Ester Manas, créatrice de mode: « Je suis en amour absolu avec ce que je fais »
Ester Manas vient de recevoir ce 29 juin, le Prix Spécial de l’Andam, récompense hautement honorifique. La cheffe de file de l’empouvoirement des corps, signe depuis 2019 avec Balthazar Delepierre des créations à son nom. Entre une capsule pour Ganni – dix pièces joliment estivales jusqu’à la taille 50 – et cette nomination à l’Andam qui est déjà en elle-même une belle consécration, Ester Manas répond à notre interview sur le vif.
La question qu’on vous pose le plus souvent?
Eternellement, «Tu es encore en train de bosser?» Oui, je bosse très tard, sans limites mais passionnément. Je patronne, je modélise, j’assemble, j’ajuste et je finalise, je suis control freak absolument, maladivement.
Le sport que vous pratiquez en pensée?
Dans une autre vie, j’aurais rêvé d’être danseuse pole dance. Cela a l’air si simple alors que cela demande tellement de discipline… Et j’aime la beauté du résultat, c’est le parfait résumé de la persévérance, tout en étant exaltant et glamour. Je trouve que c’est un beau parallèle avec notre job et ce qu’on fait: cela parle de corps, de sensualité, de se connaître et de s’aimer, de donner envie aux autres de faire la même chose.
L’endroit dont vous n’êtes jamais revenue?
Le Festival d’Hyères en 2018. C’était notre première expérience dans le monde de la mode et le début de notre histoire. Et c’est aussi l’une des expériences humaines les plus enrichissantes de notre vie/carrière. Je ne pense pas que, à part notre premier show à Paris, quelque chose a déjà égalé cela en termes de joie. Et puis la Villa Noailles est un endroit merveilleux. L’air marin y est grisant, la proposition artistique globale et la bouffe, dingue. C’était comme une colonie de vacances pour adultes créatifs où pendant deux semaines, tu bois du rosé en cubi et tu manges italien en bâtissant ta future carrière.
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La personne qui vous influence le plus?
Balthazar, parce que c’est ma moitié au quotidien, dans le boulot comme dans la vie. A la vie à la mort, à la vie à l’amour. On est une espèce de tandem, j’ai appris à rouler avec lui. On forme une équipe et c’est la seule personne à qui j’accorde un réel crédit sur n’importe quel sujet.
Le plat qui vous ramène enfance?
Le foie de veau de ma grand-mère. C’est le symbole de la comfort food. Mais c’est compliqué de dire ça dans un magazine. On parle quand même d’abats… Je sais que cela n’a aucun sens mais quand je m’en fais, je me sens chez moi.
La chose la plus folle que vous ayez faite?
Faire une marque de mode. Parce que c’est vraiment comme faire un enfant quand tu n’es pas prête à être maman: cela te bouffe du temps, de l’argent, ta santé… Tu deviens anxieuse de tout et à la fois tu es en amour absolu avec ce que tu fais, c’est donc impossible de renoncer, c’est un paradoxe fou.
Un métier que vous auriez pu exercer?
Cheffe cuisinière ou infirmière. Car dans l’un comme dans l’autre, on se donne à l’autre entièrement pour qu’il aille bien. Ce sont des boulots généreux.
Ce qui vous saoule vraiment?
La tequila, les gens aux ongles sales, le prix actuel du beurre et de l’huile d’olive, les défaitistes.
Un mot pour vous décrire?
Exubérante. Entière. Solaire, aurait dit Balthazar.
Votre achat le plus bizarre?
Des crevettes vivantes comme animaux de compagnie, dans un aquarium d’eau douce. Elles mesurent 2 cm et sont majestueuses sur leur rocher. J’en ai eu 80, elles se reproduisaient à une vitesse folle, c’était fascinant.
Une idée concrète pour un monde meilleur?
Aimer les gros. Ou au moins les respecter. Que le poids ne soit plus une unité de mesure
Ce que vous aimeriez faire, là, tout de suite?
Prendre un bain de pieds. Manger des moules au bord de l’océan. Pêcher des palourdes.
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