VRAI/FAUX | Le déodorant naturel est-il vraiment meilleur pour la santé que sa version classique?
Sels d’aluminium, parabènes… Les déodorants traditionnels se composent de substances jugées indésirables. Sont-ils aussi dangereux qu’on ne le prétend?
Marianne Priem et Lieven Dejonckheere, les fondateurs de la marque de soins naturels Likami, sont convaincus qu’un déodorant naturel est plus sain: «Les formules classiques contiennent des sels d’aluminium, qui réduisent voire stoppent la transpiration. Or, il s’agit d’un perturbateur endocrinien qui peut affecter l’action des œstrogènes. Cela ne veut pas dire que vous risquez forcément de développer un cancer du sein, mais il est tout de même préférable d’éviter un tel ingrédient, d’autant qu’il existe aujourd’hui de nombreuses alternatives. Pour notre crème déodorante nous avons travaillé avec des ingrédients neutralisant le pH, comme le carbonate de sodium. Lorsque le pH de la zone des aisselles est neutre, les bactéries responsables des mauvaises odeurs n’ont aucune chance.»
«Les déos classiques utilisent aussi souvent de l’alcool pour tuer les bactéries, un ingrédient fortement irritant, poursuit le duo à la tête de Likami. Le propylène glycol leur donne une texture douce, mais peut provoquer quant à lui rougeurs et réactions allergiques. Sans oublier les parabènes, un autre perturbateur endocrinien utilisé pour conserver le produit. Dans notre crème déodorante, les antioxydants contenus dans les ingrédients servent en même temps de conservateurs. Bien entendu, nos produits sont toujours testés sous contrôle dermatologique, y compris en ce qui concerne la durée de conservation.»
Déodorant naturel, oui, mais…
Mais la professeure émérite et toxicologue Vera Rogiers (VUB) nuance la psychose liée aux sels d’aluminium: «En Europe, les cosmétiques doivent respecter les concentrations fixées par le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs. Le CSSC dispose d’une liste prioritaire des ingrédients les plus perturbateurs endocriniens, qui n’inclut pas les dérivés de l’aluminium. Pour les ingrédients cosmétiques, une évaluation des risques est effectuée: on analyse la concentration, l’utilisation appropriée et ce qui pénètre dans le corps humain, puis on détermine s’il peut y avoir un effet sur le fonctionnement de nos organes. Il s’agit d’un scénario complet, qui va au-delà de la simple suppression d’une substance. Après tout, à une concentration suffisamment élevée et dans des conditions défavorables, tout peut être toxique.»
Et de pointer qu’un déodorant «traditionnel» est généralement une combinaison d’un déodorant et d’un antitranspirant. Or «ce dernier est toujours un dérivé de l’aluminium. Une version naturelle achetée au supermarché contient de l’alun, une roche présente dans la nature qui contient elle aussi de l’aluminium. La partie déodorante est composée de parfum et de substances antibactériennes qui éliminent les odeurs. Du bicarbonate de sodium est également parfois utilisé. La peau a naturellement un pH acide, entre 4,5 et 6, qui est notre protection naturelle, mais le pH alcalin du bicarbonate de sodium neutralise le pH de la peau. Il a un effet désodorisant, mais son utilisation fréquente peut entraîner une irritation cutanée. En outre, les ingrédients tels que le bicarbonate de sodium sont fabriqués de manière synthétique et n’ont donc rien de naturel».
Conclusion
Votre santé n’a pas grand-chose à craindre d’un déodorant classique vendu en Europe. Si vous recherchez un produit écologique avec une liste d’ingrédients courte, optez plutôt pour un déodorant naturel. Mais dans les deux cas, une irritation de la peau reste possible.
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