C’est cadeau

anne.francoise.moyson@levif.be © KAREL DUERINCKX

Elle racontait si joliment l’histoire de son petit garçon, il était dans la cuisine et lui avait tendu un papier griffonné. Elle se souvenait qu’elle avait essuyé les mains sur son tablier et l’avait lu, il disait: « Pour avoir fait mon lit toute la semaine, 3 francs ; pour avoir été aux commissions, 1 franc ; pour avoir surveillé le bébé, pendant que toi tu allais aux commissions, 1 franc 25… » La liste s’allongeait, pour se clore sur une somme qu’il avait bravement calculée, 9 francs et 85 centimes. Alors Marie Laforêt, préférant le chanter, lui avait répondu: « Pour neuf mois de patience et douze heures de souffrance, cadeau. Pour tant de nuits de veille, surveillant ton sommeil, cadeau, pour tes tours de manège, les jouets, le collège, cadeau. Et quand on fait le tour, le total de mon amour, c’est cadeau. »

Un calendrier ancestral immuable a instauré le solstice d’hiver comme temps officiel des présents. Avec son cortège de guirlandes dansantes, de gros noeuds à défaire, de papiers brillants à déchirer excité, d’extases vraies ou feintes, de surprises, souvent belles, parfois misérables ou juste décevantes. Si la vie avait été ce qu’elle n’est plus, il se serait ensuivi des embrassades mouillées, des étreintes caressantes et de tendres enlacements qui ont le don d’apaiser ce qui doit l’être et de donner à dîner à notre essentielle humanité, mignardises comprises. Mais sus au virus, il s’est agi cette fois-ci de se réinventer, contre mauvaise fortune bon coeur. A l’image de ces artisans méticuleux et passionnés, que nous avons rencontrés, et qui façonnent le contenu du contenant si élégamment empaqueté au pied de l’arbre de Noël. Sans rien lâcher, ils ont bossé, espérant partager leur créativité. Une part immatérielle de beauté, souvent. Comme le total d’un amour. C’est kdo.

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