Retrouvailles

Mathieu Nguyen, journaliste

Même si le parcours design, qui se tient chaque année en parallèle, a bien eu lieu, le célèbre Salon du meuble de Milan a, lui, encore une fois gardé ses portes closes. Lueur d’espoir dans la grisaille, ses organisateurs ont annoncé qu’il s’agissait cette fois d’un report et non d’une annulation, et nous fixent rendez-vous début septembre, pour l’inauguration de cette 60e édition. Malgré la bonne nouvelle, ce second ajournement reste un coup dur pour le petit monde de la création de mobilier, privé pour une deuxième année du formidable élan italien, du Bar Basso et de ses Negroni. Orpheline des démonstrations spectaculaires de sa semaine infernale, l’industrie du design n’a pas fini d’en baver, au contraire de celle de la décoration, parvenue à tirer parti du rebattage de cartes occasionné par la pandémie. Plus accessible, plus abordable, substituable et facile à livrer, la déco a bénéficié d’une agilité dont le mobilier ne peut que rêver. Pour le meilleur et pour le pire, elle a servi d’exutoire à une partie de nos contemporains, coincés entre quatre murs.

Et si le chemin reste encore long avant la libération, des signaux encourageants commencent à émerger des actualités, ce qui signifie concrètement que l’on va à nouveau pouvoir convier des amis à la maison, et enfin accepter l’invitation à dîner des Johnson. Au-delà du plaisir de recevoir et du quality time en bonne compagnie, cela veut dire que l’on s’apprête à redécouvrir nos intérieurs respectifs ; l’occasion de montrer à son entourage tout ce qu’on aura réarrangé, accumulé ou mariekondé. On l’aurait presque oublié, mais le retour dans le vrai monde, c’est aussi le retour du monde chez nous, alors à tous ceux qui trépignent de dévoiler leur cocon douillet de confinés, transformé en temple du bon goût et de l’hospitalité, on a envie de dire: la quille approche, soyez prêts!

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