Trois designers en cuisine: leurs recettes et leurs astuces
Ces concepteurs ont imaginé une boulangerie, un restaurant ou encore un service. Mais quand vient le moment de se régaler, quels sont les mets qui ont leurs faveurs? Zoom sur les assiettes de trois créateurs.
Marie Michielssen pour un ceviche de saumon appétissant
Son diplôme en poche, cette graphiste de formation s’est rendu compte que ce qui lui plaisait vraiment, c’était le travail manuel. Ses premières créations étaient des pots à fraisiers typiques en terre cuite qu’elle allait acheter aux agriculteurs et qu’elle peignait à l’huile dans sa cuisine. Leur succès grandissant, ils ont été repris par le label de design belge Serax, pour lequel Marie conçoit des objets depuis plus de vingt ans. Aujourd’hui, elle commence à produire sous son propre nom. Le mois dernier, elle a sorti son premier service.
«J’ai appelé ma collection de vaisselle «La Mère», un hommage à ma mère et à ma grand-mère, mais aussi aux mamans en général. La femme qui assure le lien, la nourriture sur la table et l’avenir de ses enfants. On peut difficilement surestimer son rôle. Il s’agit par la même occasion d’un hommage à la terre mère: je travaille littéralement avec la terre pour fabriquer ces pièces de service. Lorsque j’ai commencé à façonner l’argile, j’ai su qu’elle deviendrait mon grand amour. C’est un matériau tellement pur. Lorsque vous prononcez le nom de la collection, vous entendez aussi la mer. Les marées sont un symbole de la vie, avec ses hauts et ses bas. J’ai également injecté cette profondeur dans mes créations.
Les pièces ont été conçues de manière très intuitive: elles ont quelques imperfections. J’aime ces formes organiques. J’ai également créé un milieu de table sculptural dans lequel l’on peut servir de la salade, par exemple. Le bol de service repose sur un piédestal, ce qui permet d’élever littéralement la nourriture à un niveau supérieur. Ma mère aimait beaucoup les beaux plats à poser sur la table, et j’ai imaginé ces objets en pensant à elle. Les couleurs que j’ai choisies pour cette ligne sont le noir, le blanc et le rouge vénitien. Le noir et le blanc font ressortir la vaisselle. Le rouge chaud est la couleur des primitifs flamands, qui continuent à m’inspirer.
Ma maman faisait son propre pain et avait un grand jardin potager. Elle m’a transmis l’amour de dresser une belle table. J’aimerais dire que j’ai aussi hérité de sa passion pour la cuisine, mais ce serait mentir (rires). Je préfère manger que cuisiner. Mais je peux aimer préparer une grande salade que je présente joliment à mes invités. Les beaux plats rendent les mets plus appétissants. Ici, j’ai opté pour une salade pleine de légumes accompagnée d’un ceviche de saumon.»
Lionel Jadot pour une grillade réussie
Le Bruxellois est issu d’une lignée de fabricants de meubles. C’est dans ce contexte qu’il a appris à dessiner et qu’il a développé son amour pour l’artisanat authentique. Autodidacte, il officie aujourd’hui comme designer et architecte d’intérieur. Avec Zaventem Ateliers, il a créé un lieu de rencontre pour designers et artisans. Il travaille actuellement sur Mix, un hôtel, restaurant, bar, salle de sport et espace de coworking dans un bâtiment emblématique de la capitale qui abritait autrefois la compagnie d’assurance Royale Belge. L’endroit ouvrira ses portes cet été.
«Enfant, je passais devant le bâtiment de la Royale Belge tous les lundis et vendredis pour me rendre chez ma grand-mère, et il m’a toujours fait forte impression. Construit par les architectes René Stapels et Pierre Dufau, il s’inspire du siège de John Deere dans l’Illinois. C’est un bel exemple de l’architecture de bureaux de luxe des années 60. Pour ce projet, mon concept créatif est d’honorer sa philosophie. Toutes les proportions sont massives, les formes sont puissantes, les éléments décoratifs sont presque des sculptures. Si j’ajoute un élément au bâtiment, il devra être tout aussi fort. C’est pourquoi je collabore avec pas moins de 45 designers. L’intérieur devient ainsi une collection de pièces de design: chaque lampe, chaque chaise, chaque table est une création. Vingt-cinq de ces designers sont des collègues des Ateliers Zaventem. C’est important que tout provienne de productions locales et que chaque objet ait une histoire. Nous ne voulons pas de meubles directement issus de catalogues: c’est la meilleure manière de concevoir des lieux génériques sans âme.
Pour le restaurant, j’ai collaboré étroitement avec les personnes qui y travailleront. L’essentiel est de garantir une circulation optimale dans la salle. En outre, j’aimerais que les clients vivent une expérience particulière lorsqu’ils entrent dans l’établissement. Avant même de se voir servir leur première assiette, ils doivent déjà se croire dans un autre univers. Heureusement, nous disposions déjà d’éléments forts pour démarrer: un haut plafond, de grandes fenêtres, des colonnes massives en béton et beaucoup de lumière naturelle. Il y aura aussi un foodmarket dans le bâtiment. Pour celui-ci, j’ai opté pour une finition plus brute.
Je ne suis pas un grand chef, mais ce que j’aime, c’est allumer un feu et griller de la viande. Je le fais de préférence à l’extérieur, dans mon jardin ou même dans les bois. Je n’utilise jamais de vrai barbecue. A Zaventem Atelier, nous avons construit un gril avec du métal recyclé. Lorsque j’achète de la viande, c’est généralement chez mon ami boucher Hendrik Dierendonck. Un bon morceau de viande grillée sur le feu et un morceau de pain: c’est tout ce dont j’ai besoin pour être heureux.»
Les astuces de Lionel Jadot pour réussir une viande au grill
Ingrédients pour 2 personnes
- 350 g de viande Oedslach (cette viande du boucher Hendrik Dierendonck est affinée selon un procédé spécial qui la rend très savoureuse et tendre),
- une pincée de sel d’Ibiza,
- poivre de Madagascar
Préparation
- Laisser la viande se réchauffer à température ambiante. L’assaisonner de sel des deux côtés et la laisser reposer. Pendant ce temps, allumer un feu ou un barbecue. Lorsque le bois couve ou que les braises sont chaudes, mettre la viande sur le gril. La faire griller pendant environ 5 minutes de chaque côté ou jusqu’à ce qu’elle se détache du gril. Laisser reposer pendant encore cinq minutes ; poivrer et couper la viande en tranches.
- Servir avec du bon pain.
Glenn Sestig pour un croissant gourmand
Parmi les créations de l’architecte, on retrouve le studio de musique des frères Dewaele (Soulwax, 2 Many DJs), des villas résidentielles et du mobilier et des luminaires minimalistes. Ses projets reflètent toujours une quête de simplicité et l’artiste est reconnu pour la tension qu’il parvient à évoquer entre les volumes. L’année dernière, il a conçu une boulangerie pour le chef pâtissier et chocolatier Joost Arijs.
«Lorsque j’ai vu le moodboard pour la pâtisserie de Joost et Elke, sa compagne, j’ai immédiatement compris que cette collaboration allait être très riche. Le couple imaginait un mélange de matériaux naturels et le pain comme point central. Les étagères à pain que nous avons conçues s’inspirent des anciens chariots de boulangerie: des planches sont posées sur un cadre métallique, pour accueillir les produits tout droit sortis du four. Dans l’établissement, nous avons opté pour des étagères robustes en bois de noyer chaud, encadrées par des parois en Inox. Nous jouons ainsi avec la tension entre les matériaux naturels et industriels, mais aussi entre les éléments verticaux et horizontaux. Le plâtre que nous avons appliqué sur les murs est presque poudreux, c’est une référence à la farine. Le sol en terrazzo est pratique, il est impossible de distinguer les inévitables miettes.
Les clients qui viennent prendre leur petit-déjeuner s’assoient sur des tabourets noirs signés du Gantois Bram Vanderbeke et peuvent observer l’atelier en action à travers la plaque de verre teintée qui sépare la boulangerie de la boutique. Les produits disposés sur les étagères bloquent parfois la vue, ce donne à l’endroit un petit côté mystérieux. Après notre collaboration fructueuse pour la boulangerie, Joost m’a demandé si je voulais créer un dessert pour Noël. Lorsqu’il me l’a proposé, j’ai tout de suite eu une idée en tête, ou plutôt une forme: je l’avais déjà utilisée pour un luminaire et un vase. Je voulais que le gâteau soit réalisé dans des couleurs métalliques, cela donne à la forme minimaliste un cachet festif. Joost a dû faire de nombreux essais pour capturer cet éclat unique dans un glaçage. Le résultat final est délicieux.»
La recette du brownie aux noix de pécan de Glenn Sestig *
* Cette recette est celle de la farce. Pour le croissant, vous pouvez utiliser votre propre recette ou une pâte toute prête.
Ingrédients
- 250 g d’œufs
- 300 g de sucre
- 375 g de beurre
- 375 g de chocolat à 70%
- 3 g de fleur de sel
- 150 g de farine
- 3 g de levure chimique
- 115 g noix de pécan grillées
Préparation
- Préchauffer le four à 180 °C.
- Battre les œufs et le sucre jusqu’à obtenir un mélange mousseux.
- Faire fondre le beurre avec le chocolat et l’incorporer au mélange d’œufs.
- Tamiser la farine, le sel et la levure chimique et les incorporer à la pâte. Incorporer ensuite les noix de pécan.
- Etaler la pâte sur une plaque à pâtisserie sur une épaisseur d’environ 1 cm. Cuire pendant 25 minutes dans le four préchauffé. Laisser refroidir et couper en morceaux.
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