Aux Pays-Bas, une maison écologique en pleine forêt
Comment construire une villa sans négliger le développement durable ? A l’ouest d’Amsterdam, Evelyn et Joris sont parvenus à bâtir une maison se fondant dans les bois et les dunes, tout en ayant un impact minimal sur l’environnement.
Entre Haarlem et Zandvoort, se trouvent les Amsterdam Water Supply Dunes, la plus grande réserve naturelle de la côte néerlandaise. Ici, on s’émerveille d’une beauté naturelle écrasante sur plus de 3 400 hectares, mais on s’étonne aussi parfois de la taille des villas disséminées entre les dunes et les bois.
L’architecte Martijn van Gameren, du cabinet Paul de Ruiter Architects, les décrit comme « pompéiennes » : « Ce sont des maisons de campagne de trois à quatre étages qui regardent la nature environnante ; elles vont à l’encontre de ce que nous défendons. Notre cabinet vise à avoir un impact positif, en adoptant toujours une esthétique discrète par rapport au site. »
Boîte en lévitation
Depuis la création du bureau en 1994, la durabilité est au cœur de sa démarche et les projets qu’il propose partent de l’idée que les bâtiments doivent produire de l’énergie plutôt que d’en consommer.
« Lorsque nous sommes allés défendre la conception de cette villa devant les instances publiques, nous leur avons dit que nous ne construirions pas une maison de campagne, mais une demeure intégrée à son environnement, explique l’architecte. C’est un peu cliché, mais cela les a convaincus. »
Farnsworth House, la célèbre maison de vacances américaine conçue par Ludwig Mies van der Rohe au milieu des années 50, a beaucoup inspiré les propriétaires du lieu, Joris Aperghis et Evelyn Fox, qui ont été très impliqués dans le processus créatif dès le début.
« Nous envisagions un volume abstrait et transparent qui se fondrait au maximum dans la nature et la perturberait le moins possible », raconte Joris. Le couple recomposé souhaitait de la lumière et de l’espace, pour eux et leur cinq filles. « Elles ont désormais quitté le nid mais nous estimons qu’il est important qu’elles aient toujours un endroit où elles se sentent chez elles », poursuit sa compagne.
Un étage parents et un étage enfants
Paul de Ruiter Architects a traduit cette idée en une construction en deux couches. La strate inférieure, enfouie dans le paysage, où se trouve « l’hôtel » comme l’appellent les résidents, soit les chambres et les salles de bains des filles.
Et le volume hors sol, en verre, qui semble flotter au-dessus du site et fait office d’appartement pour Joris et Evelyn. Cette boîte vitrée présente une forme inhabituelle, influencée par la présence de deux magnifiques vieux pins noirs aux alentours.
Elle abrite le salon et la cuisine, un bureau, la salle de bains et la chambre. Dans ce niveau d’habitation déformé, chaque pièce offre une vue différente sur le paysage. « Si vous descendez l’escalier flottant dans le salon, vous bénéficiez immédiatement d’une perspective particulière. Ici, nous avons l’impression de vivre au milieu des arbres. Pour peu, on verrait bien un cerf arriver à l’horizon. »
Toiture écologique
Résultat : la villa est complètement intégrée dans la végétation et s’avère à peine perceptible pour les passants. L’ensemble du volume habitable est également conçu dans un verre réfléchissant qui offre une subtile lueur verte renforçant l’intégration.
Quant à la toiture végétale, elle attire animaux et insectes. « Les oiseaux y déposent des graines, ce qui permet à aux herbes d’envahir le toit, raconte le concepteur. Nous avons prévu autour de la villa des aménagements pour assurer la nidification des oiseaux, chauves-souris et abeilles. » Cette plate-forme plantée favorise la percolation de l’eau de pluie et le refroidissement du logis.
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Côté écologie, le couple a également opté pour des panneaux photovoltaïques et une pompe à chaleur. La perte d’énergie est limitée parce que le niveau inférieur de l’habitation est encastré. Les habitants ont aussi voulu utiliser un minimum de matériaux – béton brut, bois et verre.
Une déco aux courbes douces
Pour l’intérieur, le couple a choisi des meubles à la fois modernes et confortables. Il s’est notamment inspiré du raffinement dans les détails de l’hôtel August, à Anvers. « Nous vivons ici comme au milieu d’un tableau qui se renouvelle chaque jour, se réjouit Joris. Un environnement aussi impressionnant exige des meubles classiques avec du caractère, mais en même temps avec un côté discret. »
C’est ainsi que l’on retrouve dans la déco, un Togo de Ligne Roset d’un vert profond et un Snake DS-600 de De Sede aux tonalités douces, le fameux canapé des années 70 qui peut être plié dans tous les sens et qui contraste joliment avec les lignes épurées de la villa. La cheminée flottante, la moquette à poils longs et les voiles aux fenêtres apportent douceur et chaleur aux pièces.
« Le premier hiver, lorsqu’il faisait nuit de plus en plus tôt et que nous passions de plus en plus de temps à l’intérieur, il m’a fallu un certain temps pour m’y habituer, avoue Evelyn. Les parois vitrées sont devenues des miroirs sombres, et nous avons donc cherché à réchauffer la maison pour retrouver cette sensation de cocon. »
Une cuisine XXL
Cette chaleur se retrouve également dans la collection d’œuvres d’art, de sérigraphies, de souvenirs et de photos posée sur le buffet notamment.
Cela fait rire Joris : « Les clients me demandent souvent pourquoi je n’ai pas accroché ces tableaux aux parois et je regarde alors Evelyn du coin de l’œil. En réalité, j’hésite à percer des trous dans ces beaux murs en béton. Mais au fond de moi, je sais qu’elle a raison, bien sûr : les œuvres seraient plus belles suspendues. »
La cuisine, qui est au cœur de l’habitation, est la pièce préférée du tandem. Imaginée par Eginstill, une entreprise d’Amsterdam, elle se distingue par son buffet en bois de près de neuf mètres de longueur. Le réfrigérateur et les autres appareils électroménagers sont logés dans une armoire plus éloignée, ce qui permet à la cuisine de rester pure et minimaliste.
Lorsque les filles et leurs compagnons arrivent, le plateau de table, ingénieusement intégré à l’îlot, est agrandi et il y a soudain de la place pour 14 personnes. Ajoutez à cela les reflets brillants des 260 verres taillés à la main dans le lustre Viabizzuno et c’est la fête. Une fête qui se poursuivra bientôt dans le jardin, lorsque la nature s’éveillera et que la verdure enveloppera la villa.
« Le terrain ondule légèrement, comme dans le monde des Télétubbies, s’amuse la maîtresse des lieux. Et la piscine se fond dans ce terrain vallonné. L’endroit parfait pour vraiment savourer notre logis. »
Bio express : Martijn Van Gameren
Il travaille comme architecte depuis 2014 et en 2021, est devenu partenaire de Paul de Ruiter Architects, basé à Amsterdam.
Ce studio se concentre sur une architecture durable et innovante, avec un impact positif sur l’environnement, depuis sa création en 1994.
Le cabinet a reçu le certificat B-Corp pour les entreprises en 2016, qui démontre qu’il répond aux normes les plus élevées en matière de durabilité, d’éthique et de transparence.
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