Le microneedling promet de réduire les rides, booster le collagène et lisser le grain de la peau. Tout cela au prix de quelques piqûres superficielles. Cette technique, longtemps réservée aux dermatologues, s’invite à domicile. Analyse et banc d’essai.
Avec plus de 370 millions de vues sur TikTok, les tutos de microneedling sont aujourd’hui l’une des procédures non invasives les plus en vogue sur les réseaux. L’apparition d’outils permettant de réaliser ces protocoles à la maison y est certainement pour beaucoup. Les professionnels du secteur s’attendent en tout cas à une explosion de la demande dans les années à venir: la manne financière derrière ces microtraitements devrait dépasser le milliard de dollars d’ici 2030.
Les promesses, il est vrai, sont plutôt alléchantes: une peau plus lisse, plus ferme et plus lumineuse. Tout cela grâce au boost de la production de collagène et d’élastine induit par un mécanisme assez simple: on pratique, à l’aide d’un stylet muni d’aiguilles, des microlésions à la surface de la peau. Cette «agression» permet d’activer des mécanismes naturels de régénération. En même temps, les actifs des produits utilisés peuvent plus aisément franchir la barrière cutanée grâce à ces microcanaux ouverts temporairement.
Des effets qui varient selon les produits et la longueur des aiguilles
Ce n’est certes pas la première fois que l’industrie cosmétique s’inspire de la médecine esthétique pour développer ses produits. Les lotions à base d’acides de fruits sont les cousines moins concentrées des peelings chimiques proposés par les dermatologues. Le rétinol, molécule star de l’anti-âge, dérivé de la vitamine A, est utilisé dans les médicaments pour traiter l’acné. Surfant sur l’engouement collectif provoqué par les «beauty tools», les lampes LED – d’intensité moindre que celles utilisées par les dermatologues – ont peu à peu envahi nos salles de bains, comme sont sur le point de le faire les outils de microneedling.
«Tout se joue ici sur la longueur des aiguilles, précise la dermatologue Hélène Binet. En mésothérapie par exemple, elles font 4 mm, ce qui nous permet d’injecter les actifs désirés directement dans le derme. C’est là qu’il faut agir si l’on veut espérer stimuler le collagène et l’élastine. Le microneedling, même pratiqué par un médecin, fait appel à des aiguilles moins longues. Selon la sensibilité des zones du visage à traiter, je préconise des longueurs allant de 0,25 mm à 0,75 mm. Dans les appareils utilisés à domicile, on reste encore bien plus en surface: selon les modèles, vous ne dépassez même pas la couche cornée.»
Autre différence notable: la nature des produits utilisés lors de la procédure, l’usage de certains actifs dans des concentrations plus élevées restant uniquement réservé aux médecins.
Sans nier les bienfaits de ces nouveaux outils sur l’apparence de la peau, le docteur Binet tient toutefois à en relativiser les promesses. «Si on veut des résultats visibles à long terme, il vaut mieux commencer par une cure chez un dermatologue et utiliser ensuite ce type d’appareils en entretien, suggère-t-elle. Même si cela semble meilleur marché à première vue, il faut prendre en compte le coût des têtes rechargeables… et celui des produits qui les accompagnent.»
Notre experte pointe aussi une série de règles élémentaires de prudence. «Évitez à tout prix les rollers à désinfecter soi-même: ce sont des nids à bactéries qui risquent de provoquer des surinfections lors des microperforations. Optez uniquement pour des têtes à usage unique… et jetez-les après chaque utilisation. L’application d’un filtre solaire est un must. Ne vous maquillez pas dans les heures qui suivent si vous n’avez pas envie que les pigments pénètrent dans la peau. Pensez aussi à appliquer une crème apaisante après ce soin et bannissez les actifs agressifs – comme le rétinol – de votre routine.»
Comme pour tout rituel beauté, la constante d’utilisation reste également la clé du succès.
4 traitements de microneedling mis au banc d’essai
Une séance chez le dermatologue
Comment ça marche? Ici, la prise en charge est totale et commence par un diagnostic de peau et une évaluation des besoins qui détermineront le cocktail d’actifs à utiliser. Ma quête d’éclat et de fermeté nous amène à choisir un mélange d’acide hyaluronique et de nucléotides connus pour booster la production de collagène. Deux tailles d’aiguilles – 0,5 et 0,75 mm – seront utilisées selon la zone traitée. Pour optimiser les résultats, on recommande un peeling doux du visage dans les jours qui précèdent, afin d’éliminer les cellules mortes.
La promesse? Ce traitement est préconisé en cure de quatre séances espacées chacune d’au moins une dizaine de jours. Avec ensuite des séances d’entretien tous les 3 à 4 mois. C’est la stimulation du collagène et d’élastine sur le long terme qui est visée au-delà du coup d’éclat immédiat.
En pratique: La séance commence par un double nettoyage du visage enchaînant une eau micellaire moussante et un nettoyant à l’acide glycolique. Après rinçage, Maédé, l’assistante de la dermatologue, applique une fine couche d’acide glycolique qu’elle laisse poser avant de commencer le microneedling. Le cocktail d’actifs – 3 ml environ – est étalé sur la peau. La tête vibrante travaille petite zone par petite zone. La sensation s’apparente à un léger chatouillement, un peu plus sensible au niveau de l’os de la mâchoire. La peau rougit – et c’est le but – mais ne saigne pas. Le surplus de produit est massé dans la peau. Une crème apaisante et un SPF sont appliqués ensuite. Le soin dure au total près de 45 minutes.
Résultat après une séance: La peau est visiblement rouge… mais cela s’estompe rapidement. Il faut éviter de se maquiller pendant les prochaines 24 heures. Pour le soir, Maédé me conseille d’appliquer un soin apaisant qui renforcera ma barrière cutanée. Une heure après le soin, la rougeur a laissé place à un coup d’éclat bien visible et à une peau repulpée. Pour que les effets perdurent, il faudrait poursuivre la cure.
210 euros. Test réalisé avec Maédé Nikoo chez Skin Renaissance, à Etterbeek.
Le Nano Resurfacer 400 Booster, de Lancôme
Comment ça marche? L’appareil se présente sous la forme d’un petit stylo vibrant qui s’active par simple pression. La tête possède 484 picots de 0,08 mm de longueur. Il s’utilise tous les deux jours en complément du sérum Rénergie.
La promesse? Après six semaines d’utilisation à raison de trois fois par semaine, les tests cliniques réalisés avancent une diminution de 53% des rides du front, 35% des pattes d’oie et 44% du pli nasolabial.
En pratique: Je commence par appliquer une couche généreuse du sérum Rénergie, un cocktail d’acide hyaluronique, de niacinamide et d’acide férulique. J’insère ensuite très facilement l’une des douze têtes mono-usage vendues avec le starter pack. D’un simple clic, je sélectionne la vitesse. Je déplace ensuite le stylo en mouvement circulaire sur tout le visage – en évitant le contour des yeux et la bouche – pendant trois minutes. Je ressens simplement des vibrations, un peu plus intenses au niveau des os de la mâchoire mais rien de douloureux. Une fois les trois minutes recommandées écoulées, je masse le surplus de sérum, puis j’applique la crème Rénergie ainsi qu’un SPF.
Résultat après une séance: Le soin est relaxant et les gestes pratiqués tendent à lisser les traits. Mon teint est éclatant, la microcirculation a été activée par le massage. La facilité et la rapidité d’utilisation rendent l’achat tentant, le geste pouvant s’inscrire facilement dans une routine beauté d’utilisateur pressé.
295 euros le stylo avec 12 embouts, 60 euros le pack de 6 recharges, 145 euros le sérum de 50 ml. Disponible dans une sélection de magasins Inno.
Le Micro-Click Concentrate Bio-Performance, de Shiseido
Comment ça marche? L’outil ressemble à une seringue contenant la quantité de traitement à base de niacinamide nécessaire pour six applications. La boîte contient six têtes dotées chacune de dix-huit micropointes de 0,02 mm. La routine manuelle table sur 1.800 stimulations mécaniques. Il s’utilise tous les deux jours.
La promesse? Dès douze jours d’utilisation, à raison d’une application toutes les 48 heures, des tests consommateurs indiquent que les femmes ont vu leurs pores réduits de 83%. Leur peau leur apparaît plus ferme et plus douce. Les rides sont trois fois moins visibles. La marque préconise six semaines d’entretien avec une utilisation par semaine.
En pratique: Je place l’embout stérile sur la «seringue» puis je vide l’air en tenant l’applicateur à micropointes vers le haut tout en cliquant quarante fois jusqu’à ce que le concentré apparaisse. J’applique en pressant l’applicateur sur la zone ciblée en cliquant pour libérer une mini dose de produit grâce à l’orifice qui se trouve à côté de chaque pointe. Deux méthodes sont préconisées selon le résultat voulu: j’opte pour le traitement liftant. Le soir, dix clics sous chaque œil, cinq sur chaque joue et dix sur le pli nasogénien. Sans être douloureux, le geste n’est pas agréable. Le tout prend quelques minutes.
Résultat après une séance: J’ai de petites marques rouges mais elles se résorbent vite. Le concentré contient un complexe de trois ingrédients visant à réparer la barrière cutanée. On conseille d’utiliser ensuite les autres produits de la gamme pour une routine complète. Et d’apporter du confort à la peau.
275 euros la cure de six applications. shiseido.be
Le Micro Infusion Treatment, de DermaLab
Comment ça marche? À l’origine de ces kits de microneedlings à domicile, l’entrepreneuse belge Inge Caes. Elle a développé un outil qui fonctionne avec différentes formules selon les besoins de la peau. Dans la boîte, on retrouve une tête à usage unique montée sur un ressort et dotée de vingt aiguilles ultrafines de 0,25 mm. En face, un flacon contenant le sérum de votre choix, dont il existe quatre versions: hydratante, anti-âge, anti-acné et glow.
La promesse? Elle dépend bien sûr du bénéfice recherché. Dans le cas du Glow Boost que j’ai testé, le cocktail de niacinamide, peptides, céramides, acide hyaluronique et antioxydants garantit un teint plus uniforme, éclatant et frais dès la première utilisation.
En pratique: Après avoir ouvert l’ampoule en verre qui contient le sérum, on verse le produit dans le flacon vissé à la tête à picots. Sur une peau propre, on tamponne le visage et le décolleté jusqu’à ce que tout le liquide soit utilisé, en allant toujours du centre vers l’extérieur tout en veillant à une superposition de 50% de la zone tamponnée. Ensuite, on fait pénétrer le produit en surface par de larges mouvements de massage. Si on sent bien les petites pointes, le ressort amortit l’inconfort. Le rituel dure 5-6 minutes et est recommandé tous les quinze jours.
Résultat après une séance: Mon visage ressort de l’expérience légèrement rosé comme après une sortie dans le froid piquant. L’éclat du teint est ravivé. Et la peau repulpée. Si vous souhaitez profiter de cet effet bonne mine tout en pouvant vous maquiller, mieux vaut réaliser le soin la veille, ou idéalement deux jours avant.
Dès 79 euros la dose unique, 334 euros la cure de trois mois. derma-lab.eu