Visite de l’intérieur d’un influenceur déco belge: « Trouver un objet fantastique et qui ne coûte pas cher, c’est génial »
Olivier De Croock expose volontiers, sur les réseaux sociaux, son intérieur riche d’un mélange décalé de meubles et d’objets, souvent vintage. Il imagine également de fabuleuses compositions florales, elles aussi plébiscitées à l’étranger.
L’appartement qu’Olivier De Croock partage avec son compagnon se situe dans un cadre typiquement anversois: un bâtiment Art déco, entre le Groen Kwartier et le centre-ville, où un vieil ascenseur en bois fait encore son office chaque jour dans une cage en fonte richement décorée. Au dernier étage, c’est un concert d’aboiements qui nous accueille. «Nos chiens perdent brièvement leurs moyens face à des visiteurs», précise notre hôte, puis les deux teckels s’élancent dans le long couloir, pleins d’excitation. Le plancher sombre craque sous leurs pattes et… nos pieds, d’une musique que seules les vieilles bâtisses peuvent offrir.
Les lieux semblent étrangement familiers, comme si vous croisiez dans la rue quelqu’un que vous suivez sur Instagram et dont vous savez tout, même si vous n’avez jamais échangé le moindre mot. Olivier offre régulièrement un aperçu de son appartement à ses followers. Un régal pour les curieux, mais aussi pour le réseau social. La décoration de table qu’il a créée pour un dîner cosy — un assemblage de plantes vertes, de fleurs, de légumes et de mousse — a été ajoutée au feed design géré par la plate-forme, pour le plus grand bonheur de 1,4 million d’utilisateurs.
Dénicheur de talents
S’il se considère comme un «designfluencer»? «Je ne me vois pas seulement comme un fleuriste en tout cas», répond celui qui a appris les ficelles du métier auprès de l’artiste floral Daniel Ost. Désormais, vous pourrez le croiser au Graanmarkt 13, le concept store où il travaille et qui donne le ton à Anvers depuis plusieurs années. «J’ai toujours aimé la décoration, confie-t-il. Après le divorce de mes parents, j’ai transformé la maison de mon père en nid douillet, où il fait bon vivre et se retrouver autour d’une table joliment dressée. J’allais dans la forêt pour ramasser des châtaignes et des branches ou cueillir des fleurs lorsque nous avions de la visite. Pour moi, les compositions florales influencent l’humeur des invités. Elles apportent de la nouveauté, semaine après semaine.» Il réalise, en parallèle, des installations de fleurs pour des mariages et des fêtes de fiançailles, ainsi que pour l’Opéra d’Anvers ou le Musée royal des beaux-arts de la cité scaldienne.
Des missions qui découlent de son travail sur les réseaux sociaux. «Les abonnés me parlent souvent de l’aménagement de mon appartement. D’où vient ceci, où as-tu trouvé cela?» La bibliothèque en acier chromé et en verre, qui servait autrefois de vitrine dans un magasin de cuisine à Saint-Nicolas se vendrait aujourd’hui bien plus cher que le prix qu’il a payé. Tout comme la table à manger en chêne qu’il a trouvée sur Facebook. Mais l’intéressé n’a pas l’intention de s’en défaire. «Trouver une pièce fantastique et unique, désirée, mais toujours bon marché, c’est incroyable.» Il les combine avec des classiques, du design vintage anonyme et des créations belges contemporaines. Ainsi des luminaires Koen Van Guijze qu’il a pimpés avec des ampoules Eclipse signées Ann Demeulemeester, des sièges Muller Van Severen pour Kassl, des dizaines de bougies de Michaël Verheyden, des céramiques de l’Atelier Pierre Culot et d’Antoine Vandewoude, etc. Et d’une nouvelle œuvre de Nicolas Erauw. «Je l’ai rencontré par l’intermédiaire d’un ami, dit-il en désignant un vase jaune derrière lui. Je l’ai alors introduit au Graanmarkt 13, et la première édition a eu un succès fulgurant. Quoi de plus chouette que de pouvoir soutenir de tels talents?»
Une vie de création
«Cette vie de création me convient. Je remarque que les gens ont souvent les moyens d’acheter de belles choses, mais qu’il leur manque parfois l’œil pour les réunir dans un seul espace. Je résous ce problème pour eux», poursuit-il. Les teckels s’élancent à nouveau dans le couloir, nous donnant le feu vert pour les suivre vers les chambres et les salles de bains. Au pluriel. Le couple a la chance d’être tombé sur un appartement de l’entre-deux-guerres qui pouvait accueillir une femme de chambre. L’espace ne manque pas. Un miroir joue son rôle à la perfection en agrandissant encore la perspective.» Comme dans le reste de l’appartement, l’atmosphère est sobre et discrète avec quelques accents bien choisis. «J’aime la couleur, mais pour les grands objets, je trouve cela risqué. Les sièges Kassl sont une exception à cette règle. Mon compagnon les a commandés sans que je le sache. J’ai mis un peu de temps à m’y faire au début, avoue-t-il. Mais mon stress s’est dissipé quand j’ai compris que les éléments étaient interchangeables.»
Un vieux chariot à roulettes trouvé en seconde main sert de commode dans la chambre, où s’entassent les magazines. Depuis l’âge de 18 ans, Olivier collectionne les éditions de Vogue Homme et de L’Officiel Homme. En haut de la pile, deux couvertures mettent en scène l’acteur Timothée Chalamet, connu pour ses rôles dans Dune et Call me by your name. «On me dit parfois que je lui ressemble. Peut-être les ai-je exposés pour qu’on me le dise encore plus souvent», plaisante-t-il. Dont acte.
Olivier De Croock (33 ans)
Il est né et a grandi à Saint-Nicolas, a étudié l’organisation d’événements et la gestion de projets à Gand.
Il a travaillé pour l’artiste floral Daniel Ost pendant quatre ans, avant de déménager à Anvers et de rejoindre son compagnon dans l’équipe du concept store Graanmarkt 13.
Outre son poste de social media manager, il travaille en tant que creative director spécialisé dans les installations florales et la décoration d’intérieur.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici