Face à la crise, le micro-restaurant s’impose peut-être comme la dernière forme viable de la table artisanale entendue comme celle où tout est cuisiné sur place. Mini surface, maxi engagement.
A Bruxelles
Fava
Huit places face à un comptoir, voilà le pitch sans concession de cette adresse à la cohérence admirable. Planqué près du CHU Saint-Pierre, ce micro-restaurant végétarien est tenu par Wael Kostantinos, autodidacte d’origine gréco-égyptienne reconverti dans la street food artisanale. Dans ce décor dégraissé – carrelage métro blanc, banquette en contreplaqué, mobilier sobre… – pas le moindre bourrelet esthétique à déplorer. En cuisine, Wael fait tout lui-même: pain maison moelleux, kombucha fermenté sur place, pita pockets garnies minute. Celle à la sauce amba (mangue, fenugrec, piment) est un coup de maître. À côté: houmous au zhough, assiette de chou-fleur rôti au sésame, voire carrot cake végan d’une tendresse déconcertante.
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113, boulevard de Waterloo
1000 Bruxelles
@fava.brussels
Gazzosa
Dans la Galerie Bortier fraîchement réhabilitée, cette trattoria de poche installée sur deux niveaux distille une cuisine italienne imparable. Aux fourneaux, Lorenzo Calabrese, un jeune chef venu de Modène, exécute une carte resserrée, branchée bons produits: coppa fondante des Marches tranchée minute, tortellini in brodo faits maison, pasta al ragu rassurantes… Le tout prolongé par une étagère riche d’une belle sélection de quilles (vin nature/vin conventionnel avec droit de bouchon à 10 euros), un coin épicerie et une cuisine ouverte qui respire la sincérité. On vient ici pour manger juste et sur le pouce, boire bon tout en retrouvant la simplicité qui sied aux plaisirs de la table.
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17, rue Saint-Jean
1000 Bruxelles
@gazzosa.brussels
Soif de faim
Antoine Culot, ex-Bon Bon, Chalet de la Forêt et Villa Emily, a tout plaqué pour lancer, seul, une micro-cantine à l’allure faussement modeste. Quinze couverts, une cuisine ouverte, du mobilier dépareillé, une lumière douce et, en fond de salle, une fresque de Denis Meyers qui donne le ton. Le chef annonce la couleur au tableau noir et balance ses plats au gré de l’humeur: joue de bœuf braisée comme un câlin, tartare de thon à l’ail des ours, crêpe au sarrasin bien beurrée. C’est souvent mijoté, toujours précis, et jamais convenu. À midi, on mange chaud, généreux. Le soir, c’est plus libre encore, avec parfois une touche sucrée bien sentie. Une adresse précieuse où l’on sent battre le cœur d’un cuisinier libéré.
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140, chaussée de Charleroi
1060 Bruxelles
soifdefaim.be
Sinsenn
Formé à Yokohama, Yu Yulong, chef d’origine chinoise, a ouvert ce comptoir minuscule façon izakaya, dans un local bardé de bois, avec tabourets épurés, table basse et sushi neta case – cette vitrine réfrigérée où reposent les poissons avant d’être travaillés à la minute. Ici, le poisson est servi à température, le riz Homare parfaitement calibré, le wasabi râpé maison. Le chirashi au saumon, thon, crevette et avocat remet les pendules à l’heure: net, équilibré, sans être tape-à-l’œil. En prime, un poulet karaage croustillant et juteux, comme un clin d’œil à l’histoire croisée des cuisines japonaise et chinoise. La preuve que le sushi peut encore apparaître sous une forme non galvaudée.
20, rue Vanderschrick
1060 Bruxelles
sinsenncuisine.be
Nonbe Daigaku
Aux commandes: Yosuke Suetsugu, maître sushi passé par près de trente ans de service au Tagawa – un ancien hôtel bruxellois érigé en référence absolue – dont les gestes millimétrés sont à eux seuls une démonstration. Depuis 2007, il opère dans ce micro-restaurant discret, entre sushis et sashimis impeccables et cuisine plus aventureuse, librement inspirée du kaiseki. Flan tiède à l’huître, intestins de calamar, tempura délicate de légumes et crevettes: ici, pas de folklore mais une vraie ode à l’umami nippon. Le must: réserver une place au comptoir, pour suivre la chorégraphie du chef à quelques centimètres.
31, avenue Adolphe Buyl
1050 Bruxelles
nonbedaigaku.be
Wallonie
O Nuages
Au sein de cette micro-cantine de dix places, Ombline Norberg fait tout: la cuisine, le service, les accords mets-vins. Passée par les brigades du Chalet de la Forêt et du Mylord, la cheffe a choisi de tout désapprendre pour inventer sa propre partition. Ici, pas de carte, mais une suite d’assiettes imprévisibles, oscillant entre Méditerranée et Asie: sam (feuille de salade garnie, ici d’encornets, kimchi et sauce pimentée), rigatoni à la courgette, ail des ours et pecorino, naan à la mortadelle rôtie… Le décor chiné en version DIY prolonge l’esprit libre du lieu, tout comme la playlist rétro et la cave nature à prix doux.
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36, rue des Brasseurs
5000 Namur
Facebook: O Nuages
Pane & Olio
Installé dans un ancien garage, Angelo Galasso, chef originaire de la Basilicate et ancien cuisinier pour François Hollande, propose une expérience culinaire italienne raffinée et intime. Avec seulement quatorze places, une cuisine ouverte et un menu unique évoluant au fil des saisons, chaque repas devient un moment privilégié. Le menu cinq services, inspiré des traditions du sud de l’Italie, met en valeur des produits d’exception, souvent issus de petits producteurs. Parmi les incontournables, les pâtes aux pommes de terre et truffe illustrent parfaitement la philosophie du lieu: simplicité apparente, complexité maîtrisée. Sans oublier la possibilité d’accords mets-vins ou, au choix, de cocktails ciselés.
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52, chemin du Chêne aux Haies
7000 Mons
paneolio.be
Ardelle
Après un parcours exigeant à Termonde (Le Chateau Simple, Puur), Virginie Maes et Martijn Luinstra signent une cuisine du marché souple, instinctive, pensée pour six tables sans numérotation mais prénommées (Louise, Mathilde…) – manière discrète de brouiller les repères du service. Les formats varient selon les jours: menu court le mercredi, grillades au feu de bois le jeudi, envolées plus sophistiquées le week-end (avec option végétarienne). L’assiette, elle, est joyeuse: poireau fumé à la ricotta maturée, côte de veau accompagnée d’une kefta d’épices, ou encore Comté 48 mois travaillé au thym, pois chiche et abricot. Côté boissons, la carte joue l’ouverture: jus fermentés, bières locales et vins biodynamiques.
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15, rue de Behogne
5580 Rochefort
ardellerestaurant.com
Magneùs d’Pèlotes
Dix couverts, dix assiettes, un week-end sur trois. C’est le rythme choisi par Jehan Delbruyère, cuisinier autodidacte et gestionnaire de projet dans le pharmaceutique, pour recevoir autour de sa grande table en bois brut. À deux pas de Huy, ce passionné de vin compose en solo un menu ultralocal, changeant au fil des cueillettes – fèves fraîches, petits pois, chou fumé ou asperges de la ferme Goffin. Les aromatiques viennent du jardin, les viandes d’éleveurs du coin. Les techniques, elles, sont voyageuses: cuisson japonaise, vinaigre maison ou agrumes lacto-fermentés inspirés du Moyen-Orient. En cave? Vins alsaciens, bières et cidres de producteurs qu’il connaît personnellement. Sur réservation uniquement, les samedis soir et dimanches midi.
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6, rue des Écoles
4520 Bas-Oha
magneusdpelotes.com
Bistrot Mentin
Avec ses murs briqués, son carrelage étoilé et ses banquettes d’un autre âge, Bistrot Mentin a une vraie gueule d’atmosphère. Dans ce décor sans vernis, Marie Corthouts est aux commandes: elle cuisine, sert et playliste à souhait. En journée, l’ardoise se limite à quelques lignes – soupe, sandwich, pâtes… – mais chaque assiette adresse un grand coup de fouet au palais. Un jour, c’est poireaux vinaigrette au crabe, kumquats et coriandre; un autre, carpaccio d’orange arrosé de poutargue, aneth et vinaigre de grenade. À boire: des vins nature, des cidres frais, des Cantillon bien vivantes et quelques alcools de derrière les fagots. Le lundi soir, une fois par mois, Marie allume les fourneaux pour un menu unique.
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11, rue Sainte-Aldegonde
4000 Liège
@bistrotmentin
Flandre
Hosted by Studio Simons
La philosophie «less is more» est le mantra du chef Carlo Simons. Après un séjour à Marrakech, où l’homme tenait un restaurant et des chambres d’hôtes, le temps était venu pour lui de se donner un nouvel élan. Rentré au pays, il a ouvert un établissement d’à peine dix places dans le boutique-hôtel Hemelhuys. Il s’agit pour lui de trouver un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, mais aussi d’offrir une expérience unique à ses clients. Pour ce faire, l’intéressé prépare un menu fixe où les combinaisons classiques et les produits de qualité sont agrémentés d’une touche internationale. Le cadre et le contact personnel avec le chef rendent le moment inoubliable.
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80, Maastrichterstraat
3500 Hasselt
hostedbystudiosimons.com
Strato
Thomas De Somer a fait l’expérience des tracas quotidiens de la gestion d’un grand restaurant lors de son passage chez Couvert Couvert et au Meteor, entre autres. C’est sans doute pour cette raison qu’il a décidé de réduire la voilure. Quatre jours par semaine, il prépare un menu de sept plats pour une poignée de clients. Le service commence à 19h30 précises, ce qui garantit une soirée sans accroc. Le chef traduit sa passion pour les ingrédients de saison et les producteurs artisanaux en mets savoureux. Comme ce bouillon aux tomates fraîches, cette soupe de poisson épicée agrémentée de fromage ou encore cette coquille Saint-Jacques sauce aux noisettes et au corail. C’est rempli d’amour et cela se sent.
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140, Diestsestraat
3000 Louvain
stratorestaurant.com
En bonus, La Vigneraie, le choix de notre foodie Stefan Marson
Chez Forchette à Gerpinnes, Stefan proposait jusqu’en juillet dernier dans son comptoir minimaliste une cuisine italo-belge fraîche et juste d’une gourmandise totale. Il ouvrira très bientôt à deux pas de là une nouvelle adresse encore plus gastronomique.
«Dans cette cave à manger, le vin est évidemment au centre du propos. Le patron Thibaut Charlier n’a pas son pareil pour vous faire découvrir les pépites qu’il a dénichées chez des vignerons passionnés. Si le vin est ici l’acteur central, la cuisine d’Annie Decrolière n’est sûrement pas en reste car elle prête une attention particulière à l’association des saveurs. La carte qui revisite des classiques avec élégance fait la part belle aux produits de saison. La salle dominée par une table commune où l’on mange en hauteur est comme un secret bien gardé derrière la boutique qu’il faut traverser pour y parvenir.»
32, avenue Paul Pastur
6032 Charleroi
la-vigneraie.be
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