par florence hainaut

© Ingrid Otto

 » C’est honteux d’afficher un cul pour vendre une culotte. On devrait la mettre sur la tête, ce serait moins sexiste « , écrit un internaute. Plusieurs jours que la Toile bruisse autour d’une publicité pour de la lingerie. Ses défenseurs estiment que l’érotisme est indissociable du business. Ses détracteurs expliquent que réduire la femme à une paire de fesses, ça s’appelle de l’objectivation. Soit, grosso modo, le fait de la transformer en objet (de désir, de décoration). Ça fait un siècle qu’on en parle et qu’on en analyse les effets catastrophiques sur l’image que les femmes ont d’elles-mêmes et que les hommes ont des femmes, mais sur Twitter il ne faut que 280 caractères pour décréter que  » c’est n’importe quoi « . Ce culotté postérieur, qui s’étendait en géant sur la façade d’un grand magasin parisien, n’avait ni jambe ni tronc et encore moins une tête. C’était juste un derrière.  » S’il s’était agi d’une paire de fesses masculines en boxer moulant, ça n’aurait pas fait autant de vagues « , philosophe un autre intervenant. En effet, ça me semble un peu compliqué de mettre en miroir l’objectivation des messieurs et celle des dames. Les petits garçons ne grandissent pas en étant hypersexualisés. Il n’y a pas de photos de mecs cambrés, croupe offerte, lèvres humides entrouvertes, pour vendre des voitures, des semelles orthopédiques ou de la litière pour chat. Pas de gars, l’air coquin, qui lèchent des glaces phalliques. Toutes des campagnes de pub qui ne disent finalement qu’une chose aux femmes : vous existez si vous êtes désirables. Le tout affiché partout dans nos espaces publics. C’est vraiment ça que vous souhaitez pour vos filles et vos petites-filles ? Croupe offerte, c’est pas un plan de carrière. Mais bon, ne pas avoir de tête, ça se défend : je m’énerverais sans doute beaucoup moins.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content