Des clics (et des claques)

© Ingrid Otto

 » Sale pute « ,  » Je te conchie, tu me fais vomir « ,  » T’as sucé qui ? « ,  » Ferme ta gueule, connasse « . Ces insultes sont une infime partie des milliers que j’ai reçues depuis quelques années. Je ne pensais pas que ça arriverait mais je m’y suis habituée. J’ai compris que ces inconnus – il s’agit à 99 % d’hommes – ne s’acharnaient pas sur ce que je suis, vu qu’ils n’en savent rien, mais sur ce que je représente à leurs yeux. Et ça, mes petits chats, c’est leurs oignons, pas les miens. Donc je les regarde s’exciter sur ce qu’ils pensent que je suis en me disant qu’ils doivent être bien fragiles pour se sentir menacés par un Monchichi d’un mètre soixante. La toile est un lieu fabuleux où les femmes peuvent prendre la parole qu’on ne leur donne pas toujours. Elles peuvent exprimer leur opinion, partager leurs expériences, imposer l’actualité. Mais c’est aussi un lieu de grande violence. Celles qui ont témoigné de harcèlements et de viols le savent, à peine avaient-elles terminé de taper le hasthag #metoo que le retour de bâton les a frappées de plein fouet. Elles mentaient, cherchaient la gloire, auraient dû porter plainte, devaient se taire. D’après une enquête de l’ONU, 73 % des femmes ont déclaré avoir déjà été victimes de violences sur Internet. Les trois-quarts d’entre elles, selon Amnesty, ont modifié leur manière d’utiliser les réseaux sociaux. Elle s’autocensurent ou disparaissent, tout simplement. Elles sont réduites au silence. Et vous savez pourquoi ? Uniquement parce qu’elles appartiennent au sexe féminin. Les hommes ne sont pas confrontés à ce type d’injures, qui les réduisent à leur genre, à leur physique, aux actes sexuels qu’on voudrait leur imposer. En début d’année, un rapport du Haut Conseil à l’égalité, en France, expliquait que ce harcèlement a pour objectif de  » contrôler la place des femmes et les exclure de l’espace public présentiel ou numérique « . Vous savez quoi ? J’en ai marre. Je ne bougerai pas d’un centimètre. Vous vous fatiguerez avant moi. A celles qui me lisent, serrons-nous les coudes numériques. Si c’est une guerre qu’ils nous mènent, nous la gagnerons. Promis.

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