Aux fils des temps

Expérimentations de Flore Fockedey © FLORE FOCKEDEY, TEST, 20X30, BRODERIE SUR MOUSTIQUAIRE, R19 BARTHÉLÉMY DECOBECQ

Moyen d’expression sans cesse réinventé, le textile est autant une pratique ancestrale que contemporaine. La Maison des Arts de Schaerbeek et le Tamat, Musée de la Tapisserie de Tournai, lèvent le voile sur la diversité d’un art actuel à la fois pictural, sculptural, narratif, expérimental… et forcément tactile.

1–Expérimentations

Broder des moustiquaires ou teinter la soie avec du curcuma et des oignons, telles furent les expérimentations de Flore Fockedey (photo) lors de son année de résidence au Tamat à Tournai. Depuis sa création en 1981, le Musée de la Tapisserie et des Arts textiles accueille annuellement huit ou neuf artistes invités à se lancer dans des recherches libres liées au textile. De près ou de loin. Ann Veronica Janssens, Edith Dekyndt, Emilio Lopez-Menchero ou Angel Vergara sont ainsi passés par ici avant de gagner une reconnaissance internationale. Pour fêter ses 40 ans, l’institution met non seulement en évidence ses collections permanentes (alliant tapisseries historiques et oeuvres modernes), mais nous plonge aussi au coeur du processus créatif aventureux de ces résidences. Les artistes étant longtemps repartis avec leurs oeuvres, c’est à travers des archives vidéo, des photos, des notes, des échantillons, voire des dossiers de candidatures (véritables chefs-d’oeuvre en soi)… Une manière d’observer littéralement la créativité à l’oeuvre. Et vous le bonheur, vous l’imaginez comment?, Tamat, à 7500 Tournai. tamat.be Du 14 mars au 2 août.

Au coeur de la démarche d'Elise Peroi
Au coeur de la démarche d’Elise Peroi© ELISE PEROI / MAISON DES ARTS / SDP

2–Végétations

Le rapport au temps est au coeur de la démarche d’Elise Peroi. L’artiste manie le fil d’un geste lent et rituel. Elle en fait une danse. Jeu de relief et d’équilibre. Dans le salon de la Maison des Arts, elle a créé une forêt de fils dont la tension permet à sa structure en bois de se dresser. Le motif est tantôt tangible, tantôt évanescent. « En faisant des recherches sur l’histoire du lieu, j’ai appris que son jardin a été une véritable forêt de marronniers assez opaque, explique la créatrice. La forêt peut à la fois nous recouvrir et laisser passer la lumière. Comme le textile. » L’exposition réunit neuf artistes actuels de générations différentes. Chacun a développé une démarche unique, autour de techniques et thématiques personnelles, telle Asia Nyembo qui enfouit les couleurs du wax africain dans un enduit goudronneux. Une oeuvre remuante. L’expo nous laisse voir le fil se mêler à la vidéo (Ethel Lilienfeld) ou au minéral (Hélène de Gottal), dans une exploration le plus souvent spatiale. « La racine du mot textile est la même que celle du mot architecture, souligne Elise Peroi. Très tôt, les civilisations ont dû filer et tisser. C’est en tissant que les Parques de la mythologie veillaient au destin de l’humanité. Le textile a toujours été là et c’est ce qui pour moi le rend contemporain. Surtout dans une époque où l’on ne sait plus comment les choses sont faites. » Fil, Maison des Arts, à 1030 Schaerbeek. lamaisondesarts.be et eliseperoi.com Jusqu’au 25 avril.

Végétations
Végétations© JOSÉ MARIA SICILIA / MAISON DES ARTS / SDP

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