Son excellence Hubert de Givenchy

Ensemble du soir - robe en satin et manteau en cachemire et zibeline, Hubert de Givenchy, hiver 91. © © Skrebneski photography

Ce jour-là, le 3 février 1952, un jeune homme tiré à quatre épingles fait ses premiers pas de créateur au numéro 8 de la rue Alfred-de-Vigny à Paris, dans un hôtel particulier baptisé La Cathédrale, où il a loué quelques pièces, histoire d’y installer son atelier et son salon de présentation. Il est né Hubert James Taffin de Givenchy, a 25 ans dans deux semaines et ouvre son défilé avec Bettina Graziani, mannequin vedette que tous s’arrachent et qui a décidé de le suivre dans l’aventure puisqu’elle s’occupe également de ses relations publiques. Pour l’heure, elle porte un ensemble de jour composé d’une blouse blanche en shirting,  » tissu ravissant mais peu coûteux « , à manches volantées et broderie anglaise noire, d’une jupe en lin couleur tabac et d’un chapeau de paille, l’allure est piquante, singulière et novatrice. A l’image de sa maison, rien à voir avec celles qui font les beaux jours de la haute couture classique, il avait plutôt rêvé d' » une grande boutique, où les femmes pourraient s’habiller avec imagination et simplicité « . La presse est enthousiaste, c’est novateur et iconoclaste, Hubert de Givenchy snobe les codes du genre, si rigides, et fait la part belle au confort, aux imprimés et broderies ludiques, aux matières plus modestes, aux accessoires décalés et à un certain esprit sportswear venu des Etats-Unis, sans jamais sacrifier l’élégance qui lui colle au corps. Il sait ce qui plaît aux femmes, et ce qui leur va, il a dirigé la boutique d’Elsa Schiaparelli pendant quatre ans, il n’a pas encore rencontré Audrey Hepburn et Cristobal Balenciaga, écrire sa muse et son maître serait à ce point réducteur que cela en deviendrait presque grossier. Soixante ans plus tard, l’homme s’expose à la Cité de la mode et de la dentelle à Calais en une rétrospective dont il a tenu à être le directeur artistique. Les 80 tenues et accessoires qui furent portés par Audrey Hepburn dans la vraie vie ou sur grand écran, par la Duchesse de Windsor, la marquise de Llanzol ou Jacqueline Kennedy disent l’histoire de ses amitiés fondatrices, de son admiration pour Balenciaga et de son goût pour les oeuvres de Nicolas de Staël, Matisse ou Rothko. Révérence.

Hubert de Givenchy, Cité de la dentelle et de la mode, 135, quai du Commerce, à 62100 Calais. Du 15 juin au 31 décembre prochain. www.cite-dentelle.fr

Anne-Françoise Moyson

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content