Promesse d’ailleurs

Fanny Bouvry, rédactrice en chef adjointe © KAREL DUERINCKX

En plein désert australien, émerge un monolithe de grès rougeoyant, l’Ayers Rock. Aussi appelé Uluru, il est avec le temps devenu l’un des symboles touristiques du pays des kangourous. A son point culminant, on verrait à 150 km à la ronde. Mais ce mastodonte minéral est un site sacré pour les Aborigènes, qui possèdent cette terre. Pour eux, le gravir relève de la profanation. Après avoir tenté de conscientiser pendant des décennies les visiteurs à leurs croyances, en vain, les locaux ont finalement obtenu gain de cause. Il y a juste un an, le Conseil du Parc national où se situe le mont interdisait son ascension. Mais c’était sans compter sur Google Street View. La plate-forme proposait en effet en ligne des vues du sommet. Un e-sacrilège qui a pris fin il y a quelques jours, le géant du Net ayant accepté de nettoyer la Toile des derniers vestiges de cet acte irrespectueux. Seuls des clichés des chemins d’accès y persistent. Une anecdote du bout du monde qui vient encore nous convaincre que, aussi dépaysantes que soient les visites virtuelles que nous pouvons faire, et qui nous offrent un petit peu de l’horizon qui nous manque ces temps-ci (voir l’impressionnante balade 2.0 dans le parc Yosemite, aux USA), la réalité, c’est autre chose. Des hommes, des histoires, des traditions, des raisons et des sentiments… Alors que nous sommes réduits à circuler dans un mouchoir de poche, voire à rester chez nous, gardons en tête toute la richesse de notre globe et continuons à rêver de le parcourir, toujours plus respectueusement. Pour y croiser des gens et y vivre des expériences, et pas seulement pour en voler quelques photos interdites. Promis, on reprendra bientôt la route.

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