Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Après avoir longtemps véhiculé une imagerie peu glamour, le motor-home séduit aujourd’hui un nouveau public. A l’heure des vacances organisées à la minute près, on loue sa liberté et son anticonformisme. Séduit ? Embarquez vous aussi pour une escapade dans la vallée de la Loire.

Cette année, Tanguy et Manon longeront un tronçon de la Loire en… motor-home. Pour les observateurs attentifs des nouveaux comportements et des aléas de la consommation, ce retour en grâce du motor-home n’est pas une surprise : il est en effet porté par une lame de fond. Avec leur goût pour la nature et le plein air, les adeptes de  » l’outdoor attitude  » n’ont pas tardé à embrayer. Tout comme les  » néo-nomades « , ces urbains qui font du voyage une valeur phare au c£ur d’un univers jugé trop sédentaire. Tout comme les  » prolos chics  » qui, eux, ont l’art de sublimer les classiques de la culture populaire en must-have .

Mais il faut également compter avec les  » trysumers  » (1), des consommateurs d’un tout nouveau genre, gratifiés par les marketeurs d’un néologisme anglais en forme de mot-valise sacrant la rencontre de  » to try  » (tenter, essayer) et de  » consumers  » (consommateurs). Les  » trysumers  » affichent une attitude différente face au monde de la consommation intensive. Surinformés, surdiplômés et disposant d’un gros pouvoir d’achat, ils s’inscrivent en marge des diktats publicitaires et du conformisme consumériste. Guidés par la curiosité et l’envie de se démarquer, ils mettent un point d’honneur à multiplier les expériences.

Liberté chérie

Au diable les clichés ! Citant volontiers les caravanes américaines en aluminium Airstream de Wally Byam comme référence, les amateurs de motor-home justifient leur choix en invoquant plutôt la liberté de mouvement et l’autonomie que le repli de l’escargot dans sa coquille. Ces valeurs ne séduisent pas qu’un seul cercle restreint. L’esthétisme camping gagne aussi les hautes sphères de la consommation. Pour preuve, l’été passé, à Paris, les Galeries Lafayette ont fait un malheur en commercialisant une gamme de tee-shirts loguée d’un  » I Love Camping  » en lettres noires sur fond de c£ur rouge. Dans le même temps, Le Printemps, toujours à Paris, proposait, lui, une exposition répondant au nom révélateur de  » Camping Glamour « .

Il suffit de se rendre dans une boutique Habitat pour constater la soudaine prolifération de produits inspirés par l’univers du camping, dont les boîtes à tartines empilables constituent la face la plus visible. Idem pour la marque Weber qui développe une série de barbecues chics spécialement conçus pour des vacances en camping-car. Plus fort encore, le grand designer français Philippe Starck lui-même n’a jamais caché son penchant pour la mobilité autosuffisante : voyez  » ses  » couteaux Laguiole et sa vaisselle éphémère 100 % inscrite dans cet esprit de nomadisme chic.

Face au développement d’une nouvelle clientèle, les campings accueillant les motor-homes ont upgradé leur offre et leurs infrastructures. On assiste aujourd’hui à une prolifération de camping 4-étoiles, dont l’un des plus célèbres, le Cala Gogo à Saint-Cyprien, dans le Languedoc-Roussillon, résulte de l’initiative de Pascal Borrell, un chef étoilé au Michelin. Sans compter les espaces qui s’équipent d’un accès à Internet – même Wi-Fi – pour rencontrer les attentes des branchés.

La Loire par excellence

Pour l’avoir testée entre Orléans et Chinon, la Loire convient parfaitement à une balade- découverte en motor-home. Ce moyen de transport permet d’aborder la région au gré de ses envies. Et, avec un rien de débrouillardise, il est possible d’éviter les aires de stationnement obligatoires qui enlèvent tout charme au voyage.

La Loire est l’un des derniers grands fleuves sauvages d’Europe dont le nom résonne sur un millier de kilomètres. Avec ses îles et ses bancs de sables, elle s’offre comme un paradis naturel niché d’oiseaux migrateurs. Pour jouir d’un maximum de sensations, il est conseillé de commencer par un programme  » La Loire vue du Ciel « . Plusieurs sociétés proposent des survols en montgolfières. Un regard panoramique qu’il convient ensuite de compléter en sillonnant les 400 kilomètres d’itinéraires à vélo à travers la région. A noter : le Val de Loire est au c£ur d’un projet qui ambitionne de relier l’océan Atlantique à la mer Noire au moyen d’un réseau de voies cyclables.

Au c£ur de cet écosystème fabuleux, on ne peut négliger l’£uvre des hommes. Et une escapade en motor-home permet bel et bien d’en retenir le meilleur. Cap sur les célèbres châteaux. Chenonceau, par exemple, propose une palpitante visite avec un iPod vidéo en guise de guide. On ne ratera pas non plus les jardins de Villandry : un plaidoyer pour la nature décliné majestueusement y compris dans le restaurant bio du château.

Le vin est aussi une des merveilles du terroir ligérien. Surtout depuis qu’une nouvelle génération de viticulteurs a repris le flambeau. Elle se caractérise par un retour dans les vignes et par une maîtrise des rendements. Beaucoup de ces nouveaux vignerons élèvent des vins nature qui font l’économie des pesticides et, dans la mesure du possible, du soufre. Preuve d’une sincérité qui va comme un gant à une terre franche.

(1) Internet : www.trendwatching.com

Michel Verlinden

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