Pittoresque république bruxelloise sécessionniste, le Sablon coule des jours heureux. C’est donc en toute logique que le dimanche, un pull négligemment posé sur les épaules, on vient y fuir la dureté du monde social. Depuis le XVIIIe siècle, la famille Costermans y exerce une activité d’antiquaire.
Signe des temps incertains, la tribu, emmenée par la relève, Valérie et Arnaud Jaspar, a décidé de transformer une partie de son activité en un lieu de restauration. Pas né de la dernière pluie, le duo a eu la bonne idée de solliciter des alchimistes en vue: le très doué Milan La Roche (St Kilda, Fish Tank) pour la carte ou le tandem Lakhdar Hamina-Lakhdar (Fight Club, Stazzione) et Lauriane De Paoli (coordinatrice de l’Executive Master Food Design de l’ARBA) pour la conception.
Architecture d’époque, plats d’aujourd’hui.
Le lieu se découvre comme une parenthèse dans la parenthèse, à savoir une cour intérieure pavée faisant place à une terrasse ombragée et un bâtiment d’époque qui évoque l’auberge d’antan. Les lignes balzaciennes du Café Costermans se déploient à la faveur de trois salles au croisement du patrimoine et de l’intime. Dans la dernière d’entre elles, on peut observer Antoine Bournat officier en toute transparence.
Le soir, cet ancien du Stirwen aligne, outre des assiettes à partager (fromages, charcuteries… ), des plats à part entière façon tartare de veau, salade César, voire saucisse au fenouil accompagné de haricots et de pangrattato au citron.
Le midi, le chef nous a bluffé avec une streetfooderie ciselée avec soin: un tuna melt coincé entre deux épaisses tranches de pain en provenance de la boulangerie Fine. Servie avec une salade éclatante, la préparation, épicée grâce à de la pâte de piment, fait place à du provolone, à un second fromage que l’on n’a pas identifié, du thon bien sûr, ainsi que six fines tranches de cornichons Malossol. Généreuse, la portion ne laisse aucune chance de tenter la prometteuse crème au chocolat façon Danette sur laquelle on louchait pourtant.
Salve d’applaudissements, enfin, pour la carte des boissons. Le vin en particulier, qui navigue entre nature – Muscadet «Indigène» de Nicolas Réau – et valeur sûre – Saint Emilion Grand Cru du Château Chante Alouette.
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