Brussels housing, l’architecture du logement bruxellois à la loupe
Les maisons de Bruxelles se suivent et ne se ressemblent pas. Une monographie met en avant, photos et dessins à l’appui, cette variété fantastique de l’habitat bruxellois qui fait tout le charme de la ville et, au-delà, raconte son histoire et celle de ceux qui l’habitent.
Pour un Français qui débarque à Bruxelles et qui a l’audace de sortir du centre ville, la capitale a de quoi surprendre. C’est le cas de la personne qui écrit ces lignes en ce moment-même, française de son état donc, qui s’émerveille chaque jour de la joyeuse anarchie de l’urbanisme bruxellois au regard de l’uniformité et de la cohérence architecturales des villes françaises, finalement très sages. A Bruxelles, sous une barre d’immeubles, une maison aux allures de cottage côtoie un bâtiment moderniste, à quelques mètres d’une façade Art nouveau pur jus.
Joyeux chaos
Cette variété urbaine – unique au monde? – fait l’objet de la première monographie exhaustive sur l’architecture bruxelloise de l’habitat, publiée par la Faculté d’Architecture de l’UCLouvain LOCI et LAB* de la commune de Saint-Gilles. En plus de 350 pages et 700 illustrations (photographies mais aussi dessins et plans d’architecte), Brussels Housing. Atlas of Residential Building Types dresse une typologie de l’habitat bruxellois, à travers laquelle se raconte évidemment l’histoire de la ville, ses évolutions sociales et technologiques.
« Bruxelles est une ville de maisons, explique dans un article universitaire Gérald Ledent, professeur à l’UCL et co-auteur du livre. La majorité de ces maisons ont été construites au début du XXe siècle et elles constituent encore plus d’un tiers du parc immobilier bruxellois. Ce n’est cependant pas la seule forme de logement que l’on peut trouver ici: Bruxelles propose parfois un collage de styles et de types typique des villes belges. »
Les auteurs ont sélectionné pour la monographie plus de 100 bâtiments emblématiques, de l’Hôtel Clèves-Ravenstein, construit au début du XVIe siècle, aux projets contemporains et à venir tels que Do you see me when we pass, du bureau d’architectes Dogma, qui réfléchit aux organisations architecturales pour améliorer le vivre ensemble, comme autant d’utopies urbaines qui annoncent une nouvelle façon de cohabiter et d’envisager la cité. Nouvelle, vraiment? Peut-être pas tant que ça, quand on découvre que les maisons bruxelloises comportaient déjà à l’origine des pièces modulables.
Lire aussi: Les femmes architectes belges s’exposent
Layering architectural
Des résidences individuelles bourgeoises avec terrasse aux petites maisons mitoyennes ouvrières, des buildings d’affaires aux bâtiments haussmanniens du centre, des maisons de maître aux habitats groupés… Page après page se dessine ainsi l’hétérogénéité de la ville et l’identité propre des communes qui la constituent, malgré des lignes sans cesse mouvantes.
A Bruxelles, rien n’est figé, et si l’habitant doit s’adapter, on réinvente la maison bruxelloise. N’en témoignent ces photos d’extensions réussies sur les toits et côté jardin: ici une verrière en roof-top, là une façade contemporaine qui s’encastre parfaitement dans la construction mitoyenne d’origine. Finalement, tous ces habitats ne déparent pas, et de ce joyeux bordel ressort une richesse architecturale exceptionnelle non dénuée de poésie. Bruxelles la belle on a dit!
Brussels Housing. Atlas of Residential Building Types. (2023), de Gérald Ledent et Alessandro Porotto, photographies de Maxime Delvaux. Texte en anglais. 72 euros.
Lire aussi: La maison Volckrick, souvenir de l’Expo 58
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici