous les recettes?

Je note tout. Dès que je cuisine quelque chose de bon, je l’écris dans mes carnets. Ensuite, je refais, je teste, j’adapte pour que ça marche pour quatre ou six personnes. J’ai même des enfants de 7 ou 8 ans qui refont mes recettes. Tout est pesé, tout est faisable. Je veux qu’on puisse y arriver du premier coup.

Comment avez-vous trouvé votre place dans un contexte de saturation éditoriale?

C’est vrai qu’il y a une surproduction folle. Mais moi, j’écris mes livres comme des objets. Je joue avec les couleurs, je raconte des histoires. Mon livre ne ressemble pas à un livre de cuisine classique. Et puis, il est simple. Ce n’est pas un truc prétentieux. Les gens le prennent, le gardent, le cuisinent.

Vous cuisinez encore tous les jours?

Oui, toujours. C’est mon terrain d’essai. Je cuisine pour moi, pour mon amoureux, pour les copains. Et je note ce qui fonctionne. Je n’ai jamais été dégoûtée de cuisiner. Au contraire, j’adore encore goûter, découvrir, comprendre. C’est ce qui me fait avancer.

Vous accordez une place importante aux légumes. Pourquoi?

Parce qu’on les oublie. Et parce que j’ai beaucoup de gens qui me posent des questions très simples en atelier : que faire d’un navet ? J’essaie de répondre à ces besoins-là. De proposer une cuisine quotidienne, joyeuse, et végétale, mais sans dogme.

Avez-vous un troisième tome déjà en tête?

Je ne dis pas non. J’ai encore beaucoup de choses à dire, de recettes à partager. Mais je ne me mets pas la pression. Le deuxième a été un défi, je l’ai fait avec cœur. Le prochain viendra s’il a quelque chose de vrai à raconter.

Une bonne adresse d’Aline Gerard pour terminer?

Calmos, à Bruxelles. Ce n’est pas moi qui cuisine, mais j’y ai créé la carte. Des assiettes justes, des vins natures, un service adorable. C’est tout ce que j’aime.

Alinepourquellerevienne, Aline Gerard, Hachette, 275 pages, 40 euros. alinegerard.net

Recettes: Les poulets crapuleux d’Aline Gerard

« Je ne sais que te dire, c’est divin, moelleux et crapuleux comme jamais. Et comme c’est devenu un grand classique au sein de bien des foyers et autres tentatives de dragues très réussies, j’ai imaginé une seconde version, plus simple et tout aussi délicieuse ! »

Poulet crapuleux 1 (pour 4 personnes)

Ingrédients

  • 600 g de filets de poulet
  • 50 g de farine
  • 2 cuil. à soupe de paprika
  • 1 cuil. à café de sel
  • poivre
  • huile d’olive

Pour la sauce

  • 50 ml de sauce soja
  • le zeste et le jus de 2 citrons non traités
  • 2 gousses d’ail

Pour servir

  • riz de ton choix
  • 1 poignée de graines (de courge ou de sésame grillées)
  • coriandre fraîche

Préparation

  1. Préchauffer le four à 180 °C (th. 6).
  2. Mélanger la farine avec le paprika, le sel et du poivre. Enrober les dés de poulet avec ce mélange.
  3. Disposer les morceaux dans un plat allant au four. Verser un généreux filet d’huile d’olive sur le tout.
  4. Enfourner pour 30 minutes.
  5. Pendant ce temps, préparer la sauce : mélanger la sauce soja, le zeste et le jus des citrons, ainsi que l’ail émincé finement.
  6. Verser la sauce sur les morceaux de poulet et bien enrober.
  7. Relancer la cuisson 20 min à 180 °C.
  8. Servir avec du riz, des graines grillées et un peu de coriandre.

Poulet crapuleux 2 (pour 4 personnes heureuses)

Ingrédients

  • 600 g de cuisses de poulet désossées
  • huile de sésame
  • 4 cuil. à soupe de vinaigre balsamique
  • 4 cuil. à soupe de sauce soja
  • 3 cuil. à soupe de miel
  • 2 gousses d’ail râpées
  • 1 cuil. à soupe de paprika
  • 1 poignée de graines de courge ou de sésame grillées
  • 1 cuil. à soupe d’huile de sésame (en finition)
  • fleur de sel
  • poivre
  • 50 g de pecorino

Préparation

  1. Couper les cuisses en morceaux de 3 cm.
  2. Faire chauffer un peu d’huile de sésame dans une cocotte et y faire revenir le poulet à feu vif jusqu’à ce qu’il colore bien.
  3. Ajouter les sauces, l’ail, le miel, le paprika. Mélanger bien.
  4. Laisser caraméliser : les sucs doivent se détacher, la sauce devenir sirupeuse.
  5. Ajouter les graines grillées, un peu de fleur de sel, un tour de poivre, et l’huile de sésame.
  6. Servir bien chaud avec du pecorino râpé.

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