Objectif belle peau: les peelings chimiques sont-ils sans danger?
L’hiver est la saison rêvée pour s’offrir un peeling chimique fortement concentré réalisé dans un centre médical ou un institut spécialisé. Cette pratique a ses fans mais aussi ses détracteurs qui dénoncent des brûlures graves. Le jeu en vaut-il la chandelle?
Encouragés par les filtres des réseaux sociaux, de plus en plus de gens aspirent à une transformation radicale de leur peau. C’est ce que promettent les peelings chimiques: en éliminant en profondeur les couches de cellules mortes, ils laissent place à une peau plus fraîche. Dans le monde des adeptes des procédures esthétiques, ces peelings sont devenus un must. En hiver surtout, lorsque la peau est moins exposée au soleil et se régénère plus rapidement, les instituts et les cliniques voient leurs salles d’attente bondées.
L’idée d’un tel traitement vous fait-elle penser à ces établissements douteux où, dans les films de James Bond, les mafieux pouvaient changer de visage? Cette image mentale ne vient pas de nulle part. Les peelings chimiques n’ont pas toujours été aussi contrôlés qu’aujourd’hui. Développés dans les années 50 pour traiter les cicatrices et l’acné, ils étaient loin d’être sans danger. Les brûlures étaient la règle plutôt que l’exception. Dans les années 80, cette technique est devenue une procédure standard de l’esthétique anti-âge. Et si la technique est plus sûre aujourd’hui, elle n’est pas totalement sans risque.
Un peeling au déjeuner
Charlotte, architecte et mère de trois enfants, en a fait la triste expérience. A 37 ans, elle constate les premiers signes de vieillissement de sa peau. «Je me suis laissé tenter par un peeling chimique, raconte-t-elle. On en parlait beaucoup dans mon groupe d’amis. Sur les réseaux sociaux, j’étais inondée de publicités. Je me suis retrouvée dans un institut de beauté près de chez moi où n’officiaient pas de dermatologues ni de médecins esthétiques. Après une analyse de la peau, je me suis inscrite à une série de traitements, en commençant par l’acide glycolique. On m’avait prévenue que ma peau pourrait réagir et que c’était normal mais ce ne fut pas le cas. Elle s’est asséchée, a commencé à tirailler.» Un inconfort qui s’accompagne rapidement d’une sensation de brûlure.
‘Les peelings ne sont pas une partie de plaisir. Il est essentiel de s’adresser à un expert.’Griet Voet, dermatologue
«Les peelings chimiques professionnels ne sont jamais sans danger, prévient la dermatologue Griet Voet. Ils diffèrent considérablement des versions prêtes à l’emploi que l’on trouve dans le commerce.» Ils sont classés en trois catégories: superficiels, moyens et profonds. Chacune a ses propres utilisations, ses effets et, bien sûr, ses risques. «Le peeling superficiel aux acides de fruits est de loin l’option la plus commune, souligne la spécialiste. Il promet un coup d’éclat instantané et permet également de lutter contre les taches pigmentaires, les ridules et les pores dilatés. Le traitement est rapide, pratiquement indolore et idéal pour les personnes disposant de peu de temps.» Pas étonnant qu’on l’ait surnommé «lunchtime peel» (peeling à l’heure du déjeuner) car pour la plupart des patients, il est possible de retourner au travail immédiatement après.
Force moyenne
Dans les peelings de force moyenne, on trouve les compositions à l’acide glycolique. Ou des formules à base de rétinol. Cette forme de vitamine A, utilisée pour ses propriétés anti-âge, a connu un gain de popularité ces dernières années. «Ces produits pénètrent plus profondément dans la peau et donnent des résultats à plus long terme», poursuit Griet Voet. Pour Gerrit, 35 ans, qui travaille dans la communication, ce type de peeling chimique fait littéralement partie de sa routine beauté.
«Je le fais chaque année en hiver pour améliorer la qualité de ma peau, explique-t-il. Ma dermatologue applique le produit à l’aide d’un pinceau. Cela brûle un peu, ce qui n’est pas très agréable, mais cela reste tolérable. Elle surveille tout et rince le produit dès que ma peau devient rouge. Cela prend cinq à dix minutes. Ensuite, j’utilise une crème réparatrice pendant une semaine. Ma peau est alors un peu rouge et squameuse, mais rien de grave. Celle-ci est ensuite plus lisse, mes pores sont plus fins et même les petites rides sur mon front sont moins visibles. Cela en vaut vraiment la peine.»
Charlotte, en revanche, a dû mettre plus de 15 jours à s’en remettre. «C’est plus long que je ne l’espérais, mais l’institut m’a assuré que c’était normal et que ma peau serait simplement plus sensible, pointe-t-elle. Comme j’avais opté pour un programme complet, la prochaine session était déjà prévue dans mon emploi du temps. Je me suis dit: ça ne peut pas être pire. Mais c’était naïf. Ma peau n’avait pas encore récupéré et n’était pas prête à subir un nouveau peeling à base d’acide trichloroacétique (TCA).»
«Cet actif, plus puissant encore, pénètre profondément dans la peau et traite efficacement les cicatrices d’acné, les rides profondes et les dommages causés par le soleil, pointe Griet Voet. En fonction de la gravité des problèmes de peau, il peut être appliqué sur l’ensemble du visage ou uniquement localement. Les résultats peuvent être impressionnants, mais il faut beaucoup de patience. Après un peeling au TCA, la convalescence est souvent plus longue que pour les traitements superficiels. Les rougeurs, les irritations et la desquamation sont presque inévitables et peuvent persister pendant une à deux semaines.»
Des effets sévères
Pour Charlotte, qui n’a pas eu de chance, cela a tourné au cauchemar. «Ma peau était très irritée, j’avais l’impression de m’être brûlé le visage, regrette-t-elle. La douleur était insupportable.» Pour le docteur Voet, ce type de traitement ne convient pas aux peaux sensibles. Les personnes ayant un type de peau plus foncé doivent également faire preuve d’une grande prudence, car il existe un risque accru d’hyperpigmentation, qui peut entraîner des taches sombres.
Au regard du traumatisme subi, Charlotte regrette le manque d’information de la part du personnel de l’institut dépourvu de toute formation scientifique et l’absence de conseil médical. «Tout ce que l’on m’a dit était axé sur le résultat final, sans un mot sur la difficile période de convalescence.» C’est pour se sentir davantage en sécurité que Gerrit a choisi un dermatologue plutôt qu’un institut de beauté. «Je suis rassuré de savoir que ma peau est entre de bonnes mains, justifie-t-il. Je n’ai rien contre les instituts, mais pour de telles procédures, ma préférence va à quelqu’un qui a une formation médicale. Les résultats sont tout aussi convaincants, je n’ai jamais eu de mauvaises expériences.»
L’importance de l’expertise
Griet Voet, elle-même spécialiste des peelings chimiques, reconnaît qu’il est préférable de choisir un bon professionnel. «Les peelings ne sont pas une partie de plaisir, met-elle en garde. Il est essentiel de s’adresser à un expert. Dans le cas contraire, les conséquences peuvent être très graves.» Forte de sa mauvaise expérience, Charlotte a complètement abandonné les traitements invasifs. «Je me suis délestée de 2.000 euros pour avoir finalement une peau abîmée et un contour des yeux plus vieux qu’avant.» Aujourd’hui elle ne jure plus que par l’huile d’argan.
Notre experte recommande quant à elle d’avoir recours aux peelings les moins invasifs. «Ils offrent de bons résultats avec des risques minimes et l’on s’en remet plus rapidement, conclut-elle. Toutefois, si vous souhaitez des changements importants, je vous recommande des alternatives telles que les lasers CO2 fractionnés ou le microneedling par radiofréquence.»
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