Le premier jour du reste de la semaine tinte comme un cauchemar aux oreilles des foodies. A moins de miser sur une de ces adresses qui donnent du cœur à l’ouvrage… jusqu’au dimanche inclus!
A Bruxelles
Billie
La fin du Monk a été un coup dur pour le moral de la capitale. La réouverture de cet endroit – à l’initiative de Steven De Visscher, Leentje Bruyninckx et Dries Heyman – a de quoi réjouir. Billie a su préserver l’harmonie du magnifique cadre, l’un des plus racés de la ville, tout en modernisant certains détails, comme le bar ou l’acoustique. Au bout de la première salle, une porte s’ouvre sur la «bolo room». C’est bien là que le légendaire spaghetti bolognese, dont la recette est inchangée, se déguste sous de belles images noir et blanc (Nick Cave, Arno…). Le mets séduit en raison de sa qualité et son caractère démocratique. Généreux, il s’accompagne au choix de parmesan, d’emmenthal ou de fromage d’Orval (option vivement recommandée). Sa force? Sans hésiter, son équilibre parfait entre acidité des tomates et sucrosité des carottes.
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42, rue Sainte-Catherine 1000 Bruxelles
billie.brussels
Da Long Yi
Jusqu’ici, les amateurs les plus mordus n’hésitaient pas à faire l’aller-retour Bruxelles-Düsseldorf pour savourer un «hotpot», ce principe de fondue chinoise consistant à faire cuire légumes et protéines animales dans un bouillon fumant. Désormais la franchise Da Long Yi, forte de plus de 300 établissements dans le monde, a posé ses valises dans la capitale. Sorte de croisement entre le chalet suisse et le restaurant chinois première génération, le décor surchargé amuse. Pluma de porc ibérique, igname, pak-choï, maïs, calamars, nouilles artisanales fraîches ou, si on veut faire le malin, intestin d’oie… Les ingrédients à cuire recouvrent la table. C’est bon, surtout les saucisses japonaises fumées, et dépaysant, même si parfois, en raison du manque d’expérience, on perd les aliments dans le jus ou on les sous-cuit.
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55, quai au Bois à Brûler 1000 Bruxelles
dalongyi.be
Fight Club
Les années 80 à New York avaient le goût de la pizza «de crise» vendue en «slices» de 99 cents. Lakhdar Hamina-Lakhdar rêvait depuis longtemps de transposer ce concept sous nos latitudes. C’est désormais chose faite avec Fight Club, un ancien café aux murs sombres que l’intéressé a laissé dans son jus, à l’exception de quelques affiches évoquant Brooklyn ou Michael Jordan. Grande faim? Disponibles en trois versions (margherita, pepperoni ou «de la semaine»), les pizzas en question, préparées dans un four pavé de pierre de lave réfractaire et situé au bout de la salle, se choisissent entières ou à la portion. Souples, délicieuses et régressives, elles se dégustent sans couverts mais dans la satisfaction la plus complète. Mention pour les vermouths déclinés soit en cocktails, soit comme à Turin, avec un glaçon et une olive.
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50, chaussée de Waterloo 1060 Bruxelles
La Général
Ici, les contours de pub, la précédente affectation du lieu, ont été digérés et recrachés façon puzzle: plantes vertes, banquettes en velours ou encore mur ponctué de peintures populaires mexicaines. L’atmosphère qui règne panache la Belgique et le Mexique, à l’instar du parcours de la patronne, Amandine Darmstaedter, qui a eu deux établissements à Mexico avant de revenir dans la capitale. L’intéressée s’est affranchie du tex-mex pour ouvrir l’appétit des convives vers une cuisine joyeuse et sourcée le plus localement possible. La carte magnétise, qui oscille entre «pica pica» – des assiettes à partager ou des entrées – et des «platos» plus copieux parmi lesquels on retient: ceviche «nayarit style» de daurade, tacos al pastor et surtout pollo con mole, une spécialité à base de cacao venue d’Oaxaca.
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24, rue Général Patton 1050 Bruxelles
lageneral.be
Soif de faim
A nos yeux, c’est le pitch le plus alléchant qui soit. Un chef passé par une série de grandes maisons – en l’occurrence Bon Bon, le Chalet de la Forêt et la Villa Emily – qui décide d’ouvrir une cantine en solo, laquelle se veut totalement affranchie des codes. Un Rémy Bricka du caquelon? Oui, c’est un peu ça. Au milieu d’un espace, pimpé par Denis Meyers, faisant place à une quinzaine de couverts dans l’angle desquels trône une cuisine ouverte, Antoine Culot s’improvise homme-orchestre des fourneaux – il est aussi à l’aise avec le mijotage d’une joue de bœuf qu’avec la crudité d’un tartare de thon à l’ail des ours ou le beurré d’une crêpe au sarrasin. Les assiettes de saison, toujours impeccables, qu’il débite dans la plus grande coolitude, ne connaissent qu’une boussole: ses envies du moment… qui sont les nôtres.
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140, chaussée de Charleroi 1060 Bruxelles
En Wallonie
Chez Firmin
Jimmy Collodoro. Voilà un nom qui envoie du rêve américain. Et pas seulement aux dyslexiques. Ce chef talentueux s’est fait connaître à Braine-le-Château où il a repiqué la bistronomie dans son très bon Bistro Racine. Le voici qui fait à nouveau parler la poudre. Chez Firmin, nouvel établissement pimpant, affiche un décor manucuré. Murs en béton lissé, vieux billot où sommeille une appétissante miche de pain faite sur place, plafond dont le flocage évoque une mousse minérale, l’endroit épouse résolument son époque. C’est vrai également de la cuisine ouverte qui s’offre derrière une verrière d’atelier et laisse entrevoir un grill argentin Mibrasa arrosant la salle de ribs ultraconfits, de côtes à l’os et autres daurades braisées au bois de fenouil…
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56, rue Mont-Saint-Pont 1440 Braine-le-Château
chezfirmin.be
Sophie & Nicolas
Après avoir régalé du côté d’Aywaille, Sophie Gigot et Nicolas Septon perpétuent leur engagement envers le terroir wallon, une religion dont ils sont de fidèles apôtres, du côté de Comblain-la-Tour. Sous le haut patronage d’une nature fendue par les eaux – l’Ourthe coule ici en contrebas – le duo remet sur le métier son inflexible foi en des produits tels que la truite d’Ondenval ou le pigeonneau des collines de Jérôme Demeyer. Cet exercice s’opère à la faveur de menus surprises trois (lunch), cinq ou sept services, toujours dictés par la saisonnalité et l’inspiration du moment. La formule qui évolue sans cesse est d’autant plus convaincante qu’elle s’enracine dans un décor patiné et boisé dont la chaleur refuse l’ostentation.
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79, route de Fairon 4180 Comblain-la-Tour
sophieetnicolas.be
Les Frères Louise
Ah, les charmes plus ou moins discrets de la bourgeoise hennuyère. Nostalgique des repas «plantureux», des dîners interminables conclus par «une petite goutte» et des assiettes «comme vous les servait votre grand-mère»? Cette ancienne et impressionnante ferme à la rusticité bien peignée cultive l’insouciance des Trente Glorieuses. C’est mal? Non, au contraire, une telle parenthèse familiale, en plein scénario catastrophe, met du baume au cœur, ne serait-ce que le temps d’une expérience qui, il faut l’écrire, n’est pas à la portée de toutes les bourses. Le jeu en vaut néanmoins la chandelle. Le chef Laurent Mertens connaît ses classiques sur le bout des doigts, comme on peut en prendre la mesure en enchaînant ses ris de veau tout en fraîcheur et son mémorable waterzooi.
162, rue de Renaix 7890 Ellezelles
les-freres-louise.be
Monik
Surgies dans le paysage gastronomique il y a une vingtaine d’années, les néo-cantines sont toujours bel et bien vivantes. La preuve avec Monik, adresse solaire au décor frais qui illumine déjeuners et brunchs du côté de La Hulpe. Le fuel consommé ici épouse un mode de vie totalement urbain: toast aux asperges vertes crues et cuites, tzatziki à l’aneth et noix de cajou; velouté de petits pois, épinards frais, feta et graines; ou encore burrata, salade de tomates d’antan, câpres, basilic, roquette et chips de coppa. Caricatural? Certes, un brin. Il reste que c’est savoureux et que cette enseigne, également comptoir et épicerie fine, restaure de manière transparente et honnête. Et, ce qui ne gâche rien, on y boit bon, avec ou sans alcool: soda Cuarenta, limonades de L’Annexe ou vin de Loire signé par le couple Delecheneau.
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18, rue des Combattants 1310 La Hulpe
moniklahulpe.be
Chez Liu
Héritière bien malgré elle d’un Guillaume d’Ockham, philosophe du XIVe siècle réputé pour goûter la parcimonie, Jianing Liu ponctue la rue de la Régence d’une adresse qui va droit au ventre. Ce comptoir orienté take-away, logé dans un sobre parallélépipède équarri à la serpe, ne s’encombre pas de fioritures. Seule concession au superflu, cinq tables en bois, dont trois flanquées de bancs, permettent de manger sur place, le temps qu’il faut et pas davantage, des nouilles sautées qui se sont taillé, à juste titre, une belle réputation dans la Cité ardente. On pense en particulier à la version cochon frit croustillant boostée avec une sauce spéciale aigre-douce. Aspirées à même les barquettes à emporter, les préparations font valoir un autre atour, celui de s’afficher à prix doux.
39, rue de la Régence 4000 Liège
chezliu.be
En Flandre
Nage
Aux manettes de Nage, on retrouve Koen Lenaerts et Niki Van Sant. Le premier a longtemps été le prince héritier de la scène gastronomique anversoise, avec des passages à Veranda, Schnitzel et Dôme, entre autres, tandis que la seconde officiait en salle chez Bún. Lorsque les gérants du restaurant étoilé Bij Lam en Yin sont partis à la retraite, le tandem y a pris ses quartiers. Ce bistrot décontracté fait s’associer les bons produits et les vins naturels dans un menu de dégustation qui suit les saisons et les préférences de l’équipe en cuisine. Turbot mûr sur le gril, sardines au lardo, pâtes farcies et cuisses de grenouille… les possibilités sont quasi infinies. Pour ne rien gâcher, on s’attable ici à l’ombre de la cathédrale Notre-Dame d’Anvers, dans un bâtiment historique, du vendredi au lundi.
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17, Reyndersstraat 2000 Anvers
restaurantnage.be
En bonus, Les Brigittines, le tip de notre foodie Léo Begin
Originaires du Jura, le jeune fromager-affineur et sa mère Véronique Socié tiennent, depuis 2017, à Bruxelles, La fruitière, une fromagerie couplée à un bar à fromage. Au menu: des produits lactés sourcés et affinés, en vente au détail et aux pros, ainsi qu’un espace dégustation.
«Les Brigittines, c’est mon repaire du lundi. L’ambiance y est chaleureuse avec une déco rétro au charme fou. On est hors du temps, de la ville et de ses nuisances. Le chef Dirk Myny est un personnage, toujours jovial et pro. Et le service d’Adel et ses collègues est impeccable, à l’ancienne, avec une attention aux détails qui fait la différence.
La carte des vins est parfaite, un vrai Tour de France des régions et des trésors accessibles! La Gueuze Cantillon au fût est servie à la perfection, il y a comme de la magie dans tout ça. Mention spéciale pour les frites fraîches et croustillantes qui accompagnent notamment un vol-au-vent de compète. C’est une vraie brasserie traditionnelle de haute volée, où locaux et personnes de l’horeca adorent s’attabler.
Mais ce qui rend cette maison, reprise il y a plus de trente ans par Dirk, encore plus sympa, c’est le mélange des genres: j’ai plaisir à observer les touristes venus sur conseil d’un guide et qui pensent trouver une brasserie chic et guindée. Il n’en est rien… Et si vous avez la chance d’y aller pour votre anniversaire, préparez-vous à des surprises, parce que l’esprit Zwanzeur se lit dans l’œil pétillant du patron… Tout ça est parfait pour bien commencer la semaine!»
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5, place de la Chapelle 1000 Bruxelles
lesbrigittines.com
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