Nostalgie d’un futur inaccompli

Quartier général de l'armée, Brasilia. © VINCENT FOURNIER / SPAZIO NOBILE

Bâtie en 1928 par l’architecte Victor Bourgeois, chef de file des modernistes belges, la maison-atelier du sculpteur Oscar Jespers faisait déjà office de lieu d’exposition du temps de son premier propriétaire, qui y recevait l’avant-garde européenne – notoirement Klee et Kandinsky. C’était d’ailleurs pour prolonger cette vocation que l’actuel propriétaire des lieux, Jean-François Declerq, les avait réaménagés en 2015, accueillant depuis artistes et designers de premier plan. On comprend donc bien ce qui a poussé la galerie bruxelloise Spazio Nobile à vouloir y présenter le travail de Vincent Fournier, tant l’architecture de la maison et les images du photographe français sont susceptibles de dialoguer. Tenue dans le cadre du Photo Brussels Festival, l’expo Brasilia, utopies modernistes est ainsi consacrée à une série de vues époustouflantes de la capitale brésilienne et se compose de dix clichés soigneusement sélectionnés par Lise Coirier et Gian Giuseppe Simeone de Spazio Nobile, ainsi que par Vincent Fournier lui-même.

Erigée en seulement quatre ans sur un poussiéreux désert, la ville de Brasilia fut l’oeuvre majeure du gouvernement de Juscelino Kubitschek, président qui avait promis  » 50 ans de progrès en 5 ans  » à ses électeurs et décida de confier cette pharaonique utopie à l’un de ses amis, un certain Oscar Niemeyer, et à l’urbaniste Lucio Costa. Amoureux de la beauté  » sidérante et folle  » de la ville, qui alimente sa fascination pour les représentations du Futur avec une majuscule, Vincent Fournier confie avoir utilisé Brasilia  » comme un décor où ses propres habitants sont mis en scène « . Figée dans son plan pilote originel depuis son inscription au patrimoine de l’Unesco, cette cité venue d’ailleurs a cristallisé les espoirs du Space Age et prodigieusement inspiré le photographe, dont les dix images grand format parviennent à exprimer, avec une intensité inouïe, la nostalgie d’un futur inaccompli.

Brasilia, utopies modernistes, Atelier Jespers, 149, avenue du Prince Héritier, à 1200 Bruxelles. www.atelierjespers.com et www.photobrusselsfestival.com Jusqu’au 20 janvier prochain.

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