Seul au monde

© Grace Helmer

La morale réprouve sévèrement les plaisirs solitaires. Heureusement, certains restaurants ont tout prévu pour assumer cette mono-attitude au grand jour.

Bistro Madame

Le bistrot, une histoire de mecs ? Pas ici. Venue de Marseille, Marion Chateau végétalise le genre dans un décor basique, entre murs vert bouteille, mobilier en bois et joli comptoir en terrazzo. L’ardoise ? Elle est soumise à la règle de 3 (autant d’entrées, de plats et de desserts). On se chauffe avec une poêlée de palourdes (8 euros) généreuses en ail et tomates cerises. Le reste suit cette pente de légèreté, très loin de la cuisine des mâles alpha : burrata aux olives séchées (11 euros), filet de boeuf à la sauge (25 euros), risotto frais, coulis de tomates crues et herbes fraîches (16 euros). Belle sélection de flacons nature qui fait la nique aux vins des pères (excellent Spontané Rosé à 38 euros).

41, rue Veydt, à 1050 Bruxelles. Tél. : 02 259 26 27.

Kitchen 151

Dans un décor d’ancien commerce, les plats se partagent sans compter (enfin comptez quand même 30 euros le couvert). De gros dés de pastèque juteux mêlent leur tendre saveur sucrée à la feta, aux olives, au persil plat et aux lamelles d’oignons rouges. Le tzatziki, lui, réinvente ses contours à la poudre de sumac. Le calamar se dore la pilule à la plancha. Sans oublier une chakchouka boostée aux Kalamata et aux tomates cerises. Ail, citron, épices… une vraie fête ! Cette enseigne convoque tout le bassin méditerranéen dans l’assiette, du Portugal à la Grèce, en passant par Israël. Courte mais pertinente sélection de vins.

145, chaussée de Wavre, à 1050 Bruxelles. Tél. : 02 512 49 29. www.kitchen.onefiveone.be

Knees to chin

Attention, succès populaire. En revisitant le rouleau de printemps, Knees to Chin est devenu l’une des enseignes préférées des Bruxellois(es). Ce concept homemade, signé Roxane Gernaert, déroule trois petites cantines dans la capitale (Bailli, Centre, Saint-Gilles), toutes signalées par un imposant néon. Elles s’ouvrent sur un comptoir au-dessus duquel un tableau vert reprend le menu du jour. Sous un jardin de plantes grasses suspendues, on déguste le  » Today’s Special « , un duo fourré – canard, avocat, omelette… – ultrafrais et full saveurs. Proposée avec un  » side dish « , la formule comprenant deux rouleaux revient à… 10,50 euros. Il faut ajouter à cela un thermos de thé jasmin déposé gracieusement sur la table.

125, rue de Livourne, à 1000 Bruxelles. Tél. : 02 644 18 11. 28, rue de Flandre, à 1000 Bruxelles. Tél. : 02 503 18 31. Et 148, chaussée d’Alsemberg, à 1060 Bruxelles. Tél. : 02 732 20 56. www.kneestochin.com (pas de réservation).

Tontons

Le bonheur en toute simplicité ? Il passe par ces Tontons à l’addition tout sauf flingueuse (environ 25 euros le couvert). L’esprit est celui d’un resto de quartier au comptoir en marbre et aux colonnes cuivrées. A son bord ? Les délaissés du bottin gastro : spaghetti bolognaise, pâtes fromage-jambon et autres coquillettes… Autant de préparations non nées qui reçoivent enfin les honneurs qu’elles méritent grâce à de vrais bons produits frais : comté inespéré, jambon ventru, sauce tomate de grande vivacité (rien à voir avec l’habituelle fange acide), truffe râpée… Sans oublier une agréable planche apéro d’auteur – Hoeve Cuvry à Dworp – et des vins plutôt délurés pour l’endroit (Ostertag, Villemade, Chidaine…)

69, rue du Doyenné, à 1180 Bruxelles. Tél. : 02 217 03 61. www.tontons.be

L’O à la bouche

Une vaste demeure comme les grands bourgeois d’autrefois pouvaient s’en construire. Tel est le décor cossu de l’O à la bouche, qui n’est pas sans rappeler certains films de Claude Chabrol. La solitude ? Elle n’existe plus grâce au menu Bib Gourmand qui réjouit le coeur pour 37 euros. La seule épreuve consiste à trancher les choix cornéliens signés Olivier Vanden Branden. Risotto ou escalope de foie gras ? Daurade ou cochon ibérique ? Fromage (+ 3 euros) ou dessert ? Pour décider détendu, on s’en remet à la sélection éclairée des vins (Maratray-Dubreuil, Lapierre, Alliet…)

1, rue Armand De Waseige, à 5100 Wépion. Tél. : 081 58 34 83. www.restaurantloalabouche.be

La Manufacture urbaine

Avec La Manufacture Urbaine, Charleroi vend du rêve. Imaginez une  » plate-forme engagée dans la production et la valorisation d’une alimentation de qualité  » qui fait du pain, de la bière et torréfie son café. Sur place, dans un décor de cuves et de bois, on se régale des différents  » briquets  » (saumon cru, comme un vol-au-vent…), soit des casse-croûte typiques du Pays noir s’affichant aux alentours de 14 euros. Le coup de génie ? Proposer une bière de table brassée sur place, La Wallonne (2,50 euros), qui réussit le miracle de concilier goût  » giroflé « , franche amertume et faible pourcentage d’alcool (3,5%).

La Manufacture Urbaine, 2, rue de Brabant, à 6000 Charleroi. Tél. : 071 30 60 13. www.manufacture-urbaine.com

Maccheroni

L’homme qui a inventé le comptoir devrait être canonisé : c’est un remède efficace contre la solitude. Face aux chefs ou aux garçons qui officient, on retrouve sa dignité, exonéré que l’on est de siroter sa solitude à côté de ceux qui sont accompagnés. Trattoria qui agite Liège depuis six ans, Maccheroni fait place à un très beau comptoir en bois. La carte est courte et en prise avec les saisons. On y déniche par exemple de mémorables maccheroni à la Gricia, soit des macaronis dans un esprit d' » amatriciana blanche « , un vrai plat de berger mélangeant joue de porc (guanciale) et pecorino. Bien vu, un Altro Maccheroni, parfait pour l’aperitivo, s’est ouvert, qui vaut tout autant le détour.

Seul au monde
© Grace Helmer

95, En Feronstrée, à 4000 Liège. Tél. : 04 223 63 00. Et 5, rue Saint-Paul, à 4000 Liège. Tél. : 04 222 91 99. http://maccheroni.be

Saka 20

Si, pour vous, le vin est un produit vivant qui doit s’expérimenter autrement qu’à travers un rituel au formol, vous allez serrer cette adresse dans vos bras. Saka 20 est bien plus qu’un bar à vins, il s’agit d’un dispositif que n’aurait pas renié le réalisateur Jean Eustache. Au centre de celui-ci, Philippe Genion, MC marchiennois et auteur prolifique – réputé pour son Encyclopédie du Baraki – qui a dédié sa vie et sa maison au raisin et à la bonne bouffe. On s’installe face à lui et cet ex-as de la pyrotechnie vous en fait péter de toutes les couleurs : Ichigo de Ludovic Chanson, chinon de Nicolas Grosbois, grenache australienne du Derelict Vineyard, mais également des tapas à foison façon sardines José Peña, croquettes variées, charcuteries ibériques, ventrèche… Le vin est une fête.

66, rue de la Chapelle, à 6030 Marchienne-au-Pont. Tél. : 0475 25 91 59. www.saka20. com

Noordoever

Faites fi de vos préjugés concernant les restaurants à buffets. Noordoever prouve que le genre a encore de beaux jours devant lui. Ici, pas de plats desséchés chauffant pendant des heures mais des préparations ultrafraîches qui changent continuellement. Tout est végétarien et un large choix est dédié aux végans. Les plats sont légers et sains. Ainsi du tofu vert, des pâtes d’algues à la mangue fraîche ou des rouleaux de printemps au chou et quinoa. Une fois l’assiette remplie, celle-ci est pesée au comptoir et son prix varie en fonction (0,031 euro par gramme). Votre compte reste ouvert en cas de second passage. Une belle adresse, animée qui plus est.

17, Vaartkom, à 3000 Louvain. Tél. : 016 29 04 70. www.noordoever.be

Paulette

Après avoir lancé le restaurant J.E.F avec Jason Blanckaert, Famke Dequidt a créé son propre établissement l’an dernier, baptisé Paulette. On y trouve des assiettes réconfortantes accompagnées du slogan  » simple mais délicieux « . A la carte, des mets conviviaux comme ce plat signature de la patronne : les roulades de chicons au jambon servies avec de la purée. Les grands classiques tels que les pots-au-feu, spaghettis ou lasagnes font la part belle aux chou-fleur, curry vert, riz cuit, topinambours, fromage de chèvre frais et croustillants au romarin. De quoi contenter tout le monde. A noter que les préparations peuvent aussi être emportées (plat du jour à 14-15 euros). Ce qui permet de ne pas avoir à plier les jambes sous les petites tables lorsque l’on mange sur place.

2, Goudstraat, à 9000 Gand. Tél. : 09 335 33 55.

Silo’s

 » Malterie de Boortmeerbeek  » est toujours inscrit en grand sur la façade du bâtiment. Mais l’époque où le grain dormait ici est révolue. Place à une brasserie en vogue, où les classiques tels que le vol-au-vent, les croquettes aux crevettes et le steak-frites retrouvent leur splendeur d’antan. A leurs côtés, se pressent quelques plats plus créatifs et de belles suggestions végétariennes, comme les gnocchis aux asperges vertes, au basilic et au fromage de chèvre. L’ambiance y est tout aussi agréable que la cuisine, l’intérieur combinant déco contemporaine et industrielle. Vaste et avisé choix de vins au verre.

350, Leuvensesteenweg, à 3190 Boortmeerbeek. Tél. : 015 51 11 11. www.silos.be

Tapta

Avec Milan Steyvers, Magalie Verbaet tient les rênes du Tapta, adresse où l’on lunche entouré d’oeuvres d’art d’après-guerre issues du Maurice Verbaet Art Center, une galerie installée dans l’ancien bâtiment de la compagnie des eaux anversoises. Le menu, ici, est très flexible. On peut y commander à la fois une part de tarte et un café, un sandwich ou quelques en-cas arrosés d’un verre de vin nature. Mais les gourmets peuvent aussi opter pour le classique entrée-plat-dessert. La haute salle à manger blanche, qui permet de fuir l’agitation de la ville, court tout le long de la galerie. La chef surprend avec ses savantes combinaisons, à l’instar de ce poisson tantôt accompagné de beurre de lavande, de jeunes betteraves et de cerises, tantôt marié à un sabayon de kriek ou bacon sauce citron, cacahuètes, épinards et champignons shiitake.

64a, Mechelsesteenweg, à 2018 Anvers. Tél. : 03 369 37 35. http://tapta.be

Tête pressée

Pieter Lonneville a fait ses armes auprès du chef Sergio Herman, n’aspirant pas forcément à ouvrir son propre restaurant. La vie de famille d’abord. Puis, revirement de situation : avec son épouse Lien, il imagine une boucherie à l’ancienne, en périphérie de Bruges, qui regroupe un service traiteur et une cantine, en combinant le meilleur des deux mondes. On peut donc emporter les plats ou s’installer à la longue table pour les déguster, la carte variant en fonction du marché. La formule du midi étant un véritable succès, elle s’est dernièrement élargie au jeudi et au vendredi soir.

100, Koningin Astridlaan, à 8200 Sint-Michiels (Bruges). Tél. : 0470 21 26 27. www.tetepressee.be

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