Nos favoris de l’été: les secrets du matelas gonflable, un accessoire prisé depuis l’Antiquité
Indissociable des piscines de clubs de vacances et d’une certaine idée de la dolce vita, le matelas gonflable plait autant aux adultes qu’aux enfants, et est l’accessoire estival indémodable par excellence. Mieux, encore, il inspire chaque année de nouvelles tendances. Retour sur son histoire, bien plus ancienne qu’il n’y paraît.
C’est que le premier ersatz de matelas gonflable apparaît… à l’époque des Romains. Lesquels, ça va sans dire, ne se prélassent pas dans leurs thermes avachis sur une confection en forme de licorne ou de tranche de pizza géante (rappelons qu’il faut attendre 1856 pour l’invention du premier plastique, même si la pizza, elle, existait visiblement déjà à l’époque de Pompéi) mais utilisent plutôt vessies et autres peaux de chèvre remplies d’air en guise de dispositifs de flottaison. Et si le flotteur existe donc depuis plusieurs millénaires, ce n’est toutefois pas avant quelques siècles que son utilisation ne devient aussi récréative.
Un passe-temps princier
Lors de la découverte du plastique, au mitan du 19e siècle, l’armée met en effet rapidement ce nouveau matériau à profit pour développer des matelas gonflables faits pour transporter les blessés dans l’eau de manière plus rapide et sécurisée.
Pour assister au développement de leur potentiel récréatif, il faut attendre un siècle encore, et les 50s, la popularisation des congés payés mais aussi des vacances à l’étranger contribuant à celle du matelas gonflable, désormais plus en vessie mais bien en plastique, et utilisé non plus uniquement à des fins de sauvetage en mer mais aussi pour clapoter gaiement sur l’eau douce ou iodée.
Inventées au tournant du 20e siècle, les bouées de natation (celles-là même qui ont orné les bras de tous les bambins) inspirent, dans les années 20, la création de la bouée gonflable, sorte de gigantesque chambre à air flottante, alors principalement destinée aux adultes ne sachant pas nager.
Dans les années 50, la légende, relayée par le Sports Illustrated, veut que ce soit la princesse Chumbot de Thaïlande qui ait popularisé son utilisation à des fins récréatives. Après qu’un reportage de la télévision locale ait montré comment la princesse et ses proches se détendaient en se laissant dériver en bouée sur une rivière de la vallée de Chong Lom, des hordes de ses sujets sont accourus sur place pour tenter cette nouvelle activité. Un intérêt lucratif, pour la princesse thaïlandaise, puisqu’après s’être procuré une centaine de bouées, elle les a mises en location moyennant 5 baht la descente de rivière.
Plus proche de chez nous, relate LIFE, ce serait un propriétaire de night club britannique, David Breault, qui aurait eu l’idée d’organiser des excursions flottantes (gratuites, cette fois) sur la rivière Apple, afin de promouvoir sa boîte de nuit. Et c’est justement ce potentiel promotionnel qui va contribuer à la popularité croissante du matelas gonflable dès les années 70.
L’essor du matelas gonflable
Pour les entreprises de l’époque, la combinaison de la durabilité, de l’accessibilité mais aussi de la facilité d’utilisation des accessoires gonflables en fait en effet un matériau promotionnel de choix. Des décennies avant que le matelas gonflable ne soit sujet aux mêmes tendances que les vêtements ou la déco, on l’achète rarement car on le reçoit chez le garagiste, en grande surface ou encore en parfumerie, orné du logo et revêtu des couleurs de la marque qui sponsorise sa distribution à la clientèle.
Piscines, lacs et bords de plage se transforment alors en gigantesques revues publicitaires en plein air, et si, aujourd’hui, la pratique a quelque peu perdu en popularité auprès des annonceurs, tout enfant des années 2000 aura flotté fièrement dans son fauteuil pneumatique rouge vif Coca-Cola ou sur un matelas estampillé du nom d’une marque de crème solaire.
C’est que depuis les années 80, l’engouement pour le matelas gonflable et ses cousins, la bouée géante et le transat flottant, ne fait pas mine de faiblir – au contraire même. Des grands aux petits écrans, des clips aux films, sans oublier le jardin des voisins, ils sont partout, et sont, depuis quelques années, toujours plus déjantés.
Avènement des réseaux sociaux oblige, les années 2010 ont en effet vu une déferlante de matelas toujours plus volumineux et toujours plus audacieux inonder le marché, entre la profusion de licornes flottantes, l’engouement pour les tranches de pastèque XXL ou les flamants roses, sans oublier la popularité des ersatz bariolés de parts de pizzas géantes et autres hot-dogs sur lesquels se laisser dériver.
Un été gonflé
Pour Blake Barrett, un des fondateurs de Funboy, une compagnie américaine spécialisée dans la commercialisation de ce genre de #clickbaits aquatiques, ce n’est pas surprenant: « Il suffit de regarder de vieilles photos d’Acapulco ou de St Tropez dans les années 70 ou 80 pour être inondé de photos de touristes sexy profitant de leurs vacances depuis le confort d’un matelas gonflable. C’était considéré comme le summum de l’allure jet-set chic à l’époque, et aujourd’hui, la tendance fait un retour en force » assure l’entrepreneur.
Même si, à l’été 2023, les licornes monumentales capables d’accueillir jusqu’à trois adultes ont laissé la place à une autre variation, pensée, elle, pour maximiser le bronzage.
Lire aussi: La « piscine de bronzage » est-elle vraiment indispensable cet été?
Depuis quelques semaines, TikTok s’enflamme en effet pour la « piscine de bronzage », disponible également en version matelas gonflable, qui permet de dériver tout en ayant le corps recouvert d’une fine couche d’eau, pour bénéficier (façon de parler) d’un effet loupe et maximiser son bronzage.
Autre innovation cette saison? Le Pool Lounger de Business & Pleasure, qui troque le plastique bariolé qui couine quand on s’y installe pour du PVC recouvert de Pleasuretex, afin de donner l’illusion du tissu et de rendre la flottaison plus élégante que jamais. Un luxe qui a un prix, puisqu’il faudra coûter 599€ le matelas tout de même. Tout de suite, c’est nettement plus cher qu’une vessie d’animal remplie d’air…
La drôle d’histoire de nos favoris de l’été:
– L’Aperol Spritz, ce qu’il faut savoir de cet apéro culte (et comment le préparer)
– Il était une fois la cabine de plage…
– Le bikini, petit par sa taille, grand par son destin
– Le fauteuil acapulco, léger, résistant et peu onéreux
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici