Des clics (et des claques)

© INGRID OTTO

 » Admets ton racisme anti-blanc !  » me lance un contact Twitter. Je réagissais aux propos de la journaliste française Rokhaya Diallo qui faisait remarquer, à juste titre, disais-je, que la couleur  » nude  » est systématiquement couleur de chair blanche. Sous-vêtements, fonds de teint : vérifiez, vous verrez. Prenant l’exemple des sparadraps, elle expliquait à quel point il est compliqué, ici, pour les Noir.e.s de trouver des produits adaptés à leur peau en dehors des commerces spécialisés et en quoi c’était humiliant de se sentir nié. Je n’ai toujours pas compris pourquoi ces paroles étaient polémiques mais, visiblement, les approuver fait de moi, aux yeux de ce monsieur, une  » raciste anti-blanc « . Bon, déjà, la dernière fois que je me suis regardée dans le miroir, j’étais blanche. Suis-je raciste envers moi-même ? Vais-je me refuser la location d’un appartement, l’accès à un emploi ou m’autoflageller pour être en présence de moi-même ? Compliqué mais pas impossible. J’aime les défis. Par contre, là où le bât blesse, c’est que je ne sais pas très bien comment instaurer un rapport de domination avec moi-même. Parce qu’il ne faut pas confondre humiliations, insultes et le racisme, qui est un phénomène structurel qui s’inscrit dans l’histoire et qui a pour base l’oppression, la domination. Il a servi d’argument pour justifier la colonisation, par exemple. On y vient, à ce sujet qui rend les gens dingues.  » Je ne me sens pas le devoir de m’excuser pour ce que je n’ai pas fait « , fanfaronne un tout jeune homme aux idées déjà si poussiéreuses. Certes. Mais laissez-moi vous rappeler ceci : en 1958, lors de l’Exposition universelle, au pied de l’Atomium, se trouvaient des enclos avec des Africains à qui le public jetait des bananes. Oui, en 1958. Vais-je m’en excuser ? Non. C’est à mon pays de le faire. Mais c’est aussi mon histoire. Et j’entends bien m’asseoir à califourchon sur une chaise et la regarder dans les yeux en lui disant que je la juge, que je sais ce qu’elle a laissé comme traces dans la société actuelle. Et que je l’ai à l’oeil.

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